Débat
Par Jean Indigène (ci-devant Jean Antiquaire)
(Pour continuer le dialogue avec Rachelle Charlier Doucet)
Soumis à AlterPresse
En préliminaire. Mise en Garde. Que le lecteur se tienne bien sur ses gardes, sinon il risque de consentir sans consentir au fond avec RCD. Tant sa plume est enjouée et sa prose épouse les contours d’une spirale à envoûter. Pour crédule qu’il soit, le lecteur gagnera à ne pas nous prendre au mot. Qu’il lise ou relise plutôt cet extrait de son texte du 7 août 2011 (Haiti-R. Dominicaine : Chacun voit midi de sa porte) en réaction a nos commentaires (http://www.alterpresse.org/spip.php?article11313) au sujet de son article antérieur (http://www.alterpresse.org/spip.php?article11280).
Oui, venez chanter avec moi les plus beaux areytos sous la houlette de la grande Anacaona, et offrir humblement des sacrifices à nos zemis. Peut-être que les âmes apaisées de nos premiers ancêtres nous confieraient alors qu’ils ont lu le fond du cœur de l’Amiral et qu’ils lui ont pardonné d’avoir été celui par qui le génocide est arrivé. Qui sait… Victimes et bourreaux enfin réconciliés dans l’au-delà, sont peut-être en train de déguster ensemble des abricots et de fumer le calumet de la paix, tandis que nous, habitants de cette terre écartelée, nous nous débattons toujours avec la gageure d’harmoniser les contradictions du passé et de transcender les drames de notre héritage historique.
Qui dira que cette prose ne chatouille yeux et oreilles, amenant l‘esprit aux portes mêmes de la somnolence ? Dommage qu’on ne connaisse à l’auteure des œuvres romanesques, peut être du genre historique. On s’y délecterait bien, en vérité.
Si nous faisons cependant l’effort de rester dans le mode éveil, voici ce qui nous est révélé.
En liminaire. Nous acceptons et assimilons volontiers l´éclairage apporté quant à notre mésinterprétation (partielle) de la proposition de RCD. En effet, c’est par mégarde que nous lui avons attribué la prémisse dont nous avons célébré l’excellence, la prémisse conviant à chercher un symbole mutuel dans le passé indigène de l’Ile comme label des initiatives bilatérales.
Cela dit, nous sommes peu séduit par le titre des réactions en clef nietzschéenne [1] de RCD : Chacun voit midi de sa porte. Même en en saisissant le sens, le titre tend à provoquer un léger froncement de sourcils parce qu’il suggère une certaine irréductibilité alors que le dialogue nécessite un minimum d’intersubjectivité. Indispensable pour arriver à des accords et désaccords éclairés. Sans ce minimum, il n’y aurait qu’à crier aux armes et se barricader chacun derrière sa position, sa tranchée. Nous serions donc plutôt d’avis que ce n’est pas tant midi que chacun voit de sa porte sinon le sens accordé a ce qu’il voit, et au-delà du sens, la signification.
RCD enfonce cependant le clou en écrivant : “Mais évidemment, il s’agit de perspective toute personnelle. Car il va des symboles comme des œuvres d’art. Leur force évocatrice, celle qui fait vibrer les cordes sensibles, varie d’un individu à l’autre.” Nous éprouvons une grande difficulté à saisir le bien fondé de la comparaison avec les œuvres d’art, car au plan ou se déroule le débat il est question de symboles collectifs, symboles a travers lesquels une collectivité choisit ou ne choisit pas de se mirer. Dans ce contexte, la comparaison avec l’individualisme artistique est forcée, forcée au point qu’elle s’assimilerait de peu à une anti comparaison.
De même, dans la mesure où celle-ci n’est jamais neutre, notre dissentiment reste entier quant au recours à la présomptueuse littérature scientifique pour fonder en partie l‘option Hispaniola. Les choix et préférences terminologiques sont tout entiers situés dans, pratiquement toujours informés de, et souvent inspirés jusqu’au biais par, l’environnement, l’état et le mode des relations sociales au plan national et global. Par conséquent, il convient de les considérer comme ni plus ni moins que des pièces entre d’autres, souvent choisies à bon escient, de la machinerie générale mise en place. Les termes utilisés jouent une si importante fonction de conditionnement, voire dans certains d’aveuglement, qu’il faut toujours faire montre de vigilance. Ils peuvent faciliter l’apathie ou l’action chaotique puisque l’action efficace ne peut dériver que d’une lecture ajustée a la réalité non pas uniquement en surface mais surtout dans ses soubassements. Cette science-là, si prompte à la partisannerie et aux vices de départ, n´offre aucune garantie pour qu’on en vienne à sacrifier sans garde-fou sur son autel.
