Demande d’élaboration d’un projet d’accueil impliquant acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux latino-américains… exprimée dans le « manifeste de défense des droits humains des migrants haïtiens au Brésil »
Soumis à AlterPresse le 18 janvier 2012
Par le Service jésuite aux réfugiés pour l’Amérique latine et les Caraïbes (SJR LAC)
Plusieurs réseaux d’organisations brésiliennes, latino-américaines et internationales d’appui en matière de migration et des groupes de recherche sur la migration, basés dans différentes universités brésiliennes, ont diffusé, au début de cette semaine, un manifeste public, dans lequel ils réclament la « défense des droits humains des migrants haïtiens au Brésil ».
Les institutions signataires du manifeste expriment leur préoccupation quant à la dure réalité que vivent des milliers de migrants haïtiens à la frontière Nord du Brésil et au traitement inadéquat donné par les médias brésiliens et internationaux à cette réalité.
Elles insistent sur la nécessité d’aborder la question de la migration des Haïtiens et celles d’autres nouveaux flux arrivant dans la région latino-américaine et au Brésil sous l’angle des droits humains.
L’objectif du « manifeste de défense des droits humains des migrants haïtiens au Brésil » consiste à fournir un ensemble de propositions au gouvernement et à la société brésiliens, en vue de travailler ensemble pour une orientation adéquate de la question et des politiques migratoires du pays.
Entre les onze (11) propositions du manifeste figure, en tout premier lieu, la nécessité d’informer, de manière adéquate, l’opinion publique sur l’ensemble des facteurs à l’origine de la migration haïtienne et d’inviter la société brésilienne, à travers des campagnes publiques, à se montrer solidaire avec les migrants haïtiens.
Ces actions de solidarité pourraient aller de la fourniture d’aide humanitaire à la couverture des besoins des migrants haïtiens en matière d’alimentation, emploi, logement, alimentation, aide psychologique, juridique, éducatif, etc.
Les professionnels des médias brésiliens sont également invités à éviter l’utilisation d’images ou de mots à caractère sensationnaliste, qui ne font que créer un climat alarmiste susceptible de criminaliser la migration haïtienne.
Il est demandé au gouvernement brésilien de surseoir à l’adoption de politiques migratoires de durcissement, qui interdisent ou limitent l’entrée des migrants haïtiens sur le sol brésilien et qui finissent par créer un climat favorable à la violence, à la prolifération d’activités illégales et mafieuses, et à l’exploitation des travailleurs.
Les institutions signataires recommandent au gouvernement brésilien de travailler de commun accord avec leurs homologues des pays sud-américains et avec différents acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux, en vue de planifier, de manière efficace, l’accueil et l’insertion des nouveaux migrants haïtiens dans différents états et villes sud-américains et brésiliens.
De même, le gouvernement brésilien est invité à collaborer avec son homologue haïtien et d’autres organismes internationaux, spécialisés dans le domaine de la migration, pour contrer l’action des trafiquants qui promeuvent des voyages irréguliers en promettant des avantages économiques et des opportunités de travail au Brésil dans le contexte de la préparation de la prochaine coupe du monde de football (Brésil, été 2014).
Le gouvernement brésilien devrait, selon les institutions signataires, élaborer, conjointement avec les pays de transit des migrants haïtiens (la Bolivie, le Pérou, l’Équateur, le Chili…), un projet d’accueil impliquant les différents acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux de manière à garantir une migration sûre.
Les autorités brésiliennes devraient adopter, face à Haïti, une politique extérieure, respectueuse du droit fondamental à l’autodétermination et la souveraineté du peuple haïtien, en reconnaissant sa capacité et en réclamant la restitution de la dette historique, sociale, écologique et financière envers ce pays.
Les institutions signataires rappellent qu’Haïti est le précurseur de la lutte contre l’esclavage et la colonisation dans toute la région latino-américaine.
Elles enjoignent de reconnaitre la créativité des artistes haïtiens et la capacité de ce peuple à s’auto-organiser, à résister à toutes sortes de catastrophes et, en même temps, à toujours montrer sa disposition à lutter, de manière permanente et solidaire, pour la construction d’alternatives face à l’injustice et à l’adversité.
Elles encouragent la réalisation de recherches et d’études, par des chercheurs universitaires spécialisés dans la migration, visant à connaitre les histoires de vie des migrants haïtiens, les réalités qu’ils vivent au cours du processus migratoire et à leur arrivée au Brésil, ainsi que leurs attentes, leur niveau de formation, leurs expériences et leurs possibilités réelles d’insertion dans des activités productives dans la société brésilienne.
Elles recommandent d’évaluer de manière permanente l’impact de l’immigration des Haïtiens dans ses rapports sociaux et communautaires avec le pays d’arrivée, de manière à créer des organismes ou instances qui puissent promouvoir des relations interculturelles harmonieuses, prévenir et lutter contre des actions à caractère xénophobique, sexiste, raciste, élitiste et contre toutes autres formes de discrimination négative et d’exploitation.
Finalement, elles souhaitent que, à partir du cas des flux migratoires haïtiens, le gouvernement brésilien révise le processus d’élaboration de politiques migratoires qui soient axées sur l’inclusion et contiennent des orientations destinées à aborder, de manière efficace, la croissance de la migration vers le Brésil sous l’angle des droits humains.
Elles soulignent la nécessité que des migrants, des organisations d’appui en matière de migration et des chercheurs universitaires, spécialisés dans le thème migratoire, fassent partie du processus d’intégration régionale, placé sous le leadership de Brésil en Amérique du Sud et dans le cadre d’autres initiatives au sein de l’Union des Nations Sud-Américaines (UNASUR) et de la Communauté des États Latino-Américains et Caraïbéens (CELAC).
Parmi les institutionssignataires, figurent ces groupes de recherche universitaires : Grupo de Estudios Migratórios da Amazônia, da Universidade Federal do Amazonas, Laboratório de Comunicação Social Aplicada do Programa de Pós-GraduaçãoemComunicação da Universidade Federal do Rio de Janeiro-RJ, Grupo de Pesquisa Mídia, Cultura e Cidadania do Programa de Pós-Graduação da Universidade do Vale do Rio dos Sinos – RS, Núcleo de Antropologia e Cidadania do Programa de Pós-GraduaçãoemAntropologia Social da Universidade Federal do Rio Grande do Sul.
Ont également signé le Manifeste plusieurs réseaux d’organisations de défense des droits humains, spécialement des migrants et des communautés afro-brésiliennes, tels que le Service Jésuite aux Réfugiés pour l’Amérique Latine et les Caraïbes (SJR LAC), Movimento Negro Unificado (MNU), Grito dos Excluídos Continental, ADITAL, Coordenadora do Grupo de Trabalho Migrações Internacionais da Associação Brasileira de Antropologia(ABA), ServicioEcuménico de Apoyo y Orientación a Migrantes y Refugiados (CAREF – Argentina).