« Martelly peut attendre [plus tard] son tour, s’il ne prend pas ses responsabilités pour favoriser le jugement de l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier »…
P-au-P, 12 nov. 2011 [AlterPresse] --- Un regroupement, dénommé collectif des citoyennes / citoyens pour juger [l’ancien dictateur] Jean-Claude Duvalier (Kosijid) a tenu, le vendredi 11 novembre 2011, une conférence-débat en vue de sensibiliser la population sur l’obligation pour la justice de faire avancer les procédures sur les crimes perpétrés par le régime de Duvalier, a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
Constituée depuis le retour physique, le 16 janvier 2011 en Haïti, de Jean-Claude Duvalier (qui s’est réfugié en France pendant 25 ans), cette organisation de victimes ambitionne de forcer la justice à saisir le dossier de l’ancien dictateur, dont le régime (François et Jean-Claude Duvalier / 1957 – 1986] a causé la mort de plusieurs milliers de personnes (haïtiennes et étrangères / Kosijid parle de 30 mille victimes, assassinées et portées disparues).
Kosijid entend mettre en œuvre tous les moyens nécessaires en vue de rendre justice à toutes celles et tous ceux qui ont connu des tourments, l’emprisonnement, la torture, les assassinats, la douleur, l’enfer, l’exil, les privations et autres sévices sous le régime des Duvalier.
« Ce sont tous des crimes contre l’humanité », renouvelle le regroupement de citoyennes et citoyennes pour le jugement de Jean-Claude Duvalier.
Kosijid se donne également pour mission d’orienter les jeunes du pays et de demander, non seulement le jugement de l’auteur intellectuel des crimes, mais aussi de toutes celles et de tous ceux qui s’arrogent le droit de défendre l’ancien régime dictatorial.
« A ce moment, la théorie de domino sera appliquée à leur insu », explique Yves Pierre-Louis, un des membres du collectif pour juger Jean-Claude Duvalier.
A la conférence-débat du vendredi 11 novembre 2011 à Port-au-Prince, les témoignages étaient nombreux et poignants sur les moments sombres de la dictature des Duvalier.
« Il faut que l’impunité disparaisse dans le pays. Les sbires du régime, qui ont investi ma maison, ont enlevé plus de quatre personnes de ma famille, mes trois frères ainsi que mon beau-frère, ce qui a causé la perte de toute ma famille ».
« Alors que je n’avais que treize ans, ils ont pillé ma maison, emportant tout… Quelque temps plus tard, à l’âge de seize ans, ces sbires m’ont arrêté et emmené à la préfecture de Port-au-Prince, puis m’ont emprisonné durant 121 mois ».
Maltraité et emprisonné sous le régime des Duvalier, durant près de 17 fois, Raymond Davius a servi dans l’armée, avant de rejoindre les syndicalistes pour combattre la dictature au péril de sa vie.
Le collectif pour juger Duvalier s’interroge sur la lenteur (observée depuis janvier 2011) des procédures judiciaires pour un procès formel de Jean-Claude Duvalier en Haïti, en fonction des nombreuses plaintes portées contre son régime.
En plus de manifestations diverses de sensibilisation de la population, le collectif pour juger Duvalier projette de contrarier, par des actions coordonnées, les tendances "duvaliéristes" qui ressurgissent progressivement dans le pays en 2011.
Les membres du collectif se proposent d’organiser un mouvement idéologique pour traduire l’ancien dictateur devant les tribunaux en Haïti.
Pour ne plus être vautrés dans le mensonge, les jeunes d’aujourd’hui doivent connaître l’histoire de ce tyran, être informés notamment du terrorisme d’État instauré par le régime des Duvalier pour intimider tout le monde.
La société haïtienne [de 2011], dont ont hérité les jeunes d’aujourd’hui, est une des conséquences des séquelles obscurantistes du régime des Duvalier, signale le collectif pour juger Duvalier.
Une des victimes des Duvalier soupçonne la nouvelle administration politique de mai 2011 de disposer, en la personne de Jean-Claude Duvalier, d’un conseiller pour le nouveau président Michel Joseph Martelly, investi il y a 6 mois aujourd’hui.
A son avis, le président Martelly - qui est le produit du système… - vient accomplir une mission …, avec ses velléités de restaurer l’armée défunte qui a fait tant de malheurs en Haïti.
« Martelly peut attendre [plus tard] son tour, s’il ne prend pas ses responsabilités pour favoriser le jugement de l’ancien dictateur », affirme, avec amertume, la victime des Duvalier qualifiant d’ « inacceptable, une telle situation ». [jep rc apr 12/11/2011 00:30]