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Situation humanitaire critique dans le Nord d’Haiti

P-au-P., 25 févr. 04 [AlterPresse] --- Les conditions de vie se sont détériorées dans le Nord et le Nord-ouest du pays à cause d’une pénurie de carburant, indique un rapport de mission des agences des Nations-Unies au Cap-Haitien et à Port-de Paix.

Les prix ont plus que doublé, les services sociaux se sont dégradés et les aliments tendent à manquer, apprend-on dans le document communiqué ce 24 février à la presse.

Toute la région du Nord et de l’Est d’Haiti est actuellement le théatre d’une insurrection qui a abouti à l’occupation de 4 grandes villes. Le Front de Résistance pour la Libération et la Reconstruction Nationales s’est emparé le 5 février des Gonaives, le 16 de Hinche, et le 22 du Cap-Haitien. Des forces rebelles ont également pris le contrôle de Port-de-Paix ce 24 février.

La prise de Gonaives, plate-forme de transport des ressources vers l’ensemble de la région du Nord, de sérieux problèmes ont été constatés.

Au Cap-Haïtien, les prix sont en nette augmentation, a fait savoir la mission des agences de l’ONU. Les visites d’hôpitaux ont diminué de 40% dû à une combinaison des frais de transport élevés et à un manque de liquidité, a encore noté la mission.

Une baisse de la fréquentation scolaire a été relevée au niveau de la ville du Cap. Cependant, dans la plupart des milieux ruraux, les enfants avaient déjà arrêté de fréquenter les établissements scolaires depuis le début de l’année, a souligné la mission d’évaluation de la situation humanitaire dans le Nord.

Lorsque la mission a visité Port-de-Paix, la ville n’était pas encore aux mains des forces rebelles. Mais tenant compte des effets de la prise de Gonaives, les prix de quelques marchandises avaient récemment plus que doublé en raison de l’insécurité et du manque de carburant.

Elisabeth Byrs de l’Office de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) a fait remarqué, dans une interview accordée à Radio Métropole, que des commerçants profitaient de la situation pour augmenter les prix de manière artificielle.

Les dépôts de carburant sont actuellement en rupture de stocks, ce qui affecte le transport, l’approvisionnement en eau potable, l’électricité, les télécommunications, et le secteur de la santé.

La mission a indiqué que la disponibilité de l’eau potable pourrait bientôt atteindre une étape critique. La malnutrition grave est consécutivement également en augmentation. En raison d’un rationnement sévère en électricité, les hôpitaux n’ont pour l’instant aucun laboratoire ou centre d’opération fonctionnelle.

La mission a fait savoir qu’il y aurait récemment des déplacements de la ville des Gonaïves vers Port de Paix, mais qu’aucune donnée précise n’est disponible actuellement qui permettrait de confirmer cette information.

Le 12 février dernier, le Groupe d’Appui aux Rapatriés et Réfugiés (GARR) exprimait sa vive inquiétude face à la détérioration de la situation socio-politique et de la violence meurtrière qui poussent de plus en plus de personnes à fuir leurs domiciles.

Le GARR relevait un fort mouvement de migration interne par terre ou par mer, suite à des actions punitives de groupes armés ou suite à certaines interventions dites de « rétablissement » ou de « maintien » de l’ordre.

Le GARR insistait sur des cas de résidences incendiées, assortis de fusillades, recensés à travers plusieurs départements géographiques, particulièrement dans la région Nord, laissant des familles entières dans la rue. Des étudiants, en butte à des persécutions violentes, désertent leurs foyers et des femmes enceintes, en fuite, cherchent refuge dans les bois, où elles accouchent dans le plus grand désarroi.

Les recommandations de la mission d’évaluation de la situation humanitaire dans le Nord vont de la fourniture en urgence de médicaments de base, de kits chirurgicaux, et de carburant à l’augmentation des stocks de nourriture et la poursuite les distributions de produits alimentaires déjà en cours, particulièrement dans les écoles.

Cependant, a souligné le bureau des Nations Unies en Haïti, ce genre d’opérations est compliqué par le pillage, le 23 février, de 800 tonnes de nourritures de l’entrepôt de Programme Alimentaire Mondial (PAM) des Nations Unies dans la ville du Cap-Haïtien.

L’ONU a récemment multiplié des appels à l’aide en faveur d’Haïti afin d’éviter une catastrophe humanitaire. Un nouveau couloir humanitaire vers le Nord avait été demandé le 13 février par les Nations-Unies. [gp apr 25/02/2004 01:55]