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Radio-revue du week-end

Haïti/Sécurité Publique : « Quelles forces armées, pour faire quoi ? »

Le président Michel Joseph Martelly, a réaffirmé lors de l’installation du nouveau cabinet ministériel la semaine écoulée, sa volonté de rétablir les Forces Armées d’Haïti. L’arrêté présidentiel scellant cette idée est attendu avant le 18 novembre prochain. Le projet du chef de l’Etat a été au centre des débats dans plusieurs médias de Port-au-Prince le week-end du 21 au 23 octobre. Plusieurs personnalités se sont interrogées sur le bien fondé de cette décision.

P-au-P, 24 oct. 2011 [AlterPresse] --- Des observateurs et hommes politiques s’interrogent sur la finalité et les mécanismes de mise en place de l’armée en Haïti au moment où le chef de l’Etat, Michel Martelly, s’accroche à son idée de réhabiliter les Forces Armées d’Haïti au cours du mois de novembre prochain.

« Quelles Forces Armées pour faire quoi ? », s’interroge Himmler Rébu, ancien colonel des Forces Armées d’Haïti, dissoutes par l’ex-président Jean Bertrand Aristide en 1995.

Invité, dimanche, à l’émission « Enjeux » sur Radio RFM pour analyser les faits de la semaine, notamment le projet du président Martelly de rétablir les Forces Armées d’Haïti, