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Haïti-Économie : Rareté du billet vert due à des restrictions imposées par les banques internationales

Le pays importe trop de dollars…

P-au-P, 9 déc.2011 [AlterPresse] --- La rareté du dollar observée depuis plus d’une semaine en Haiti est, entre autres, due à des restrictions imposées par les banques internationales sur l’importation de la devise américaine dans le pays, indiquent les autorités de la Banque centrale.

Les banques étrangères ont été alertées par le niveau de demande du billet vert par Haïti et ont pris des dispositions pour diminuer ces retraits, explique le gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (BRH) Charles Castel lors d’une rencontre avec la presse.

Depuis plusieurs jours, les banques commerciales limitent les retraits que les clients peuvent effectuer sur leurs comptes. Dans certains guichets, les limites de retraits sont passées de 1.200 à 350 USD.

La rareté constatée, « n’a rien de politique, cela n’a rien d’artificiel. C’est quelque chose de normal parce que nous ne faisons pas de dollars », déclare Castel.

Haiti importe le dollar comme tout autre produit, ajoute-t-il, et les restrictions imposées au niveau international font que « les banques n’ont pas de cash ‘argent Comptant’ », ce qui, selon lui, explique les limites imposées sur les retraits.

Pour pallier le problème le gouverneur Castel préconise l’utilisation de monnaie électronique, des chèques de direction et de la carte débit.

« Nous demandons au public de faire beaucoup plus l’usage du SPI (service de paiement interbancaire) ».

Le SPI est un système qui permet de payer ses factures (de toute sorte) en faisant le virement sur le compte du fournisseur. Les transactions se complètent dans 24 heures.

Il invite les banques à faire l’intégration de ce système pour favoriser les transferts d’argent. Le SPI est actif depuis près de 3 ans, selon les propos de Charles Castel.

Quant à la carte débit, elle « sera une réalité d’ici l’année 2012 », assure –t-il.

La banque centrale est en train de négocier avec les autres banques pour développer les interfaces sur l’usage de la carte de débit.

Par ailleurs, il affirme que des commandes d’importation du billet vert ont été placées et annonce qu’il y aura moins de pression sur le marché d’ici la semaine prochaine.

Il faut changer d’attitude

Pour l’économiste Eddy Labosière, les mesures prises par les banques haïtiennes de limiter les retraits sans avis préalable constituent « un manque de respect pour les déposants ainsi que le public en général, parce qu’il fallait préparer le public ».

« Le domaine de la finance est difficile et même fragile, n’importe quelle décision peut entrainer des mouvements de panique », ajoute-t-il.

Labossière critique aussi l’intervention tardive des autorités bancaires pour tenter de calmer la fureur des clients. Selon lui, il s’avère nécessaire de faire un travail de communication appropriée.

L’économiste souligne para ailleurs que l’économie mondiale est en train de changer depuis l’attentat du 11 septembre 2001aux Etats-Unis d’ Amérique. De plus en plus de gens utilisent de la monnaie électronique.

Ainsi, soutient-il, les Haïtiens doivent changer d’attitude de même que les banques afin de s’inscrire sur la voie de la modernité.

« Le mieux serait de permettre aux gens d’utiliser la monnaie scripturale, les chèques et les cartes de crédits, ce qui pourrait contribuer à diminuer les transactions en cash, qui font que les gens ont des montants considérables en poche », préconise Labossière.

« Pour cela, il faut faire un travail d’éducation auprès du public pour qu’il puisse s’adapter à la nouvelle forme de l’économie mondiale », suggère l’économiste. [rh jep gp apr 09/12/ 2011 17 :30]