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Haïti-Parc industriel de Caracol : Un modèle pour Michel Martelly

Silence sur les impacts négatifs…

P-au-P, 29 nov. 2011 [AlterPresse]--- Le président de la République, Michel Martelly, a invité la population à la patience avant, dit-il, de voir se concrétiser son plan de changement, et plaidé pour la création de plusieurs parcs industriels et de zones franches, lors du lancement officiel des travaux de construction du Parc industriel de Caracol (PIC / Nord d’Haiti), le 28 novembre.

La cérémonie s’est déroulée en présence d’une foule de personnalités, dont l’ancien président américain Bill Clinton et Luis Alberto Moreno, président de la Banque Interaméricaine de Développement (BID).

Prenant la parole, le président Martelly a considéré les zones franches et les parcs industriels comme des modèles à répliquer.

« Voici un modèle d’investissement qui doit être réalisé dans d’autres départements. Ceci peut contribuer au changement du pays. C’est un modèle de développement durable, réel... », a déclaré le président Martelly.

Un changement réel ?

Le 14 décembre 2010, le gouvernement de Préval/Bellerive avait signé un accord de « principe » avec le gouvernement des États-Unis, en partenariat avec la BID, pour la mise en œuvre de ce projet à Caracol, située à 45 kilomètres de la ville frontalière Ouanaminthe, où fonctionne depuis 2003 une Zone franche.

« Haïti est ouverte aux affaires », a scandé Michel Joseph Martelly, qui renouvelle l’engagement de son gouvernement à continuer à rechercher des investissements pour favoriser la création d’emplois dans le pays.

De quel changement s’agit-il avec un salaire qui permet à peine aux ouvriers de se nourrir ?

D’après le Centre de facilitation des investissements (CFI), le gouvernement américain et la Banque interaméricaine de développement (BID) se sont engagés à investir 140 millions de dollars américains pour la production de l’électricité du parc industriel, la construction de près de 5.000 logements et la mise en place d’infrastructures manufacturières.

Le projet sera exécuté sur près de 246 hectares de terre en deux phases. La première phase, consacrée à la mise en place de certaines infrastructures, dont la clôture globale du terrain, sera exécutée sur 75 hectares de terre, selon des documents officiels dont dispose l’agence AlterPresse.

Seulement, le Parc industriel de Caracol, qui selon les instigateurs serait le plus grand et le plus moderne de la Caraïbe, sera construit en grande partie sur des terres fertiles, selon des témoignages recueillis par AlterPresse auprès des paysans de la région.

Par ce projet, les initiateurs envisagent de créer 65.000 emplois. La
compagnie coréenne Sea-A, Trading Co. Ltd le premier locataire du parc, fournira, à elle seule, 20.000 de ces emplois au cours des cinq premières années.

« Par notre investissement ici, nous voulons prouver aux autres investisseurs étrangers que nous avons le support des gouvernements américain et haïtien. Ils nous ont donné la garantie d’un climat favorable à l’investissement... », a indiqué K. W. Kim, président-directeur général de la Sae-A.

La firme sud coréenne Sae-A Trading Co. Ltd vise à investir 78 millions de dollars américains.

« Cet investissement, qui aura un impact positif dans le futur, montrera au
monde que le peuple haïtien travaille ardemment. Il est très compétitif, et est prêt à construire un avenir meilleur pour les familles », poursuit Kim.

Le maire de la commune de Caracol, Landry Colas, voit en la mise en place de ce Parc dans la commune, une opportunité économique pour la zone.

« La construction du Parc industriel dans la commune de Caracol ouvre une grande perspective sur la zone toute entière mais aussi permettra l’augmentation des recettes de l’Etat ainsi que les recettes locales. C’est une grande opportunité pour Caracol », indique Colas.

À tour de rôle, l’ancien président américain, Bill Clinton, et le président de la Bid, Luis Alberto Moreno, deux des principaux initiateurs du projet, ont renouvelé leur engagement de départ de continuer à supporter Haïti sur la voie du changement et du développement.

« Caracol, a signalé Luis Alberto Moreno, peut avoir un effet multiplicateur phénoménal dans cette région. »

Bill Clinton, pour qui le parc constitue un pôle industriel compétitif visant à changer les conditions de vie des communautés du Nord, a abondé dans le même sens.

« Le Parc industriel de Caracol est un signe positif que des investissements
étrangers peuvent contribuer dans la reconstruction d’Haïti. Ce projet apportera des dizaines de milliers d’emplois pour les Haïtiens. Je suis fier d’être présent pour l’inauguration des travaux de cet important projet », a-t-il dit.

Le Parc : entre enjeux sociaux et environnementaux...

En dépit des opportunités que les initiateurs du projet font miroiter, la crainte d’une atteinte à l’agriculture haïtienne et à l’environnement d’Haïti déjà fragilisé, parait certaine.

Pourtant, lors du lancement des travaux, pas un mot sur les éventuels impacts sociaux et environnementaux que le projet peut avoir sur la zone.

« Toutes les eaux de drainage du parc industriel et des zones de développement prévues autour du parc finiront par se déverser dans la baie de Caracol. », selon la firme américaine Koios associates LLC, qui a conduit une étude d’impact pour le ministere des finances. Koios avait même suggéré d’implanter le site ailleurs.

« Au cours de notre étude, a indiqué Koios, nous avons déterminé qu’il s’agit d’un écosystème côtier unique, productif et précieux. Même si les eaux usées du parc sont traitées, diverses autres menaces, liées au développement du parc industriel sur ce site, pourraient mettre cet écosystème en péril. »

En plus de la fertilité des terres, de grands risques : environnementaux et sociaux planent sur toute la zone d’installation du parc, suivant plusieurs études, notamment celles de Koios.

Pour Koios, le développement du Parc industriel dans la zone devrait avoir un double impact social. « Le premier découle du défrichage du site du parc, une zone agricole qui représente le principal moyen de subsistance pour la population. Un afflux important de population dans la région, constitue le second impact. », explique la firme.

Au terme de ces études, en particulier, sur les impacts et risques environnementaux du Parc industriel sur la zone, Koios a fait état d’un certain nombre d’impacts « négatifs » comprenant le déplacement potentiel des personnes habitant sur le site du parc ; l’afflux éventuel d’un grand nombre de personnes et la pression qui en résulterait sur l’infrastructure physique et sociale existante.

« Si une proportion suffisante des recettes fiscales supplémentaires était consacrée au développement et à l’amélioration des infrastructures sociales et physiques de la région, beaucoup de ces effets négatifs pourraient être évités ou atténués », avait conclu la firme. [sfd kft gp apr 29/11/2011 13:30]