Par Chenet JEAN-BAPTISTE [1]
Soumis a AlterPresse le 3 mars 2003
La chute de Jean Bertrand Aristide ne peut aucunement justifier le sacrifice de la mémoire
Je m’adresse à vous, parce que vous devriez être le dernier rempart contre l’oubli et l’impunité.
Je dois m’adresser à vous, parce que des exactions et crimes des plus innommables perpétrés, récemment encore, par les Forces Armées d’Haïti ( FAD’H ) et le FRAPH, vous étiez des témoins privilégiés et des dénonciateurs zélés.
Je me suis finalement résolu à m’adresser à vous, parce que connaissant ou ayant travaillé avec nombre d’entre vous, votre silence dans la situation actuelle - silence déjà assez long et combien douloureux - risque de devenir assassin. Assassin de l’histoire et de la mémoire des milliers et des milliers de victimes des Forces Armées d’Haïti ( FAD’H ) et du FRAPH.
En m’adressant à vous, nullement ne m’est l’intention de vous dicter ce qui devrait être votre ligne de conduite. Mais tous les défenseurs des droits humains - les défenseurs réels et conséquents - ne se doivent-ils pas de témoigner en tout temps et au-delà des contingences politiques ? Surtout, ces défenseurs ne se doivent - ils pas forcément de savoir que « la démocratie véritable et le respect intégral des droits humains ne se trafiquent pas. »
Sacrifier la mémoire des victimes des FAD’H et du FRAPH, c’est assassiner l’espoir du peuple et des citoyens.
Port-au-Prince, le 2 mars 2004
Chenet JEAN-BAPTISTE
[1] Ancien Secrétaire Général de la Plate-Forme des
Organisations Haïtiennes des Droits de l’Homme ( POHDH )