Par Roody Edmé*
Spécial pour AlterPresse
Les 29 et 30 Novembre se tiendra à Port-au-Prince un sommet international sur l’investissement en Haïti. Une méga opération de marketing qui verra environ 400 hommes d’affaires d’ici et d’ ailleurs se réunir et discuter sur les opportunités d’investir dans notre pays.
Une véritable concentration de gens d’affaires de tous les horizons dans une capitale haïtienne qui cherche un second souffle, deux ans après avoir été pulvérisée par un terrible séisme. Il faut le reconnaitre, une certaine impatience de commencer pour de bon avec la reconstruction s’est traduite ces derniers jours par une série de rencontres autour de la problématique de l’ aide à Haïti et de son efficacité ; du deuxième sommet Haïti-Québec pour l’investissement ; et de séminaires sur le leadership qui ont attiré une bonne partie de la société civile au Karibe Convention Center la semaine dernière, sans parler de la grande réunion d’ appropriation des projets du nouveau Port-au-Prince.
Toute chose qui ressemble au démarrage d’une reconstruction annoncée, et qui pourrait signifier une sortie lente mais sûre de notre torpeur habituelle. Cependant, une hirondelle ne fait pas le printemps, et le landernau politique est connu pour ses ratages assurés des momentums les plus prometteurs. La Communauté internationale est, elle, coutumière des effets d’annonce qui n’accouchent même pas d’une souris. La machine étatique habituée à dysfonctionner ne peut s’accommoder sur le long terme d’un régime continu et ininterrompu de réformes. L’absence de consensus dans la société sur les fondamentaux de la reconstruction menacent à chaque prétexte d’aggraver les irritants qui sont autant de facteurs de blocage du démarrage espéré.
Le président de la république multiplie les initiatives unilatérales de dialogue qui pour l’ heure restent en surface et ne vont pas jusqu’ aux tréfonds du mal haïtien générateur de crises saisonnières les unes plus convulsives que les autres.
Les partis politiques n’arrivent pas encore, en raison de leurs multiples faiblesses institutionnelles, à jouer leur rôle critique, hors de la démocratie « cathodique », et de levier du changement dans une société rongée par un déficit institutionnel croissant.
La logique de la confrontation l’emporte toujours sur les voies éclairées de la négociation et de la pacification au nom d’un intérêt commun qui tarde trop à se définir. A l’heure du sommet des affaires de l’hôtel Karibe, il serait tout indiqué pour les pouvoirs publics d’envoyer des signaux énergiques sur leur volonté d’assainir l’environnement politique et social de ce pays. Car la conjoncture est encore boueuse, et le monde des affaires, différent de celui de l’humanitaire, a une sainte horreur de l’enlisement.
Pour que les assises du Karibe ne soient pas une conférence de plus, des mesures que l’on attend depuis trop longtemps doivent suivre pour montrer que nous ne marronnons guère sur un dossier aussi vital que celui de la « Refondation ».
*Éducateur, éditorialiste