Par Ralph Henry et Emmanuel Bruno Marineau
P-au-P, 23 déc. 2011[AlterPresse] --- En dépit d’un manque d’infrastructures, les professionnels de la santé du service des urgences de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) sont à pied d’œuvre pour permettre aux patients de goutter à nouveau au suc de la vie.
Dans ce service divisé en 3 grandes parties, les secondes sont comptées au rythme de ces gouttes de solutés qui passent à travers les tubes attachés aux poignets des patients.
Seuls les services d’urgence chirurgicale, orthopédique et de médecine interne y fonctionnent sous la supervision d’un seul chef de service.
La section de l’Ortho-Rino-Larynthologie (ORL) qui s’occupait des urgences relatives à la tête est quant à elle fermée depuis le dévastateur séisme du 12 janvier 2010. Les médecins qui s’en chargeaient sont partis pour l’étranger, confie à AlterPresse un membre du personnel administratif.
Des personnes blessées, accidentées ou souffrant de maux divers sont éparpillées dans le service en quête de soins. Elles sont de tout âge.
Par manque d’infrastructures tout peut être transformé en mobiliers et faciliter l’hospitalisation : les chaises roulantes comme les civières.
Sous les lits des malades, les parents de ces derniers se reposent pour la plus part sur un vieux bout de carton placé à même le sol.
Les solutés et d’autres matériels médicaux ne sont pas toujours disponibles, selon certains usagers du service. Pour pallier ce problème, les parents sont obligés de sortir les acheter à l’extérieur, courant ainsi le risque d’être abordés par des raquetteurs qui leur fournissent généralement de faux médicaments.
Un espace est réservé aux détenus. Mais mis à part des chaines et des cadenas aux pieds de ces derniers, rien ne les isole des autres malades.
Aucun contrôle immédiat n’est assuré dans ce secteur où sont hospitalisés ces hommes en contravention avec la justice.
L’hygiène ne répond pas du tout au rendez-vous. Certains coins du service exhalent même des relents irrespirables, appelant à porter un cache-nez ou un mouchoir, alors que les toilettes offrent carrément une vision d’horreur.
Toutefois sous leurs blouses blanches, médecins internes, médecins résidents et les stagiaires infirmières font de leur mieux.
Jeannette Désiré a 40 ans et elle se réjouit de la rapidité des services. Son frère Saint Marc Désiré a été bien accueilli à huit heures du matin le 14 décembre.
Saint Marc Désiré souffre de maux de ventre accompagné d’une forte fièvre. Il a été rapidement mis sous sérum et maintenu en observation.
Jeannette Désiré dit attendre « les prescriptions médicales du docteur pour les suites nécessaires ».
A coté de cette satisfaction, subsiste des conditions très décriées.
Jean Baptiste Brignole, père de deux (2) enfants, est assis à l’entrée du service. Il y a été conduit en fin de soirée le 13 décembre (21 heures) après avoir été heurté et projeté dans un trou par une voiture dans le quartier de Bolosse (secteur sud de la capitale)
Un pansement sur la tête, les vêtements et le corps encore tachés de sang, Brignole explique qu’après le bandage sur la tête, seul un sérum lui a été administré. Du reste le médecin lui a dit qu’il peut partir.
Gémissant et comme abandonné à lui-même, Brignole occupe l’une des chaises réservées aux visiteurs en guise de lits temporaires.
La question de l’accès aux soins de santé en Haïti reste une inquiétude permanente. Au début de l’année 2011, au moins 47% de la population, aujourd’hui estimée à 10.200.00 habitants n’avaient pas accès aux soins de santé de base. [rh emb kft gp apr 23/12/2011 09:00]