In profundo. Considérations complémentaires à l’appui de notre désaccord relatif au label Hispaniola. En premier lieu, il est approprié de réitérer tout de suite que nous partageons sans réserve l’objectif poursuivi par RCD, défini en termes de réappropriation et de projection vers le futur, comme “une tentative de réappropriation de la force évocatrice des mots pour redonner du sens à notre réalité insulaire”. Totale communauté d’objectif qui cependant s’accompagne d’une profonde divergence quant a l’artifice symbolique le plus convenable ou acceptable, le plus pertinent. Hispaniola, résultat d’un viol multifacétique brutal, doublement génocidaire, est indigeste, imprésentable, à tout jamais répugnante, puisqu’il faut tenter de qualifier l’inqualifiable. Si tant est, qu’il est douteux que ceux-là mêmes qui se trouvent dans la lignée de celui qui l’a directement engendrée et portée sur les fonds baptismaux soient aujourd’hui majoritairement disposés à la revendiquer.
Et pour emprunter un principe biblique de haute portée, disons que de la même source ne peut jaillir à la fois de l’eau souillée et de l’eau propre. A cet égard, remarquez que quand Jehova décide d’utiliser certains individus connus pour certains traits de caractère aux fins de leur faire porter un autre message, construire avec eux un autre projet, il prend le soin de le signaler par un changement de nom (Abram/Abraham, Jacob/Israel, Simon/Pierre, Saul/Paul...). Dans cette perspective, Hispaniola ne peut symboliser que ce qu’elle fut en réalité : un lieu exécrable et infernal.
“Je me suis laissée séduire par Christophe Colomb lui-même ! Eh oui, l’Amiral de la Mer Océane a su me faire rêver par l’image idyllique qu’il nous renvoie de notre île.” D’accord, mais l’ile que Colomb décrit n’est pas Hispaniola mais Haïti-Boyo-Quisqueya. Hispaniola c’est la chose hideuse que Colomb en a fait par la pratique à l’extrême de l’anti-politique du tout est permis, en commençant par la brutalité de la violence sexuelle. En ce sens, la description faite par Colomb constitue son propre acte d’accusation, l’aveu librement et spontanément fait de son crime répulsif à toute conscience humaine.
Hispaniola, petite Espagne, renvoie à l’une de ces idées assimilées, parfois inconsciemment, lesquelles tendent à nous manipuler, nous programmer et nous conduire subtilement à croire que pour exister nous devons nous voir à travers les yeux de l’autre (suivez mon regard), révérés comme référence ou canon ; que nous sommes si l’autre nous applaudit. Ainsi, nos cheveux doivent singer ceux de l’autre pour être des cheveux ; ainsi l’artiste (le créateur) n’est pour de bon célébré localement qu’à partir du moment où il a été applaudi à l’extérieur ; ainsi la production nationale est méprisée même quand elle serait meilleure pour un article déterminé.
A l´évidence, nous sommes un produit, l’hybridation résultant de réalités coloniales. Mais ce n’est pas tout. Cette hibridation porte aussi la marque de réalités précoloniales. A nous de choisir lesquelles prioriser au plan de la symbolisation. Pour notre part, il ne fait l’objet d’aucun doute que celles-là irradient un symbolisme tout à fait deshumanisant tandis que de celles-ci se dégage un symbolisme humanisant et de nature à tisser entre nous des liens marqués de plus de dignité et de solidarité.
Nous disons donc notre refus d’assumer cette hybridation en priorisant le miasme colonial violent qui préside à sa génération. Préférer plutôt sur le plan symbolique les éléments référentiels compatibles avec la vie, la dignité humaine nous attire davantage. Ce n’est que situé à ce point d’observation axial qu’il devient possible de développer un dialogue adulte avec le générateur de ce miasme, sans rancoeur ni amertume mais avec mémoire et vigilance. Sinon, tout ne serait que de misérables envolées sonores, assourdissant de leur propre vacuité !
Nous ne pouvons non plus établir des relations viables entre nous à partir de la conscience que le Système dans ses diverses expressions nous a inculquées de nous-mêmes. Nous pouvons utiliser les instruments qui en font la force seulement si nous sommes bien soudés à des symboles pertinents, à tout ce que nous pouvons invoquer comme makfabrik de la dignité humaine.
Il est vrai que RCD parle de réconciliation probable des protagonistes dans le monde où ils se trouvent maintenant. Si possibilité de réconciliation il y a dans cet ailleurs cependant, c’est à coup sûr indépendamment de leur volonté, se produisant comme un fait de nature de cet ailleurs-là. La nôtre, il faut la construire, et la construire avec des matériaux qui ne nous obligent pas à nous retourner le visage tant ils sont maculés, imbibés, constitués de notre propre sang. Hispaniola est à l’antipode de ce genre de matériaux.
