Correspondance Ronel Odatte
Hinche (Haiti), 25 oct. 2011 [AlterPresse] --- A l’appel de l’organisation pour l’avancement de Hinche (Olah), plusieurs centaines de personnes ont manifesté à Hinche (chef-lieu du Plateau central), le lundi 24 octobre 2011, contre le coût jugé exorbitant du service public d’électricité, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
« Il est temps que les droits sociaux des citoyens soient respectés. Toutes les rivières, qui alimentent la centrale hydro-électrique (mise en marche en 1971) de Péligre (dont le barrage a été érigé au Plateau central depuis les années 1950), proviennent de notre département », ont scandé les manifestantes et manifestants.
Pour les protestataires, réclamant le droit d’avoir accès a ce service social de base, les responsables de la compagnie publique dénommée "’Électricité d’Haïti" (EdH) "chercheraient à nous faire payer les vingt dernières années (1991 - 2011) de coupure de courant", enregistrées à Hinche.
« L’EdH n’est pas à notre service. Nous voulons que toutes les cités soient électrifiées », a t-on pu lire sur les pancartes brandies.
Si ces revendications ne sont pas satisfaites dans les jours qui suivent, un nouveau mouvement de protestation est prévu la semaine prochaine, celle du 30 octobre 2011, annoncent les chefs de file.
Après plus d’une décennie, une partie de la ville de Hinche est finalement électrifiée.
Seulement, 95% de la population n’a toujours pas l’électricité.
Depuis le retour de l’énergie dans les foyers, début octobre 2011, plus d’un millier de personnes ont produit des demandes de connexion auprès du bureau départemental de l’EdH.
25% ont pu payer les frais, qui varieraient entre 4 à 30 mille gourdes (US $ 1.00 = 41.50 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui), voire plus, pour être branché sur le réseau.
Trop cher, estiment beaucoup d’habitants, déjà en proie à un chômage galopant.
Plusieurs abonnés soupçonneraient l’EdH de leur exiger le paiement d’arriérés de factures datant d’avant la coupure.
« Nous ne paierons pas le ‘’black out’’ (coupure de courant) », refusent-ils.
Les manifestants s’en sont pris au directeur régional de l’Électricité d’Haïti à Hinche, Olivier Marcaisse.
« C’est un homme qui n’est pas à la hauteur de sa tâche. Il devrait être renvoyé » ont-ils avancé.
Interrogé par la presse, l’ingénieur Marcaisse affirme ne pas être autorisé à prendre la parole au nom de l’institution dont il fait partie.
Des interrogations pèsent sur le processus d’électrification complète au Plateau Central, qui pourrait prendre du temps.
La centrale hydro-électrique de Péligre, censée alimenter la ville de Hinche, ne serait pas prête à répondre à la demande.
« Après 40 ans de services, on doit penser à réparer les trois turbines, dont deux étaient tombées en panne depuis quelques temps », déclare l’ingénieur Rosnick Grante, responsable de la centrale.
Toutefois, Hinche peut compter sur l’apport de la centrale de Varreux à Port-au-Prince, selon lui.
En attendant, d’autres projets sont à l’étude, notamment la construction d’une autre centrale hydro-électrique dans le département, capable de générer jusqu’à 32 mégawatts.
Ce projet de 191 millions de dollars américains, qui comprend la remise en état de la centrale de Péligre, bénéficie d’une contribution du Brésil à hauteur de 40 millions de dollars.
Entre-temps, le secrétaire général de Olah, Bodelais Elie, invite tous les secteurs à se joindre à lui en vue de porter les décideurs à satisfaire les revendications de la population binchoise.
Les protestataires ont déjà le soutien du mouvement des paysans de Papaye (Mpp), organisation du mouvement social très influente dans le département.
Le porte-parole du Mpp, Chavannes Jean-Baptiste, se dit prêt à engager son organisation dans une grande mobilisation pour forcer l’EdH « à corriger son erreur ».
Les problèmes d’accès à l’électricité ont déjà occasionné, fin août 2011, de violentes manifestations dans le département de l’Artibonite [http://www.alterpresse.org/spip.php?article11461], voisin du Plateau central. [ro kft rc apr 25/10/2011 10:02]