P-au-P, 09 déc. 2011 [AlterPresse] --- Des centaines de personnes, affectées par la politique de dénationalisation appliquée par la junte centrale électorale (Jce) dominicaine, ont effectué un sit-in, le jeudi 08 décembre 2011, devant le parlement de la république voisine à Santo Domingo, pour dénoncer la situation d’insécurité juridique créée par l’administration politique du président Leonel Fernandez, selon des informations communiquées à l’agence en ligne AlterPresse.
Venus de Puerto Plata (Nord), La Romana, El Seybo, Monte Plata, San Pedro de Macorís (Est) et de la capitale Santo Domingo, les participantes et participants ont stigmatisé la décision de la cour suprême de justice dominicaine de reconnaître la capacité de la junte centrale électorale de délivrer des actes administratifs, alors que la loi en République Dominicaine attribue spécialement cette compétence aux tribunaux de première instance.
A la veille de la célébration, ce 10 décembre 2011, du 63 e anniversaire de la déclaration universelle des droits de la personne, il est inconcevable pour la Cour suprême de justice (suprema corte de justicia / Scj) dominicaine d’encourager une mise en œuvre rétroactive des lois sur le droit à la nationalité, signalent les participants.
L’arrêt de la cour suprême de la République Dominicaine, confirmant la semaine dernière un jugement de dénationalisation rendu le 12 novembre 2011, tend à renforcer l’insécurité juridique de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens dominicains, à qui est refusé le droit à la nationalité dominicaine.
Depuis 2007, quand la Jce s’est arrogé le droit d’annuler administrativement le droit à la nationalité dominicaine, une situation d’apatridie met dans l’embarras des milliers de personnes, pour une grande partie d’ascendance haïtienne, qui n’ont pas accès à des actes administratifs, tels un acte de naissance, un document d’identité, leur permettant d’évoluer comme êtres humains à part entière, rappellent les organisateurs du sit-in du 8 décembre.
C’est le cas de plusieurs enfants d’origine haïtienne, nés sur le territoire dominicain, qui ne peuvent pas disposer de documents administratifs afin de poursuivre leurs études académiques.
Les participantes et participants au sit-in du 8 décembre ont également rendu un hommage vibrant à la militante dominicaine Sonia Pierre, la fondatrice du mouvement des femmes dominico-haïtiennes (Mudha) décédée le dimanche 4 décembre et dont les obsèques ont été chantées le mercredi 7 décembre dans sa ville natale de Villa Altagracia (Nord).
La manifestation du jeudi 8 décembre 2011, devant le congrès national dominicain, constitue un nouveau signal, lancé par les organismes de promotion et de défense de droits humains, y compris de droits des migrantes et migrants, en souvenir de Sonia Pierre et dans la cadre de la poursuite de la lutte (menée sans relâche par la défunte) en faveur du droit à la nationalité dominicaine d’enfants d’ascendance haïtienne nés sur le territoire dominicain.
C’est aussi un appel à la mobilisation de toutes celles et de tous ceux qui s’identifient à la cause de la justice, dont le droit à la nationalité, en République Dominicaine, ont fait savoir les organisateurs du si-in, tenu sous les auspices de Mudha, du réseau Jacques Viau et du mouvement pour un registre civil exempt de discrimination (movimiento por un registro civil libre de discriminación). [rc apr 09/12/2011 0:00]