Port-au-Prince, 04 Mars 2004[AlterPresse].- Malgré la tendance à une reprise timide des activités régulières, au cinquième jour de la nouvelle libération d’Haïti de l’emprise du totalitarisme de Jean-Bertrand Aristide, la capitale de cette république indépendante il y a deux cents ans offrait encore le visage d’une ville ravagée par une catastrophe, avec les restes de barricades réparties çà et là sur différentes artères et les traces du sinistre causé à diverses entreprises.
Jeudi matin, plusieurs automobilistes se sont rués vers les stations d’essence qui n’ont pas été incendiées par la milice lavalas. Les taxis, tap tap et autres véhicules de transport public ont commencé à desservir différents trajets de la zone métropolitaine, a pu constater un journaliste d’AlterPresse.
Les services publics et les entreprises privées de services divers (plusieurs entreprises privées ont été saccagées ces derniers jours) n’ont pas encore ouvert leurs portes.
Les banques commerciales, qui avaient interrompu leurs services depuis la mi-journée du samedi 21 février, ont consenti un horaire allégé. Mais, fonctionnaient seulement quelques-unes de leurs succursales, parmi celles n’ayant pas été soufflées par le cyclone lavalas, d’autant que les garanties de sécurité paraissent incertaines en dépit de la nomination d’un nouveau chef provisoire de la Police Nationale, Léonce Charles, responsable de la marine haïtienne jusqu’à date.
Depuis une dizaine de jours, un nombre important de personnes se sont retrouvées à court d’argent après le congé irrégulier décrété par le président déchu à la mi-journée du jeudi 19 février et le siège de la zone métropolitaine de Port-au-Prince par les gangs armés lavalas durant la dernière semaine du mois écoulé.
Après le déferlement, sous des applaudissements, d’unités du Front de Résistance pendant les premiers jours de mars, la présence policière, accompagnée dans certains cas de membres de la force multinationale déployée depuis dimanche, était visible un peu partout dans l’aire métropolitaine. Toujours est-il que les déclarations des partisans armés lavalas, au cours d’une manifestation improvisée le 3 mars dans la capitale, laissent présager des risques d’actes de banditisme.
En plus, le Premier Ministre lavalas sortant, Yvon Neptune, par une intervention le 3 mars, continue de tenir un langage qui tente de dédouaner la milice armée du régime déchu dans les nombreux actes de pillage perpétrés. Cette milice armée lavalas n’a pas cessé de terroriser les habitants des quartiers populaires, suivant les témoignages parvenus à AlterPresse.
Ce qui explique que les habitants de ces quartiers hésitent encore à manifester leurs sentiments après le départ d’Aristide, contrairement à plusieurs milliers de citoyennes et citoyens d’autres quartiers ayant, eux, mis leurs visages dans les rues, depuis le 1er mars 2004, pour respirer les bouffées d’un nouvel oxygène qu’ils comptent insuffler, dans les jours à venir, à leur pays dans la douleur. Car, avant que la tête du monstre multiforme tombe, son corps de miliciens avait eu le temps de razzier une fraction importante de la substance de vie nationale.
La milice lavalas [1] n’a pas encore déposé les armes distribuées à profusion, la semaine dernière, à Port-au-Prince et dans les autres villes du pays. L’ordre n’est pas encore rétabli face au pillage et à la volonté maladive de destruction du patrimoine national de la part des chimères, les gangs armés lavalas et les policiers militants lavalas.
Rien n’est encore dit sur la gestion qui sera faite du corps d’anciens militaires membres du Front de Résistance pour la Libération Nationale qui, au cœur de la levée de boucliers nationale contre un pouvoir hors-la-loi, a accéléré la chute du régime despotique à partir du 5 février 2004.