En deuxième lieu, l’option Bohio. Pourquoi elle est préférable, même en pis-aller. A ce que nous avons avancé à l’appui de cette option dans nos premiers commentaires, ajoutons, d’abord, que Bohio comme symbole permettrait de trouver un mécanisme ou un axe de médiatisation par lequel vivre et assumer de manière créatrice l’héritage colonial imposé par la violence. On pourrait le visualiser en tant qu’un filtre qui aiderait à percevoir et transformer cet héritage avec des yeux éclairés d’une lumière plus nôtre, en tout cas plus humaine. De toute façon, le prétendu univers mécanique, stylisé, éthéré, digitalisé, mercantilisé, unidimensionnel, scientifique ! dans lequel le romantisme est mis hors-la-loi ne reflète que de manière très limitée la réalité qui nous concerne. Parce que ce n’est pas un univers humain, univers par nature complexe, pluridimensionnel. Il nous laisse donc indifférent. Si nous ne regardons pas Hispaniola avec les yeux de Bohio, nous serons comme frappés de cécité, cécité évidemment fonctionnelle au Système. Si le romantisme importe si peu, alors, faisons la leçon à l’Empereur et rebaptisons Haiti, Saint-Domingue !
Ensuite, RCD exige la preuve, « sans l’ombre d’un doute « , que l’Ile s’appelait vraiment Bohio. Alors on exigera á l’historien de prouver que réellement un boulet avait terrassé le cheval de Capois et un autre son chapeau, que malgré tout il s’est levé pour continuer de lancer les troupes sous son ordre a l’assaut ? On peut nous l’exiger, puisqu’on nous l’exige, mais nous ne nous y obligerons pas et nous ne nous considérerons jamais obligé. Pareil technicisme historiographique se justifie difficilement dans ce contexte. Parce qu’il n’est pas nécessaire que le récit concernant Capois (comme d’ailleurs d’autres récits contés sous d’autres cieux) soit prouvé au-delà de tout doute pour qu’il atteigne son objectif qui est de transmettre a la postérité le témoignage de la bravoure dont ce soldat a fait montre dans des circonstances extrêmes et le projeter comme modèle galvanisant pour le présent et pour l’avenir. Voila analogiquement le sens dans lequel il convient de saisir et interpréter la référence à Bohio. Signifier et transmettre un message de refus de nous regarder à travers les yeux du violateur de tous les droits humains, du génocidaire autoproclamé en définisseur du vrai, du beau et du bon.
Nous ne serons donc guère si tatillon quant à la preuve de l’usage réel de Bohio pour désigner toute l’Ile. Il suffit qu’il y ait des signes qui le suggèrent. Il nous suffit de le croire sur le plan psychosocial. Et même sans le croire nécessairement, que l’usage en soit possible à ce niveau. L’objectif n’est pas la vérification mais le recours à une image efficace symboliquement et opérationnellement. Hispaniola ne saurait jouer ce rôle. Elle crache du feu et du sang. Elle ne saurait jamais être comptée parmi ceux que RCD appelle « d’autres moments plus solidaires et fondateurs pour nos peuples ». S’il est vrai qu’il y en ait d’autres, parlons-en. Mais de grâce, laissons Hispaniola se vautrer dans son hideuse mer de feu et de sang humain. Même ouvert au doute, le témoignage de Colomb suivant lequel les Tainos appelaient leur Ile Bohio est éloquent. La vraisemblance suffit amplement. Plus que jamais donc : Haïti-Bohio-Quisqueya.
De plus. De plus, ce qui permet au fils d’un violateur de surmonter les pensées de suicide, tout au moins de dépression qui peuvent parfois l’assaillir, c’est l’intime conviction de l’éminente dignité de la personne humaine, de sa mère spécialement, le chérissement profond (romantique !) de la force souffrante dont elle a du faire preuve pour le porter en son sein neuf longs mois durant, en dépit d’un fait massif et potentiellement dégradant qu’elle n’a pu se leurrer de vouloir ni pouvoir oublier ou ignorer. En d’autres termes, ce fils ne peut changer de père mais ce n’est qu’en vivant cette filiation dans une relation de solidarité vivante avec sa mère qu’il construit, fortifie et préserve sa propre dignité. D’ailleurs, c’est peut-être la meilleure façon pour lui d’entretenir des relations saines avec son misérable père. C’est en se faisant propre l’horrible l’humiliation, la souffrance indicible de sa mère dans l’acte de violation ; c’est en communiant avec elle au triple niveau charnel, émotionnel, mental-spirituel que le fils peut établir des relations un tant soit peu adultes, saines avec son père violateur. Sinon, il se repaitrait inconscient de la chair de sa mere, lui infligeant a son tour viol et mépris. En pauvre fils incestueux, dénaturé !
