La nouvelle suspension de la séance d’interpellation du ministre de la justice, Josué Pierre-Louis, et du secrétaire d’État aux affaires étrangères, Michel Brunache, observée samedi 5 novembre par le Sénat dans le cadre de l’affaire Bélizaire, a été au menu de la plupart des émissions de débat politique dans les radios de Port-au-Prince. Acteurs politiques, chefs de partis, hommes de loi, parlementaires, cherchent à connaitre la légitimité d’une telle disposition adoptée par l’assemblée des sénateurs.
P-au-P, 07 nov. 2011 [AlterPresse] --- Le Sénat est en crise dans cette affaire, a déclaré le politologue Gracien Jean qui commentait la décision du Grand corps de suspendre à nouveau la séance d’interpellation du ministre de la justice, Josué Pierre-Louis, et du secrétaire d’État aux affaires étrangères Michel Brunache.
Gracien Jean, invité dimanche 6 novembre à l’émission « Pi lwen pi fon » (Plus loin plus profond) sur Radio Vision 2000, pour commenter les derniers rebondissements de l’affaire du député Arnel Bélizaire arrêté sans considération de son immunité, a dit déplorer également que l’équipe gouvernementale n’ait pas démontré une capacité à gérer la situation.
Après l’arrestation puis la libération le 27 octobre du député de Delmas/Tabarre, le Senat s’est montré déterminé à faire la lumière sur les faits. Enquêtes, menaces de révocation ont été lancées sur fond d’accusations à l’encontre du président Michel Martelly. Cependant, après avoir convoqué les plus hautes autorités de la police, parmi elles le premier ministre Garry Conille, les sénateurs ne sont pas allés au bout de leur démarche.
« Il faut craindre le comportement du président de la République Michel Martelly dans la gestion de cette affaire », a déclaré Gracien Jean, pour qui le Chef de l’Etat ne souhaite pas calmer le jeu contrairement à ce qu’il a affirmé récemment.
Michel Martelly l’a dit, il veut faire enquête lui aussi en mettant sur pied une « commission indépendante ». Tout en niant sa propre implication, malgré qu’il ait eu une conversation musclée avec le député quelques jours avant son arrestation, Martelly a appelé au calme.
« Le discours prononcé par le président Martelly a été apaisant. Je crois que le chef de l’État a pris la position correcte dans cette affaire », a déclaré Varnel Durandis, coordonnateur du parti politique proche du chef de l’Etat, Réponse Peyizan (Réponse des paysans),
Varnel Durandis, a rejoint toutefois le politologue Gracien Jean dans son analyse, en soulignant un manque de cohésion au sein du Grand corps dans le traitement du dossier d’Arnel Bélizaire.
« Les sénateurs et députés n’ont pas une position commune dans le bras de fer mettant aux prises le Législatif et l’Exécutif », a signalé Varnel Durandis, à l’émission Pi lwen pi fon (Plus loin plus profond).
Le chef de file de Réponse des Paysans a appelé, par ailleurs, les membres des trois pouvoirs à œuvrer au bon fonctionnement des institutions du pays.
« Je constate que le Sénat est en train de traiter le dossier avec légèreté. La Chambre des députés se prépare à donner dès janvier une réponse proportionnelle au gouvernement. Nous allons prendre une décision directe et historique », a déclaré le député de Chansolme/Bassin Bleu, Pierre Matin Tatoute.
Invité dimanche à l’émission Haïti équilibre sur Radio Planèt Kreyòl (Planète créole), le parlementaire s’est particulièrement interrogé sur le fondement du nouveau report de la séance d’interpellation au Sénat de la République, et a dit regretter l’attitude des sénateurs dans la gestion du dossier.
Par ailleurs, Pierre Matin Tatoute a critiqué l’attitude « irresponsable » des membres du gouvernement, entre autres le premier ministre Garry Conille, dans l’évolution de l’affaire Bélizaire.
« Il est anormal que tout le monde se déresponsabilise dans l’arrestation du député Bélizaire. Le comportement des membres du gouvernement indique clairement que le président Martelly est à la base de cette arrestation, car il est gardien de la bonne marche des institutions publiques », a fait valoir le député Tatoute.
Le ministre de la justice, Josué Pierre Louis, avait formellement nié dans la presse avoir donné l’ordre d’arrêter le député Arnel Belizaire, mais le chef de la police, Mario Andrésol a fait une déclaration devant le Senat qui réfute les propos du ministre. Sur insistance des senateurs, Andresol a indiqué que Josué Pierre Louis a bel et bien transmis la fameuse injonction à la police de saisir Bélizaire. [sfd kft gp apr 07/11/2011 13 :30]