Haïti risque de souffrir longtemps avant de pouvoir recoller les morceaux, après une semaine de terreur instaurée par Aristide et sa clique de bandits. Le passif est lourd aujourd’hui : une trentaine de morts enregistrées à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti depuis le 29 février (selon une agence de presse internationale), sans compter les dizaines de morts, femmes et hommes, des jours précédents, des millions de dollars de dégâts matériels, prise d’otage des habitants de la zone métropolitaine de la capitale contraints à se retrancher chez eux pendant plus de huit jours, coupure totale de l’alimentation en énergie électrique publique, blocage de la communication téléphonique, rançonnement de la population, vols à main armée de véhicules et autres biens, casse et vandalisme, destruction de locaux et matériels de presse, difficultés d’approvisionnement en nourriture et autres biens essentiels. Parmi les horreurs, le massacre du 05 décembre 2003 à l’Université d’Etat d’Haïti a été un élément détonateur.
Les défis de reconstruction sont énormes pour l’ensemble des citoyennes et citoyens, appelés à mettre en place définitivement les structures institutionnelles adéquates pour ne plus vivre et supporter l’horreur ni jamais revenir au régime de dictature, de paternalisme ou de souverain messianique.
En dix ans, la mafia lavalas et les suppôts du tyran Aristide ont battu tous les records : impunité totale, vassalisation des institutions nationales transformées en bien privé au service exclusif d’un homme, arnaque de la population, syndicat du crime organisé dans les officines du Palais National, escadrons de la mort, propagande vicieuse ayant encouragé la lutte des classes, la haine et des sentiments de violence à l’égard de la connaissance (étudiants, universitaires, professionnels et techniciens dans divers secteurs) et de convoitise mal placée aux groupes possédant des richesses, incitation à la violence (koupe tèt boule kay = décapiter les têtes et incendier les maisons, y compris incendier les autres biens), primes à la loi du moindre effort, au règne de la médiocrité et de l’incompétence, autocratie, autoritarisme (« démocratie autoritaire »), terrorisme d’Etat, arbitraire, barbarisme, piétinement systématique des normes et valeurs, mensonge éhonté, situation de ségrégation (ghetto) de différents quartiers (dont principalement Cité Soleil réduite à une agglomération contrôlée par des chefs de gangs), chimérisation de l’administration publique (népotisme, insertion de mercenaires armés dans la paye et la gestion de nombreuses institutions publiques), déficit budgétaire chronique, paupérisation accélérée des classes moyennes, cession illégale de portions du territoire national, tracasseries administratives et fiscales à l’encontre des contribuables, persécutions des journalistes, travailleurs de presse et autres militants de droits humains, imposture et usurpation électorale, démantèlement désordonné de l’institution militaire, transformation de l’Etat en bien privé personnel (au service d’un seul et unique homme), enrichissement illicite, dépenses somptuaires et extrabudgétaires, opérations de lobbying systématique au détriment des capacités financières de l’Etat, recrutement d’anciens marines américains pour assurer sa sécurité personnelle, investissement des fonds publics dans un système de sécurisation personnelle au détriment des véritables besoins nationaux sur le plan social (éducation, santé, etc), aliénation culturelle et corruption sans bornes, informalisation incohérente de l’appareil productif national, destruction de l’économie nationale, couverture et protection de trafics illicites (drogue, entre autres), escamotage de la souveraineté nationale, politisation de la Justice et de la Police, polarisation à outrance des secteurs vitaux nationaux, cautionnement (il les a lui-même provoquées) de deux occupations militaires (la première en 1994 pour ramener Aristide au pouvoir renversé par un putsch militaire en septembre 1991 et la deuxième à partir du 29 février 2004, l’année du bicentenaire national, pour retourner en exil Aristide devenu paranoïaque, obsédé par le pouvoir et obnubilé par des appétits tyranniques insatiables).
Les débuts de transition
Après la nomination d’un nouveau chef de la Police Nationale (Léonce Charles, qui aurait été formé aux Etats-Unis d’Amérique, selon les premières informations disponibles), le nouveau président par intérim, Boniface Alexandre, a ordonné mercredi le gel des fonds de toute l’administration publique, à l’exception de ceux du Bureau du Premier Ministre.
Une commission tripartite (Plate-forme Démocratique, Communauté Internationale, représentant du gouvernement lavalas) doit ratifier incessamment le choix de neuf sages appelés à former un Conseil Consultatif auprès du nouveau président. Des rumeurs laissent croire que la communauté internationale opterait pour un Conseil de sept au lieu de neuf sages, afin de disposer d’un noyau qui serait favorable à leurs intérêts.
