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Haiti : Questionnements sur les dérives et orientations de la nouvelle administration politique

P-au-P., 26 oct, 2011 [AlterPresse] --- Première convocation au sénat de la république, ce jeudi 27 octobre, du nouveau gouvernement investi le 18 octobre 2011.

En séance plénière de l’assemblée des sénateurs, la nouvelle administration politique doit fournir des éclaircissements sur le rétablissement de forces armées, annoncé pour le 18 novembre 2011, date qui coïncidera avec le 208 e anniversaire (18 novembre 1803) de la bataille de Vertières ayant amené à l’indépendance d’Haïti le 1er janvier 1804.

Les forces armées d’Haïti ont été dissoutes en 1995 par l’ancien président Jean-Bertrand Aristide, dans un contexte d’implication d’anciens militaires dans de nombreux actes répréhensibles de violation de droits humains, comme leur participation dans plusieurs coups d’Etat.

Le nouveau chef de gouvernement, Dr. Garry Conille, et son ministre de l’intérieur, des collectivités territoriales et de la défense nationale, Thierry Mayard Paul, sont appelés à s’expliquer sur l’absence de débat national autour de la refonte des forces armées, les informations faisant état de recrutement et d’entraînement de recrues qui seraient en cours depuis quelque temps, le soupçon de “milice rose” au service du pouvoir politique que sous-tendrait la remise en vigueur des forces armées.

Plus qu’un questionnement, cette convocation du sénat semble mettre le doigt sur un ensemble de dérives et de tentations relevées dans le comportement de l’actuel président Michel Joseph Martelly.

Contrairement aux prescriptions de la Constitution du 29 mars 1987, toujours d’application, le nouveau gouvernement a 2 ministres de la présidence : l’un chargé des relations avec le parlement, l’autre responsable du dossier des ressortissants Haïtiens vivant à l’étranger. Est-ce que ces 2 ministres, apparemment des “super ministres” ou des ministres d’Etat (comme au temps de la dictature des Duvalier) abandonneront leurs postes en cas de vote de censure d’une des deux branches du parlement, les ministres relevant en principe du chef du gouvernement et redevables (de comptes) aux sénateurs et députés ?

Martelly a nommé des cartels municipaux, alors que des élections n’ont pas encore eu lieu. Plusieurs directeurs généraux d’organismes autonomes ont été installés sans l’aval du conseil des ministres sortants. Des attaques sont multipliées par la présidence contre la liberté de la presse et la liberté d’expression, tandis que la communauté internationale applaudit l’investiture du nouveau gouvernement, en dépit des écarts constitutionnels, légaux et administratifs.

Aucune délégation gouvernementale n’a assisté, le 13 octobre 2011, à la session de présentation du rapport sur la situation des droits humains en Haïti aux Nations Unies, contrairement au discours axé sur l’Etat de droit, la démocratie et le changement prônés par la nouvelle administration politique.
Quel rôle joueront les nouveaux cartels municipaux, les nouvelles délégations départementales (représentations de la présidence dans les 10 départements) au moment des compétitions pour le renouvellement du tiers du sénat, de la totalité des 140 conseils municipaux et des 570 conseils d’administration de sections communales ?

D’aucuns y voient les germes d’une tentation totalitaire, non officiellement assumée par la nouvelle administration politique, laquelle sera confrontée à des protestations, voire de possibles mouvements de désobéissance civile. [rc gp apr 26/10/2011 20 :00]