P-au-P, 16 déc. 2011 [AlterPresse] --- Le professeur et économiste Camille Chalmers a abordé le rapport entre la migration et l’économie, lors d’une conférence-débat, dans le cadre d’une série de discussions lancée cette semaine par le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR), pour marquer ses 20 ans.
Chalmers distingue la migration interne et externe, faisant valoir que la population a tendance à suivre le capital.
Lorsqu’il y a des investissements en termes de capital pour transformer une région, qui offre des emplois, à ce moment la population a tendance à suivre le capital pour aller vers le lieu d’investissement qui détient une force terrible d’attraction, indique t-il.
« Durant les années 1860 à 1865, l’écart (de richesse) entre les pays riches et pays pauvres variaient de l’ordre de un à trois alors que dans la fin du vingtième siècle, des recherches ont permis de constater que la différence qui existe entre les pays riches et les pays pauvres est de un à soixante quinze. Cela veut dire que le pays riche est devenu soixante quinze fois plus riche que le pays pauvre », explique le professeur parlant de « territorialisation de la richesse ».
Selon les dernières données recueillies sur le site de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM), plus de 214 millions de migrants sont répertoriés à travers le monde, ce qui représente près de 3.1 pourcent de la population mondiale. Dans la grande majorité des cas ce sont des gens qui fuient la guerre, la violence.
Cependant ces mouvements de populations ne sont pas sans conséquences.
« L’ouvrier haïtien qui travaille durant cinq jours à raison de huit heures de temps par jour, soit quarante huit heures de temps par semaine, produit le travail d’un ouvrier américain qui travaille durant une heure de temps », relève Chalmers.
« Ces différences entrainent des déséquilibres, de la violence dans le processus de la migration forcée », explique t-il.
La migration, un droit fondamental
D’autre part, sur le phénomène de la migration, Camille Chalmers souligne la différence entre « la migration volontaire et la migration forcée. La migration comme choix d’une personne, c’est un droit fondamental qui a été reconnu depuis 1990 par la convention sur les migrants à travers le monde. Ainsi, l’Etat a pour obligation de protéger la personne ainsi que sa famille ».
Dans la première période de développement historique de l’humanité, la migration était l’une des solutions pour la satisfaction des besoins en raison de l’absence des ressources disponibles dans des régions bien précises, rappelle Camille Chalmers.
Haïti s’est constituée à partir d’un processus migratoire, qui a impliqué toute une série de mouvements à travers les continents, explique Chalmers, car les esclaves ont été pris en Afrique pour être amenés en Amérique afin qu’ils puissent fournir de la richesse aux pays colonisateurs.
Aujourd’hui, face aux divers problèmes auxquels est confrontée Haïti, la migration apparaît comme une solution collective qui permet à la population de résoudre certaines complications, et de répondre à la rareté de certaines ressources. Une contradiction, selon lui, compte tenu de la bonne position climatique du pays.
« Les Haïtiens n’ont pas encore pris conscience du climat dans lequel la population baigne depuis des années, car Haïti est l’un des pays qui peut produire toute l’année, alors qu’il y a d’autres pays comme le Canada, qui n’ont que trois mois au maximum pour la production » agricole. [jep kft gp apr 18/12/11 14:00]