Au demeurant, il ne s’agit nullement de romantisme. Il est question de symbolisme. Tout un abime sépare les deux concepts. Le romantisme est exercice de composition en liberté de déconnection artificielle ou structurelle avec la réalité. Le symbolisme est mode d’accès à la vie et émanation de la vie. Le symbolisme est définitionnel. Le symbolisme est ÊTRE. Il définit les contours de l’être profond et lui donne authenticité. Pour faire un peu actuel, disons que le symbole s’apparenterait à l’usage qui est fait du concept de paradigme dans son acception de lentille ; le symbole est forme d’enracinement nourricière de la résilience de l’être humain et de la société dont il est a la fois le facteur, l’auteur et le produit. Le symbole ce n’est pas seulement la réalité ; c’est une forme supérieure de la réalité, transcendantale presque de la réalité. En conséquence, transiger avec les symboles est un acte susceptible de ravaler au plus bas la dignité humaine, un acte qui porte la marque d’un voilement proprement innommable de la conscience patriotique.
La victime d’un viol doit être traitée afin que cet acte de pure brutalité ne se transforme en une expérience handicapante, mais il ne doit jamais être permis a cette brutalité de se muer en un simulacre d’inexistence sur l’autel de on ne sait quel réalisme ou utilitarisme. Tout au contraire, elle doit continuer à inspirer, à nourrir, à mobiliser afin de permettre à la victime de faire obstacle a sa réitération. En ce sens, le label Hispaniola consacrerait la banalisation du viol alors que le label Bohio en représenterait la conscience, un outil de lutte contre le viol et un instrument dynamique de reconquête de la virginité. C’est seulement sous cet angle que nous pouvons accompagner RCD dans l’exercice auquel elle convie, savoir, à :
“ferme[r] les yeux, retourne[r] 520 ans en arrière, et projete[r] vers le futur, une île reverdie, au climat enchanteur. Une île où l’homo haitianus, et l’homo dominicanus, réconciliés avec eux-mêmes et avec leur environnement, auront atteint l’équilibre écologique entre les plaines et piémonts irrigués et cultivés, et les sommets couverts de forêts et de végétation variée. Comme était notre île au moment du « contact », comme elle peut le redevenir, demain”.
En dehors de ces conditions, nous rejetons fermement l’idyllisation colombienne de notre Ile suivie de sauvagerie innommable, à l’image de ces pauvres individus qui érigent des monuments romantiques verbaux ou littéraires à leur partenaire et n’éprouvent ensuite la moindre gêne pou fè yo pase nan youn je zegwiy ak baton jiskaske trip yo tonbe atè. Trophée colombien ! Trophée de mystification, hier, aujourd’hui. De grâce, faites-nous en l’économie !
Ou n’est-ce pas l’un des leurs qui a dit de manière insurpassable : Timeo Danaos et dona ferentes ? Bien sûr. Et c’est encore l’un des leurs qui a laissé cette pièce tout aussi insurpassable et cependant insuffisamment méditée :
Le Corbeau et le Renard
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
"Hé ! bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois."
A ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : "Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute :
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. "
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
En somme, RCD mete nou nan youn chemen jennen. Elle nous invite à célébrer Vertières mais avec de l’argent emprunté a Napoléon. Invitation embarrassante (contre nature même, oserais-je dire) qui impose comme unique possibilité, l’impossibilité. Pour nous, il faut que la replongée conduise jusqu’au fond des fonds et ce n’est qu’avec les pieds bien posés en ce lieu ; ce n’est qu’à l’aide de la lumière qui en émane qu’il faut entreprendre et éclairer la remontée vers la surface (notre réalité actuelle) et la construction d’un avenir partagé. Voilà comment nous pouvons éviter l’automutilation, comme par exemple parler de contact (même entre guillemets) là où il n’y eut en réalité qu’irruption violente, sac et génocide.
Toute parole, tout discours, toute pensée sur les morts est parole, discours et pensée par les vivants et pour les vivants. En ce sens, le dicton les morts ont tort prend valeur de vérité. En d’autres termes, n’en déplaise à RCD, et en dépit de la magnifique image outre tombale suggérée par elle, la réconciliation entre espagnols et indigènes ne fut pas et ne sera pas, sauf qu’il s’agisse de conséquences naturelles d’une réalité transcendantale ou immatérielle indépendante de la volonté des uns et des autres. Quant au climat de paix, de tolérance et de solidarité dynamique qui doit exister entre les habitants de l’Ile, il nous appartient de le construire avec responsabilité sur des bases, avec des matériaux et avec des symboles qui nous honorent au triple plan historique du passé, du présent et du futur.
Oh ! infamie suprême de céder à Colomb le privilège de nommer notre Ile ! Ah ! oui, il a usurpé ce droit. Mais le reconnaitre ? le sceller ? le consacrer ?
[1] De Nietzche serait la double affirmation négative : “Il n’y a pas de faits, il n’y a que des interprétations”.