Des noms de différentes personnalités circulent comme probable Premier Ministre, en remplacement de la figure lavalas, Yvon Neptune, dont la clameur publique réclame l’arrestation depuis le 1er mars. La clameur publique réclame aussi la mise en train de l’action publique judiciaire contre des fonctionnaires véreux ayant détourné les deniers de l’Etat, dont beaucoup auraient déjà quitté le pays, se seraient réfugiés dans des ambassades, ou seraient cachés par certaines personnalités.
Dans ce sens, une Commission de Vérité sur les assassinats, disparitions et exécutions sommaires, devrait être créée prochainement, tandis que des dispositions doivent être arrêtées en ce qui concerne le désarmement des gangs armés et l’éventuelle reconstitution des Forces Armées à côté de la professionnalisation de la Police Nationale comme les futures forces publiques d’Haïti.
Aux critiques de lenteur dans la mise en œuvre du processus de passation de pouvoirs, observée dans les premiers jours de mars, la Plate-forme Démocratique répond que le départ d’Aristide a été précipité, au lieu de la formule négociée qu’elle avait proposée auparavant. La sécurité publique demeure la priorité actuelle, selon les conclusions de la première réunion tenue le 3 mars avec le nouveau président par le regroupement d’organisations / associations de la société et de partis politiques d’opposition au régime lavalas.
Tous les groupes organisés de la société, dont les organismes de défense de droits humains, en concertation sur les démarches de construction à entreprendre sans délais, s’accordent par reconnaître l’impérieuse obligation de vigilance sur les actes qui seront posés par les nouveaux dirigeants aux jours à venir. Il faut entamer et établir un processus irréversible de mise en place et renforcement des institutions nationales pour prévenir toutes velléités autocratiques, avancent-ils.
De l’avis général, contrairement aux vœux formés par les tuteurs de la communauté internationale, l’accent ne devrait pas être mis immédiatement sur l’organisation d’un processus électoral, quoique d’aucuns abondent en faveur de la constitution prochaine d’un organisme électoral.
Dans le milieu organisationnel, un malaise est perceptible sur la présence sur la scène politique de divers barons du régime lavalas accusés de divers maux et actes repréhensibles sur la population, dont le génocide sur des habitants de Saint-Marc (à 96 kilomètres au nord de Port-au-Prince) et les assassinats à Grand-Goâve (à une cinquantaine de kilomètres au sud de la capitale). Déjà , trois présumés « génocidaires » d’habitants de Saint-Marc ont été arrêtés par le Front de Résistance Nationale et emprisonnés actuellement à Delmas (à l’est de Port-au-Prince).
Des interrogations sont formulées sur le mode de déploiement des militaires étrangers de la force multinationale et sur les termes de référence (peu clairs) de leur véritable mission en Haïti, qui correspond concrètement à une réalité d’occupation du territoire. Ces militaires ont commencé à patrouiller dans la ville des Gonaïves, la cité rebelle où est partie le soulèvement armé contre Jean-Bertrand Aristide.
Des chars blindés sont visibles en divers points de la capitale haïtienne, où des patrouilles sont effectuées conjointement entre des unités de la Police nationale et de la force multinationale, laquelle s’est déployée au Palais National, au bureau du Premier Ministre, au bureau du Port et à l’aéroport international.
D’autre part, des lignes aériennes ont repris leur desserte sur Haïti, tandis que l’ensemble des autres lignes pourra rendre effectifs de nouveau leurs services à partir du weekend du 6 mars 2004.
La Plate-forme démocratique organise le dimanche 7 mars 2004 une manifestation en faveur d’un Etat de droit et de la satisfaction de revendications de changement, mais en signe de remerciements pour la contribution de divers secteurs au mouvement organisationnel ayant abouti à la démission d’Aristide le 29 février 2004.
