Español English French Kwéyol

Lettre ouverte a l’ambassadeur de Cuba en Haiti

"Nous doutons fort que le régime castriste aussi prestigieux qu’il soit, se laisse entraîné par les dérives lavalassiennes."

Lettre ecrite par le MODEP

Soumis a AlterPresse le 3 mars 2003

Monsieur l’Ambassadeur,

Nous du MODEP (Mouvman Demokratik Popilè) sommes véritablement consternés de voir le degré de connivence et de complicité qui existe entre le Gouvernement cubain et le Gouvernement haïtien.

La Révolution cubaine a toujours été pour nous une source d’inspiration et un exemple vivant de lutte anti-impérialiste et de réussite d’un projet d’émancipation de la masse, ceci malgré les soubresauts économiques et diplomatiques.

De source généralement bien informée, nous avons appris d’une part, que des criminels notoires comme René Civil et Paul Raymond étaient récemment à Cuba dans le cadre d’un programme intensif de formation militaire mis en place en faveur de certains lavalassiens ; d’autre part, que beaucoup de voitures de luxe volées en Haïti par les sbires du régime sont acheminées à Cuba sous forme de ’’don de la République d’Haïti’’.

Nous comprenons mal que le régime castriste, symbole de fierté des peuples de la Caraïbe et même de toute l’Amérique latine, soit de près ou de loin responsable du maintien au pouvoir d’un régime en Haïti qui fait la promotion de la corruption à grande échelle (2e pays mondial), qui utilise constamment la violence face à l’expression des droits les plus élémentaires de la population de s’organiser, de se réunir et de manifester, qui se sert de l’argent des contribuables pour entretenir un réseau de lobbies (4e pays mondial) et qui, depuis quatorze ans, n’a jamais esquissé un projet réel d’amélioration du niveau de vie de la population.

Nous n’excluons pas entre autre chose, toute forme de coopération entre les deux Etats et dont la population sortirait bénéficiaire, par exemple : les bourses d’études, l’assistance médicale, etc. Cependant, nous condamnons et condamnerons avec la plus grande véhémence le soutien sans équivoque du régime castriste au gouvernement lavalalas, surtout en ce qui a trait à la fondation de l’Université Populaire, Institution privée d’Aristide au moment même où le Peuple haïtien lutte de toutes ses forces pour l’autonomie de l’Université d’Etat d’Haïti que le gouvernement a tenté de mettre sous contrôle en juillet 2002, un gouvernement pro-impérialiste appliquant à la lettre le plan néolibéral, un gouvernement de narcotrafiquants, un gouvernement totalement anti-populaire qui utilise la misère de la population pour alimenter un climat de haine, de peur, de frustration et de résignation et enfin un gouvernement de mythomanes avérés. En ce sens, est-ce que la continuation de la collaboration de votre Gouvernement, Monsieur l’Ambassadeur, avec le pouvoir lavalas n’est pas une remise en question concrète du principe de l’internationalisme prolétarien ?
Si le régime castriste que nous connaissons être capable de s’informer adéquatement sur la réalité haïtienne ne se ravise pas, il hypothéquera toute possibilité de coopération ultérieure avec le Peuple haïtien.

Nous doutons fort que le régime castriste aussi prestigieux qu’il soit, se laisse entraîné par les dérives lavalassiennes. Pour la Révolution et pour la Postérité, nous demanderons, Monsieur l’Ambassadeur, à votre Gouvernement de se repositionner sur le cas d’Haïti.

Révolutionnairement vôtre,

Port-au-Prince, le 18 février 2004

Pour le MODEP

Anil LOUISJUSTE

Frantz MOISE

Cc : à tous les médias du pays