P-au-P, 21 déc. 2011 [Alterpresse] --- « Le budget de l’Université d’Etat d’Haïti sera augmenté de seulement 6 millions de gourdes ». C’est le résultat de la rencontre autour du budget rectificatif 2011-2012 qui a eu lieu entre le rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti et le Ministère des Finances, le samedi 17 décembre 2011.
« Dans le document qui nous a été présenté, il a été question d’une augmentation de seulement 2 millions de gourdes pour les 18 entités de l’UEH. Après discussions, ils ont proposés d’y ajouter 4 millions de plus », a expliqué Vernet Henri, joint par AlterPresse.
A sa réunion avec le Conseil de l’université, le 24 novembre dernier, le président Michel Martelly avait promis une augmentation de 15% de l’actuel budget de l’UEH soit 60 millions de gourdes.
« C’est une immense déception pour ceux qui croyaient. Moi, j’ai toujours été sceptique. C’est la division par dix de la promesse du président », confie Bérard Cénatus, Directeur de l’Ecole Normale Supérieure (ENS).
A l’instar des représentants de la faculté des Sciences Humaines, ceux de l’ENS, dont le professeur Cénatus, avaient boudé la rencontre avec le chef de l’État.
Du côté du rectorat, la musique a changé de rythme, ce n’est plus un recteur tout radieux qui nous parle de la rencontre qu’il a estimée fructueuse, il y a presqu’un mois.
« C’est le pouvoir politique en soi qui a un problème avec l’UEH. Ce budget traduit le mépris des pouvoirs publics pour la principale institution d’enseignement publique du pays et la volonté manifeste de l’affaiblir voire de l’anéantir », explique, amer, le recteur Vernet Henri.
« Ce mépris vient de personnes ayant étudié à l’université d’Etat d’Haïti », souligne le recteur en fustigeant ceux qui veulent voir disparaître l’UEH.
L’université publique rassemble plus de 20 000 étudiants et accueille, en première année universitaire, environ 2 340 nouveaux étudiants chaque année.
« Il faut se mobiliser pour contraindre l’Etat à prendre ses responsabilités face à l’enseignement supérieur. Il n’y a pas d’autres solutions. Il faut donner une riposte concertée, responsable et réfléchie au gouvernement », préconise Bérard Cénatus.
Les 6 et 7 décembre derniers les professeurs de l’ENS ont observé deux journées de grève pour réclamer de meilleures conditions de travail et un budget décent pour l’université. Ils ont projeté de reprendre en janvier 2012 leurs revendications si elles ne trouvent pas de satisfaction.
Récemment le coordonnateur de la Faculté des Sciences Humaines, Hancy Pierre, a indiqué que la FASCH ne serait pas en mesure d’organiser la deuxième vague de recrutement en mars 2012.
Chaque année, cette entité de l’UEH organise de concours d’admission en deux parties : la première en septembre et la deuxième en mars.
En outre, « la recherche, la formation continue, le programme de maitrise, le centre d’intervention psychosociologique justifient l’utilité sociale de la FASCH. Pourtant son budget ne lui permet pas de mener ses actions », a déploré Hancy Pierre.
Actuellement, le budget de l’université d’Etat d’Haïti est évalué à 442 millions de gourdes, selon le recteur Henri.
« Avec les nouvelles responsabilités de l’université, les programmes de 2ème et de 3ème cycle, les éditions de l’UEH, le nouveau campus de limonade, nous allons proposer un budget de 995 millions de gourdes qui tient compte des besoins réels de l’institution », précise Vernet Henri.
Il est à rappeler qu’avant la rencontre du 24 novembre avec le président Martelly, l’UEH allait se mobiliser pour exiger du gouvernement 3% du budget national. [efd gp apr 23/12/2011 12:00]