A rappeler qu’au matin du dimanche 29 février 2004, Aristide parti vers 6 :30 locales (11 :30 GMT), au moins trois heures d’hésitation se sont écoulées avant une apparente prise en main et prise de direction des affaires publiques. Les membres de l’opposition, regroupés au sein de la Plateforme Démocratique, n’ont pas pu immédiatement se réunir pour aviser, donner des consignes et adopter des dispositions de gestion nouvelle du pays.
Entre-temps, le Premier ministre sortant, Yvon Neptune, qui n’a pas fait le voyage de l’exil avec Aristide et les 40 autres dignitaires du régime défunt, lit au bureau de la Primature la lettre de démission de l’ancien président contesté. Le président de la Cour de Cassation (la Cour Suprême), Boniface Alexandre, est investi de la charge de président provisoire ou président intérimaire, suivant les prescriptions de la Constitution. Le qualificatif à attribuer au nouveau chef de l’Etat n’est pas encore connu au 2 mars.
Des versions contradictoires sont données sur la manière dont la passation s’est déroulée. Il se dit que les Etats-Unis d’Amérique auraient fait pression sur le dictateur pour le porter à se démettre. Mais, La France et les Etats-Unis d’Amérique se sont donné la main afin de trouver une terre d’accueil à l’ancien président.
Un fait est certain, l’administration de George Bush, qui a envoyé un contingent de marines à Port-au-Prince dès le 29 février, bien avant les contingents du Canada et de la France, semblent avoir la haute main sur les événements en cours.
Après le sac de la ville de Port-au-Prince livrée au pillage des miliciens lavalas par les autorités contestées durant toute la journée du 27 février 2004, l’ambassade américaine a invité les « Forces Armées du Nord » (appellation bien claire dans le communiqué qui n’a mentionné ni rebelles ni terroristes) d’arrêter leur progression sur la capitale dans le but d’éviter un bain de sang dans la première ville du pays, parce que la communauté internationale travaille à apporter des solutions aux souffrances du peuple. Quelques jours auparavant, Guy Philippe, chef des insurgés, avait indiqué son intention de fêter son trente-sixième anniversaire le 29 février par la prise de la capitale à la même date.
Ce sont les marines qui ont emmené Aristide et les 40 autres dignitaires prendre des avions spéciaux à l’aéroport international de la capitale.
Et dans l’après-midi du 29 février 2004, par différentes interventions dans la Presse locale, l’ambassadeur américain accrédité en Haïti James B. Fowley a averti que la force arrive, qu’il fallait faire tout en même temps et que le Conseil de Sécurité des Nations Unies allait voter dans la soirée le déploiement d’une force multinationale dans le pays. Fowley a, par la même occasion, convié la population à se tourner vers l’avenir, vu qu’il n’y a présentement pas d’Etat, ni institution ni Police.
Neptune était donc au courant et il a décidé de rester au pays, suivant ce qu’il a déclaré peu avant de donner lecture de la lettre de démission du dictateur.
En plus d’un discours liminaire, le premier acte du nouveau président intérimaire Boniface Alexandre a été d’entériner le déploiement de la force multinationale (qui atteindra les 2000 hommes) sur le territoire national.
A la suite de la chaîne américaine CNN et de Radio France Internationale (RFI), des stations de radio locales annoncent la nouvelle du départ d’Aristide. La question se pose immédiatement de savoir qui ou quelle institution va assumer le rôle de la sécurité publique.
Sur les antennes des stations locales à Port-au-Prince, des agents de la Police Nationale lancent un appel aux policiers pour qu’ils se présentent d’urgence, en uniformes et munis de leurs badges, au poste de police le plus proche (ce qu’il en reste) afin de pouvoir rétablir l’ordre public et faire cesser les pillages planifiés, mis en œuvre depuis une semaine au centre de la capitale. L’un des agents invite ses camarades à le rejoindre à la direction départementale de l’Ouest.
Deux numéros de téléphone, nouveaux, sont diffusés dans les stations de radio pour répondre aux besoins de la population. Très vite, les policiers vont être débordés au fur et à mesure de demandes, toutes pressantes.
Les miliciens lavalas, qui ignorent si leur chef est parti du pays, poursuivent leurs opérations de racket et de pillage. Ils s’emparent de véhicules et saccagent diverses entreprises.
Pétionville, à l’est de Port-au-Prince, est la première ville de la zone métropolitaine où des dispositions sont prises pour sécuriser les habitants. Là , un membre de la Plateforme Démocratique et des citoyens volontaires accompagnent ce qui reste de la Police Nationale dans la reprise du contrôle du commissariat.
Un pays exsangue et sous perfusion
Le pays risque de tarder longtemps à amorcer la reprise avec les casses notamment de stations d’essence et des banques. Aristide avait suspendu toutes les activités au milieu de la journée du jeudi 19 février 2004 en décrétant cinq jours de congé irréguliers pour ce qu’il a appelé le « Carnaval de la Renaissance » pour le bicentenaire de l’indépendance d’Haïti.
Personne ne sait dans quelles conditions la communauté internationale va injecter son aide : pour la professionnalisation de la Police Nationale, la reconstitution des Forces Armées, la refonte des Institutions comme la Justice, l’apport économique pour la restauration des infrastructures de base (eau potable, électricité, voies de communication réfection des routes.
La Banque Mondiale a annoncé les couleurs pour le déblocage de fonds importants après l’investiture du prochain gouvernement. Le Comité International de la Croix Rouge a initié des opérations d’appui humanitaire (notamment de médicaments) en divers points du territoire national.
Il se dessine une possible injection de massive de capitaux internationaux dans le pays. La question se pose de savoir suivant quels critères l’aide économique sera apportée au pays, notamment en ce qui a trait aux questions de mondialisation, de politique néolibérale ou d’ajustement structurel. Personne ne peut prévoir de quelle manière le secteur privé pourra se relever des casses dont elle vient d’être victime dans la capitale haïtienne, après la violence des gangs armés lavalas sur des entreprises multiples dont les pertes son evaluees a plus de 300 millions de dollars americains..
Des efforts considérables devront être consentis pour la réfection de divers locaux de facultés d’Etat, où les activités académiques ne devraient pas être reprises immédiatement. Mais, une incertitude plane sur la date probable de reprise des activit’es scolaires sur le territoire national, en particulier aux Gonaïves où les écoles n’ont pas fonctionné depuis septembre 2003.
En tout état de cause, la population exprime jusqu`à présent une euphorie mitigée après la délivrance du 29 février et ne semble nullement attirer par des sentiments revenchards contrairement `a ce qui s’est produit dans le pays à la chute de l’autre dictateur Jean-Claude Duvalier le 07 février 1986.
Il faut noter que des milliers de personnes ont gagné les rues de Port-au-Prince les 1er et 2 mars pour manifester leurs revendications pour un mieux-être en Haïti.[rc apr 04/03/04 17 :30]
[1] Lavalas = avalanche, nom donné au mouvement populiste pour la prise du pouvoir en 1990. Pendant le coup d’Etat militaire (1991-1994), les militants du mouvement resté en Haïti ont formé le parti politique dénommé Organisation Politique Lavalas (OPL) qui s’alliera avec diverses organisations sur la base de la Plateforme Politique Lavalas (PPL) à l’occasion des élections de 1995. Face aux dérives du régime lavalas, les anciens de l’OPL changent de nom leur parti qui deviendra l’Organisation du Peuple en Lutte (toujours avec le même sigle OPL), l’une des branches dissidentes du mouvement lavalas.
De son côté, Aristide, qui avait annoncé les couleurs de la division, en se retirant du regroupement Front National pour le Changement et la Démocratie (FNCD, sous la bannière duquel il s’était rendu aux urnes) peu après les élections du 16 décembre 1990, bien avant son investiture comme président élu (l’opération lavalas sera désormais l’organisation lavalas à compter de décembre 1990), constituera à la fin de 1995 le parti politique Organisation Fanmi Lavalas (OFL). Bien avant d’assauter le pouvoir au cours des élections frauduleuses de l’année 2000, l’OFL avait entamé une crise institutionnelle et gouvernementale avec les sénatoriales contestées d’avril 1997 et prolongé le cycle de crise avec le renvoi en janvier 1999 du Parlement et des collectivités territoriales (conseils d’administration communale et conseils d’administration des sections communales).