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L’ancien sénateur contesté Pierre Sonson Prince quitte Haïti pour raison de sécurité

P-au-P., 24 Févr. 04 [AlterPresse] --- L’ancien sénateur contesté lavalas, Pierre Sonson Prince, devenu dissident du régime à la fin de l’année 2003, a laissé Haïti le weekend écoulé en direction de Paris (France), pour échapper aux persécutions politiques mettant en péril sa sécurité personnelle, a confirmé l’intéressé à AlterPresse.

« C’est parce que ma vie est en danger que je quitte le pays où tout est possible avec le dysfonctionnement de la Justice et de la Police. Je m’en vais dans l’espoir de reprendre mes activités politiques au rétablissement de l’état de droit », a indiqué le dissident lavalas peu avant de partir pour l’exil en Europe.

Un tantinet révolté d’avoir à s’enfuir du pays, Pierre Sonson Prince a confié à AlterPresse que le régime lavalas s’apprêterait à maquiller son assassinat sur la base d’un échange de tirs, à l’exemple du montage préparé le 13 février 2004 à Saint-Marc (à 96 kilomètres au nord de Port-au-Prince) contre sa personne et celle du sénateur contesté Louis Gérald Gilles.

Ce dernier a été accusé par les membres du groupe paramilitaire BALE WOUZE (Nettoyer et Arroser, formé de civils armés partisans du régime lavalas) de transporter, en complicité avec Pierre Sonson Prince, une cargaison d’armes lourdes pour alimenter l’insurrection contre Aristide dans l’Artibonite.

La vérité, avait déclaré Prince, « mon ami Gilles avait accepté de prêter son véhicule officiel pour aller sauver un ami commun de la répression sauvage organisée par BALE WOUZE à Saint-Marc ».

Tout en avouant avoir évoqué avec Louis Gérald Gilles l’éventualité de son départ d’Haïti, l’ancien sénateur contesté, aujourd’hui dissident lavalas, n’a pas caché ses inquiétudes vis-à -vis de la sécurité personnelle de son ami Gilles qui, malgré qu’il se soit mis à couvert depuis une semaine, n’a pas encore compris le degré de ce qui se tramerait contre lui à l’intérieur du pouvoir lavalas, pense-t-il. A son avis, Gilles avait commencé à prendre ses distances d’avec le régime lavalas.

« Bien qu’il soit mon ami, je peux dire que Gilles a deux facettes : une critique et une autre « caméléon ». Ce qu’il exprime à la radio ne correspond pas vraiment à sa conviction profonde depuis bien longtemps. Il manque de courage pour dire certaines vérités et assumer certains risques, quoiqu’il soit extrêmement en danger aujourd’hui », a fait savoir Prince.

Dans cette interview à AlterPresse, Pierre Sonson Prince s’est prononcé à nouveau pour la démission de Jean-Bertrand Aristide, à travers une négociation pour une sortie en douceur du président contesté, avec moins de casse possible et contre la logique de la violence.

« Les crimes, assassinats, vols et viols demeurent la note dominante du pouvoir déliquescent et désordonné d’Aristide qui ne contrôle rien du tout. Mais, au lieu de persister dans son obstination pathologique de garder le pouvoir, Jean Bertrand Aristide devrait démissionner pour permettre au pays de retrouver la paix. Les bandes armées, qui opèrent pour Aristide, devraient comprendre qu’Aristide ne les emmènera pas avec lui à son départ », a souligné Prince.

Se référant à la déclaration le 19 février du président du 26 novembre, selon laquelle Aristide serait prêt « à mourir pour défendre Haïti », le dissident lavalas, aujourd’hui en exil en France, invite la communauté nationale et internationale à envisager tous les moyens possibles pour porter Aristide à laisser le pouvoir.

« Plus la communauté internationale tendra à faire durer la crise, plus ce sera fatal pour le pays qui connaîtra un bain de sang », prévient l’ancien sénateur contesté. [rc apr 24/02/04 12 :00pm]