Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 9 janv. 2012 [AlterPresse] --- Une éventuelle publication d’un nouveau texte corrigé de l’amendement de la Constitution de 1987 n’est pas bien vue dans le Plateau Central.
Le directeur exécutif du Mouvement des paysans de Papaye(Mpp), Chavannes Jean Baptiste, demande au gouvernement Martelly/Conille de ne pas publier l’amendement qui selon lui constitue une pierre d’achoppement pour l’avancement du peuple haïtien.
« On veut nous imposer une Constitution taillée sur mesure pour s’accaparer de la terre que nos ancêtres nous ont léguée au prix de leur sang. Cet amendement consacrerait tout simplement la perte de notre indépendance », avance Chavannes Jean Baptiste.
Le Mpp a paraphé une déclaration en ce sens la semaine dernière au Centre de formation des cadres paysans à Papaye (localité de Hinche) conjointement avec les délégués de l’organisation « Tèt kole ti peyizan ayisyen », la Coordination régionale des organisations du sud-est (Crose) et le Mouvement national du congrès de Papaye.
Dans cette declaration ces organisations indiquent qu’elles ne reconnaitront pas cette version amendée de la Constitution si elle est publiée. Elles accusent en même temps le Club de Madrid d’avoir exigé du gouvernement la publication de l’amendement constitutionnel.
Lors d’une réunion en compagnie des membres d’une mission du Club de Madrid en Haïti en décembre 2011, Michel Martelly a promis d’« avancer » sur la question de l’amendement.
Toute publication de la déclaration d’amendement est absurde, déclare le coordonateur du bureau d’assistance légale à Hinche, Lereste Jean Baptiste. Selon lui, l’ex président René Préval a déjà causé un grand tort à la nation en acceptant de publier une déclaration du corps législatif relative à un amendement qui n’est pas conforme au prescrit des articles 282, 283 et 284 entre autres, de la Constitution de 1987.
Selon notamment l’article 284-4 de l’actuelle Constitution aucun amendement à ce texte ne doit porter atteinte au caractère démocratique et républicain de l’Etat.
« En ma qualité de juriste il m’est légalement et moralement interdit de soutenir une telle démarche, et j’invite le président de la République à agir en homme intelligent pour ne pas être victime d’une quelconque négligence », ajoute le juriste s’interrogeant sur les véritables motivations de certains responsables qui cherchent à doter Haïti d’ « une constitution illégalement amendée ».
Lereste Jean Baptiste, ancien candidat au sénat (Solidarité/Centre), plaide en faveur de l’annulation pure et simple de ce projet.
La Plateforme nationale des organisations paysannes (Planopa) se dit contre toute publication d’un quelconque texte corrigé d’amendement constitutionnel. « Tout projet ou toute proposition d’amendement dans un pays occupé serait bénéfique à la communauté internationale », soutient le coordonateur départemental de la Planopa, Philfrant Sainaré.
Sainaré indique également que la Planopa participera à toutes les mobilisations visant à empêcher les autorités de Port-au-Prince de valider la nouvelle version amendée de la loi mère.
Interrogés par l’agence en ligne AlterPresse, des étudiants de la Faculté de droit de Hinche ont lancé une mise en garde au chef de l’Etat pour qu’il déclare illégal le texte corrigé de l’amendement constitutionnel. Ces étudiants se disent choqués de ne pas avoir été consultés sur un sujet qui concerne leur avenir. [ro kft gp apr 9/01/2012 14 :30]