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Haïti-Droits humains : A quand un meilleur traitement pour les migrants haïtiens ?

P-au-P, 15 nov. 2011 [AlterPresse] --- L’assassinat récemment de plusieurs ressortissants haïtiens en territoire dominicain ravive les questions liées à la vulnérabilité des migrants haïtiens, au moment où la chancellerie haïtienne cherche à dynamiser les relations diplomatiques.

Depuis la soirée du 9 novembre 2011, des ressortissants dominicains ont orchestré des attaques à l’encontre des Haïtiens, notamment à “La Descubierta”, en représailles à l’assassinat d’un dominicain [http://www.alterpresse.org/spip.php?article11889].

Le calme est revenu à la frontière. Toutefois, ces événements soulignent la nécessité d’une meilleure protection des ressortissants haïtiens dans leur pays d’accueil, particulièrement en République Dominicaine.

Le ministre des affaires étrangères et des cultes, Laurent Lamothe, indique avoir exigé des autorités dominicaines la protection des haïtiens résidant en République Dominicaine et dépêché une équipe sur place chargée de lui remettre un rapport détaillé sur la situation.

Laurent Lamothe annonce également que le président Michel Martelly l’a ordonné d’employer « toutes les ressources diplomatiques en vue de résoudre cette situation et d’intervenir systématiquement partout où un Haïtien serait en difficulté ou en danger ».

Lundi 14 novembre, Le Service Jésuite aux Réfugiés (SJR) a appelé le chancelier Lamothe à mettre en œuvre une politique étrangère soucieuse de la défense des migrants haïtiens.

Selon le SJR, les haïtiens vivant à l’extérieur, manquent de protection consulaire et n’ont pas accès aux services des représentations diplomatiques dans les pays d’accueil.

Laissés-pour-compte

Les migrants haïtiens qui, souvent, partent en situation irrégulière sont victimes de réseaux de traite et de trafic opérant en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ces réseaux leur promettent généralement des bourses d’études universitaires, du travail et même des voyages aux Etats Unis et en Europe.

Ils n’ont généralement aucun statut leur permettant de travailler, d’étudier et de circuler librement, explique le Service Jésuite aux Refugiés.

Contrairement au siècle précédent, ce n’est pas tant les problèmes économiques et politiques qui poussent les Haïtiens à quitter le pays, mais surtout les catastrophes naturelles et environnementales.

Une urgence d’un autre type …

L’Amérique Latine constitue un nouveau pole d’attraction pour les haïtiens. La majorité des migrants représente des jeunes qui veulent poursuivre leurs études et des citoyens qui partent à la recherche de travail.

Le SJR-Haïti rapporte qu’en 2009 les autorités équatoriennes ont enregistré 1.258 entrées d’Haïtiens dans leur pays contre 1.687 en 2010. Le nombre d’entrées haïtiennes en Equateur a atteint 1875 pour seulement le premier semestre de l’année 2011.

De Janvier à Juin 2011, 669 haïtiens sont entrés au Chili.

Au cours de la même période, sur 925 haïtiens interviewés par la police fédérale de Tabatinga (ville située à la frontière Colombie-Brésil-Pérou), 500 d’entre eux ont dit attendre la décision des autorités brésiliennes sur leur statut, indique le SJR.

Le Service Jésuites aux Réfugiés dit encourager la démarche du ministre des affaires étrangères, Laurent Lamothe, visant à dynamiser la diplomatie. Toutefois, le SJR souligne l’urgence d’une politique de protection des ressortissants haïtiens dans les pays d’accueil.

La problématique des déplacés et migrants a autant d’importance que les cinq ‘’E ‘’ prioritaires du gouvernement actuel à savoir l’éducation, l’emploi, l’environnement, l’Etat de droit et l’énergie, souligne le SJR.

Cette politique doit impliquer des secteurs tels l’Exécutif, les commissions parlementaires en la matière, des représentants de la diaspora et les organisations de la société civile travaillant dans le domaine, recommande l’organisation. [emb kft vs apr 15/11/11 11:52].