Par Emmanuel Marino Bruno
Port-au-P, 14 nov. 2011 [AlterPresse] ---Les conditions de fonctionnement, pour la rentrée académique 2011-2012, dans plusieurs entités de l’université d’État d’Haïti (Ueh), se révèlent difficiles, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Le coordonnateur général de la faculté des sciences humaines (Fasch), Hancy Pierre, dénonce une absence de budget pour le fonctionnement, au début de l’année académique 2011-2012, de ce centre public d’enseignement supérieur.
Sur les vingt neuf millions de gourdes (US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui) - qui devaient être versées l’an dernier -, une partie seulement avait été décaissée.
Le reste, qui vient d’être viré au cours de ce mois de novembre 2011, constitue l’unique fonds permettant, actuellement, à la faculté de fonctionner, explique Pierre.
« On est dans une nouvelle année fiscale et c’est seulement maintenant qu’on a décaissé neuf cent mille gourdes, alors qu’on aurait dû les avoir l’année dernière, suivant le budget », déplore t-il.
« On ne peut pas évoluer convenablement, on fonctionne dans la misère », ajoute le coordonnateur.
Le budget alloué à l’université d’État d’Haïti en 2009 dépassait à peine 0.5 % du budget national. Pour l’exercice fiscal 2010-2011, il était estimé à 0.6%.
Ce budget se subdivise en budget de fonctionnement et budget d’investissement. Ce dernier permet à l’Ueh de financer des constructions et des programmes de recherches scientifiques.
Après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, un million neuf cent mille gourdes ont été retirées du budget de la faculté des sciences humaines, précise Hancy Pierre.
Récemment, le conseil de coordination de l’université d’État d’Haïti a fait état, dans une note, de la dégradation des conditions de fonctionnement des différentes entités, causée principalement par le maigre budget alloué à celles-ci.
Au bord du gouffre
Samson Hervil, étudiant en communication sociale à la faculté des sciences humaines, dit ne constater aucun changement significatif, au début de cette année académique 2011-2012, par rapport à la précédente.
Ce sont toujours les mêmes conditions, les mêmes salles. Il n’y a aucun avancement, à part l’installation de quelques céramiques qui sont en cours, déplore t-il.
Selon lui, la faculté ne fonctionne pas du point de vue administratif. Des étudiantes et étudiants sont confrontés à beaucoup de difficultés pour trouver leurs notes, attestations et autres pièces administratives.
Hervil affirme observer un manque de planification dans quelques cours, comme la communication graphique et audiovisuelle, pour lesquels aucune salle appropriée n’a été aménagée.
Pour plusieurs autres étudiantes et étudiants de la faculté d’ethnologie, le problème du budget se pose également, mais il n’est pas le seul.
De l’avis de Mauley Colas, un licencié en anthropo-sociologie, il existe aussi un problème administratif, lié à une absence de volonté et de capacité de gestion du budget.
C’est un espace politisé, où seules les accointances politiques permettraient d’accéder aux postes administratifs, selon lui.
Ce qui constitue un handicap dans le fonctionnement de l’université d’État d’Haïti.
L’Ueh, qui devait servir comme un exemple de relations démocratiques, évoluerait comme un fief, ajoute t-il.
Intervenant sur la rentrée académique 2011-2012, Colas souligne un manque de disponibilité des professeurs pour dispenser leurs cours.
Ceci s’expliquerait par le mauvais traitement économique qui leur est accordé.
Pour sa part, Yveton Louis, étudiant en 3e année en anthropo-sociologie à l’ethnologie, critique les problèmes enregistrés dans le démarrage de la nouvelle année académique 2011-2012.
Louis regrette la réduction des deux sessions de l’année académique précédente en une seule.
L’administration entendrait mettre fin à cette session en novembre 2011, tandis que celle-ci devait initialement s’achever en décembre, déplore t-il en critiquant cet empressement.
Cette session spéciale a été prévue pour les étudiantes et étudiants afin de leur permettre de ne pas perdre l’année académique antérieure (2010-2011), perturbée par les luttes revendicatives estudiantines.
A cause de cela, la nouvelle année académique tarde à commencer, avance t-il
Pourtant, certaines facultés d’État ont déjà entamé timidement les cours de 2011-2012 .
L’administration procède actuellement à la remise des cartes d’immatriculation aux nouvelles admises et nouveaux admis à l’Ueh.
« Non à l’indigence » des espaces du savoir
Des dispositions sont prises en vue d’améliorer l’environnement d’apprentissage à la faculté des sciences humaines, d’après une note d’information du conseil de coordination de cette entité en date du 4 novembre 2011.
A cet effet, le conseil vise notamment à réorganiser la bibliothèque principale de la faculté ainsi que l’installation d’un centre de documentation.
Cette année, le conseil de l’Université d’État d’Haïti est déterminé à ne pas suivre cette voie, c’est–à-dire à ne pas cautionner l’indigence, dans laquelle se trouvent les entités, fait savoir Hancy Pierre.
Pour cela, l’université d’État d’Haïti projette d’organiser une grande mobilisation pour dire non à l’indigence.
Il faut que l’État central (parlement et exécutif) prenne en compte les prérogatives constitutionnelles en ce qui concerne le financement de l’université publique, avance Pierre.
Les responsables de l’Ueh prévoient, entre autres, l’aménagement des salles de cours, plutôt à moyen terme, et l’établissement des points d’eau à la disposition de la communauté universitaire.
Presque toutes les facultés de l’université d’État d’Haïti ont été touchées par le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Cette situation de destruction est venue compliquer les problèmes structurels existant déjà.
Aujourd’hui, la plupart des facultés d’État dispensent la formation universitaire encore sous des hangars. [emb kft rc apr 14/11/2011 00:30]