P-au-P, 2 jan. 2012 [AlterPresse] --- La culture, comme ce fut le cas après le passage du tremblement de terre, a été avancée comme essentielle dans le contexte actuel du pays, au long d’une année marquée par le grand retour des festivités artistiques et populaires, après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010.
Les occasions de parler, de réfléchir autour de la culture haïtienne et sa place dans la reconstruction annoncée d’Haïti se sont multipliées en 2011. Dix-neuf avril, l’UNESCO remet ça dans son siège à Paris et organise une conférence pour présenter la culture comme moteur de la reconstruction, ainsi qu’une quinzaine de projets à financer.
Cependant dès le 22 février 2011 à Paris, l’événement « Haïti : des initiatives » évoque entre autres les différents problèmes de la création culturelle en Haïti. Cinq mois plus tard, les 28, 29 et 30 juillet, les premières assises de la culture organisées à Port-au-Prince, approfondissent les discussions et cherchent des solutions. Mais la résolution issue de ces assises n’a, à date, pas été publiée.
Une première réflexion est engagée sur la possibilité d’établir une académie de la langue créole parlée en Haïti, lors d’un colloque tenu les 27, 28 et 29 octobre.
Les enjeux actuels et l’avenir du tourisme culturel ont aussi été examinés, du 10 au 13 novembre, lors d’un colloque organisé dans la capitale par l’Université d’Etat d’Haïti et l’Université Laval. A l’issue de l’événement, le rôle catalyseur de la mise en valeur du patrimoine national et du tourisme culturel dans le développement durable est mis en évidence.
Si après les discours et les promesses d’aide en 2010, la place a davantage été faite à la réflexion en 2011, très peu d’actions concrètes peuvent être relevées. Le Centre d’art détruit lors du séisme a pris l’année pour panser ses plaies, autrement dit récupérer les œuvres qui pouvaient l’être, les restaurer et regarder vers l’avenir. Les cloches de la cathédrale Immaculée menacées seront descendues pour être protégées. Mais surtout, 2011 marque le grand retour des festivités.
2011 : année de la reprise ?
Les événements culturels paralysés en 2010 ont pour la plupart eu lieu pendant l’année 2011, à l’image du carnaval, plus grande manifestation culturelle du pays.
Le carnaval malgré des opinions réticentes ou franchement réprobatrices, et malgré un Champs de mars envahi par des tentes de sinistrés, a quand même repris ses droits. Les festivités rara également, dans une ville de Léogâne, à 90% ravagée par les secousses de 2010 mais toujours pas reconstruite.
Le 6e Forum transculturel d’art contemporain de Port-au-Prince qui n’a pas pu être réalisé après le passage du séisme, s’est tenu du 26 septembre au 3 octobre, avec la participation de près d’une vingtaine d’artistes de l’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique.
Le Ghetto Biennale, apparu en 2009, a encore étonné et ravi pour sa seconde édition, invitant le public à découvrir au fil des corridors de la Grand Rue, les œuvres des artistes de ce quartier populaire.
Un événement inédit, le festival du rire et de la chanson traditionnelle, tenu le 3 décembre, a eu un grand succès pour sa première édition, alors que le festival de théâtre les Quatre Chemins, timide l’an denier, a offert une édition sous le sceau de la continuité des efforts.
Des acteurs célèbres du cinéma américain, des vedettes de talk show ou de téléréalité se sont présentés dans la capitale haïtienne, certains dans le cadre de mission humanitaire, comme les acteurs Ben Stiller et Jim Carrey, ou pour des concerts, comme Corneille, chanteur d’origine rwandaise, et "Ne-Yo" américain.
La littérature n’a pas été en reste. Après la moisson de prix récoltés à l’échelle internationale en 2009, l’année du séisme a marqué une pause.
Mais comme pour relancer les choses, Lionel Touillot frôle le Goncourt en 2011. Lui qui avait obtenu le prix Wepler-Fondation La Poste avec Yanvalou pour Charlie en 2009, atteint la finale de la prestigieuse récompense française, avec la Belle amour humaine. Il récolte toutefois le Grand Prix du Roman Métis de la ville de Saint Denis avec cette œuvre.
Le Grand Prix du roman de la Société des Gens de Lettres 2011 est décerné à l’écrivain Marvin Victor pour son premier roman, Corps Mêlés. Edwidge Danticat, invitée d’honneur de la foire Livres en folie à Port-au-Prince, et Yannick Lahens, sont aussi distinguées. Et le roman Cora Geffrard de l’historien Michel Soukar reçoit pour sa part la mention spéciale du Prix littéraire des Caraïbes 2011 de l’Association des Ecrivains de Langue Française (ADELF).
Le prix Athanase-David est décerné au poète, essayiste et psychiatre, Joël Des Rosiers pour l’ensemble de son œuvre le 8 novembre. Ce prix est le plus prestigieux du Québec et constitue depuis 1977 un hommage national rendu à un créateur.
Le jeune poète, James Noel, est pour sa part retenu le 20 mai pour une résidence d’écriture à la Villa Medicis.
Dans la nuit du 16 au 17 juillet, le monde de la culture entre en deuil. Azor ( Lenord Fortuné), légende du tambour à la voix unique qui a porté la musique vaudou jusqu’au Japon, décède. Les autorités lui donnent des funérailles nationales.
En fin d’année, c’est la dramaturge Mona Guérin qui disparaît. La presse annonce son décès le 30 décembre des suites d’une pneumonie. Elle avait 77 ans. [kft gp apr 02/01/2012 10:00]