Correspondance
Par Weibert Arthus
Paris, 20 févr. 04 [AlterPresse] --- C’est l’ensemble du "Théâtre International de la Langue Française" (TILF) qui apporte sa solidarité à la lutte des artistes et intellectuels haïtiens pour la défense des libertés publiques, regroupés au sein du Collectif NON.
Lors d’une conférence de presse le 6 février au local du théâtre, au parc de la Villette, à Paris, le directeur du TILF, Gabriel Garran, s’est joint à l’écrivain Lionel Trouillot, membre du Collectif NON, de passage en France, pour dénoncer la dictature de Jean-Bertrand Aristide. Les artistes du Théâtre International de la Langue Française ont ainsi répondu au cri d’alarme lancé par le Collectif.
« L’heure est grave. Nos vies sont menacées. L’ensemble de la population réclame le départ du gouvernement et la répression est terrible », s’écria le Collectif NON, en décembre 2003.
La conférence de presse du TILF à laquelle ont pris part un haut dirigeant de la Ligue des Droits de l’Homme et de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, un membre du Comité Debray et un responsable de l’Initiative Franco-Haïtienne contre la dictature en Haïti a permis de mettre l’accent sur des actions inacceptables des sbires du pouvoir lavalas qui ne sont pas rapportées par la presse internationale. Tout en accueillant positivement la démarche du TILF et des autres organismes qui soutiennent la lutte des artistes et des intellectuels, les panélistes ont déploré le fait que la grande majorité des victimes des pratiques aristidiennes, étant les gens les plus pauvres, sont anonymes et donc sans aucun soutien.
Certes, depuis les violences contre l’université le 5 décembre à Port-au-Prince, des dizaines de milliers de citoyens descendent régulièrement dans les rues pour exiger le départ de Jean-Bertrand Aristide mais les quartiers populaires sont toujours barricadés par les « chimères » lors des manifestations organisées par la Plate-forme démocratique pour empêcher aux gens de sortir. "Les habitants des quartiers populaires sont souvent forcés d’abandonner leur demeure après avoir participé aux manifestations contre Aristide", explique l’écrivain Lionel Trouillot. Et ceci n’est jamais rapporté dans la presse internationale.
Les plus grandes victimes de la répression sont les femmes parce que "le viol est la principale arme que les chimères, généralement des agents de la police, utilisent contre elles", a précisé une militante féministe qui assistait à la conférence. Au cours des manifestations ce sont des agents du palais national, ayant à leur disposition des matériels de l’Etat, qui, avec les « chimères », tirent sur une population sans armes.
"Il n’y a rien à négocier avec Aristide", a réitéré Lionel Trouillot à la conférence du TILF. L’écrivain réagissait sur les démarches entreprises par la Caricom ainsi que les récentes déclarations des officielles américains et français appelant à la négociation entre l’opposition et Aristide. "Impossible de cohabiter avec un pouvoir archaïque, barbare et criminel ; et il ne faut pas que les autres nous demandent d’accepter ce qu’ils n’accepteraient pas eux-mêmes".
Cet avertissement, Lionel Trouillot l’avait déjà lancé le 24 janvier à une réunion de L’Initiative Franco-Haïtienne contre la dictature en Haïti à laquelle il était intervenu pour évoquer les pressions qui doivent être exercées sur la communauté internationale afin de la porter à avoir une meilleure lecture de la situation haïtienne. "Impossible d’affronter les lobbiyistes de Jean-Bertrand Aristide qui disposent de grands moyens financiers pour mener leur campagne auprès de l’International", reconnaît Lionel Trouillot, mais la mobilisation des Haïtiens de la diaspora et des amis d’Haïti est plus efficace que toute la fortune d’Aristide réunit.
"Pour les Haïtiens, Jean Bertrand Aristide est un personnage "hors-la-loi" et la logique veut qu’on accompagne l’exigence de la population haïtienne en poursuivant la mobilisation permanente jusqu’au départ de lavalas du pouvoir", conclusion de l’Initiative Franco-Haïtienne contre la dictature en Haïti. Ce regroupement d’associations et de personnalités françaises et haïtiennes appelle à une manifestation dans les rues de Paris, le 28 février, pour dénoncer les graves violations des Droits et des Libertés en Haïti. [wa apr 20/02/2004 08:10]