Communiqué de la Coordination Syndicale Haitienne
Soumis à AlterPresse le 2 mars 2004
La CSH salue la victoire du peuple haïtien. Il a enduré stoïquement la répression sadique des bandes de Lavalasse durant ces 5 derniers jours. Il a donné un exemple de la haute portée morale de son choix stratégique de la voie pacifique de résistance, particulièrement à Port-au-Prince au cours de ces derniers mois. Nous le félicitons et le remercions au nom de tous les travailleurs et travailleuses et de tous les syndicalistes du pays.
Nous remercions par la même occasion tous les avocats, la Plateforme démocratique, les étudiants , tous les syndicats frères du monde entier, la mission internationale de haut niveau de la CISL/ORIT et tous ceux qui, à un titre quelconque, nous ont manifesté leur solidarité à l’occasion de l’arrestation des 11 syndicalistes, enlevés dans notre local le 17 janvier dernier par la Police. Il nous manque encore un acte de justice formelle du parquet, annulant toutes les accusations portées contre eux par les sous-fifres lavalassiens.
Cependant la CSH est pleinement consciente du fait que le problème du départ d’Aristide résolu, tous les autres restent entiers et que la situation du pays est encore grosse de menaces.
En conséquence la CSH réclame de toutes ses forces :
1 - que la Plate-forme démocratique constitue au plus vite une commission juridique responsable de l’élaboration dans les plus brefs délais d’un acte d’accusation formelle contre Jean-Bertrand Aristide pour ses forfaitures et tous les crimes commis contre le peuple haïtien afin qu’il soit jugé par contumace en Haïti, qu’on émette un mandat international d’arrestation à son endroit et éventuellement qu’on introduise une demande d’extradition auprès du pays qui l’accueillera.
En effet l’une des plaies les plus aiguà« s et caractéristiques de notre société est bien l’impunité. La société civile ne peut pas accepter d’entretenir l’impunité en prétendant que Aristide se retire dans un exil doré sous prétexte qu’il est parti et qu’il faut oublier. Il ne peut pas y avoir pardon sans justice. Sinon nous consacrerons encore une fois l’injustice et nous laisserons la porte ouverte à la répétition de ces mêmes comportements politiques que nous disons vouloir bannir.
2- que la Plate-forme constitue une commission d’enquête, chargée d’une part de dresser un dossier sur les individus, liés au pouvoir, coupables ou complices de délits dans l’administration publique et d’autre part de les mettre en accusation.
3- que la Plate-forme constitue une commission d’enquête, chargée de dresser un dossier sur les chefs de bandes de chimères opérant dans les quartiers populaires afin de les faire passer en justice et de ramener la paix et la sécurité dans ces quartiers sans que les gens n’aient à se faire justice, eux-mêmes.
4- que la Plate-forme constitue au plus vite une commission, chargée d’élaborer en toute urgence un plan d’actions concrètes pour répondre aux exigences les plus pressantes des habitants des quartiers populaires en matière d’alimentation et de salubrité.
5- La CSH affirme qu’elle ne veut pas d’un gouvernement néo-lavalassien sans le nom où l’on retrouve les mêmes dilapidateurs et chefs-casseurs, complices des forfaits d’Aristide.
Nous sommes pour la participation du Parti Lavalasse à titre de parti politique au même niveau que n’importe quel autre groupe politique dans la vie politique. Mais notre générosité ne doit pas aller plus loin . Nous ne devons lui reconnaître aucune prérogative
ou privilège.
Au contraire nous croyons qu’il faut poursuivre en justice tous les grands pontifes de ce parti, responsables de la catastrophe annoncée par Aristide lui-même au cours de tous ces derniers mois et qui a culminé dans l’orgie destructrice des biens privés et publics orchestrée ces trois derniers jours.
6- La CSH réaffirme sa volonté de continuer à lutter pour un état de droit et de développement, basé sur la justice, le respect des droits de la personne humaine, le respect des libertés syndicales, la fin de la corruption, la compétence et l’insertion dans le monde moderne.
7- La CSH fait savoir au président provisoire Alexandre Boniface, qui a accédé de façon douteuse à la présidence de la Cour de cassation grâce à Aristide et est ainsi devenu président, qu’elle va suivre d’un œil vigilant ses actions ainsi que celles de ceux qu’il va choisir pour former son entourage.
8- La CSH croit que seul la formation d’un gouvernement composé de citoyens honnêtes et dévoués sera capable d’assurer la transition. Il devra réaliser des élections crédibles et laisser les bases d’un système électoral durable avant décembre 2005.
9-Nous remercions, au nom des travailleurs et travailleuses haïtiens, la Communauté Internationale qui nous a accompagnés dans la lutte pour trouver une issue au problème posé par l’attitude délinquante d’Aristide à la tête de l’Etat.
Cependant nous nous opposons à toute mise sous tutelle et à toute solution abracadabrante et hâtive, à des fins de consommation électorale interne des Etats-Unis.
Il nous faut une solution durable basée sur une véritable participation nationale avec la coopération internationale.
Nous sommes conscients des nombreuses contradictions et difficultés que le mouvement démocratique devra gérer ainsi que de la lourde responsabilité morale de la Société civile.
Que 2004 soit l’année de la résurrection et du démarrage d’une Haïti moderne, démocratique, où règne la justice sociale.
Carlo Napoléon, Trésorier
Fritz Charles , Secrétaire général