P-au-P, 25 nov. 2011[AlterPresse] ---Le Maire de Port-au-Prince, Jean Yves Jason a procédé à la relocalisation de 110 familles qui logeaient dans le Gymnasium Vincent depuis le séisme du 12 janvier 2010.
L’opération de relocalisation effectuée le 17 novembre 2011, entre dans le cadre d’un projet de trois millions deux cent mille gourdes (US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui), visant à diriger les familles vers un espace de vie décent et à lutter pour une autre Port-au-Prince, indique le maire.
Le projet comprend un financement pour la restauration du stade, selon Jean Yves Jason.
Chaque famille bénéficie d’un montant de 20 mille gourdes qui va lui permettre de louer un logement, ajoute le maire qui informe que 50 pour cent des chèques ont déjà été délivrés aux familles.
Des ingénieurs de la mairie de Port-au-Prince superviseront et évalueront le processus de relocalisation pour s’assurer des bonnes conditions de logement des familles. Cependant, les familles vont choisir elles-mêmes leur maison, précise-t-il.
La Mairie de Port-au-Prince a pris toutes les dispositions nécessaires de concert avec la présidence et les responsables du projet 16/6 (16 quartiers/6 camps) pour la réalisation de ce projet de relocalisation, assure Jason.
Selon le maire le respect des droits des sans abris du séisme du 12 janvier 2010, est garanti grâce à la somme versée pour leur relogement.
Dans la matinée du 17 novembre, les travaux de restauration du Gymnasium Vincent ont débuté. Les murs du stade étaient en train d’être retouchés par certains travailleurs, pouvait-on observer. A l’intérieur du stade, des activités de destruction de certains abris vides étaient en cours. D’autres abritaient encore des personnes qui n’ont pas encore déménagé.
Certaines familles ont commencé à quitter le Gymnasium Vincent. Les autres familles qui sont là n’ont pas encore régularisé leur dossier, souligne le maire de Port-au-Prince.
Parallèlement, d’autres actions sont déjà mises en œuvre le même jour pour le déplacement des 160 familles.
L’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), les responsables du projet 16/6 et la Mairie de Port-au-Prince s’en occupent, d’après Jason, annonçant que le prochain camp à évacuer sera par la suite celui du Champs de Mars. La Mairie attend le financement nécessaire, informe t-il.
Relocalisés et après ?
Pour plusieurs bénéficiaires du projet, il existe une absence de suivi. Ils disent craindre de se retrouver dans les mêmes conditions qu’auparavant après qu’ils auront dépensé la somme accordée pour leur relogement.
C’est le cas d’Huguette Francisse, mère d’un enfant et grand-mère de trois autres. L’argent est insuffisant, dit-elle, et sera vite dépensé à cause de l’inflation.
« J’accueillerais avec joie le projet au cas où il y aurait un suivi. Mais, il n’y en aura pas », se lamente-t-elle tout en signalant qu’elle n’a pas encore reçu sa part d’argent.
Elle souhaitait de préférence que l’Etat construise pour sa famille une maison qui pourrait devenir sa propriété après un temps.
Pour sa part, Martine Bassette, mère d’un enfant de 18 ans, se garde de parler de relocalisation parce que, selon elle, il s’agit d’un contrat signé entre la Mairie et les personnes du camp, destiné à permettre aux familles de louer une maison à un prix qui ne doit pas dépasser un montant de 20 mille gourdes.
« Les 20 mille gourdes ne sont pas suffisantes pour affermer une maison dans ce contexte post-séisme. Les prix d’affermage ont considérablement grimpé ces derniers temps », analyse t-elle.
Elle condamne cette forme de relocalisation ainsi que l’absence de suivi dans ce projet.
Les vingt-deux mois passés dans ce camp ont été vécus dans des conditions difficiles, rapporte Bassette qui dit n’avoir eu aucune aide de l’Etat ni aucun accès à des services sanitaires comme l’eau et les toilettes. Les personnes du camp faisaient leurs besoins dans des trous creusés à la diable.
Guerline Delfonse, quant à elle, dit s’en remettre à Dieu pour le reste, tout en remerciant la Mairie pour cette modique somme.
Dernièrement, dans cette même optique de libération des espaces sportifs, 561 familles de sans abris, qui s’étaient installées, dans des tentes, sur l’aire de stationnement intérieur du stade Sylvio Cator, ont été, pour la plupart, relocalisées par la mairie dans des conditions précaires à l’ouest de la capitale. [emb kft gp apr 25/11/2011 11 :50]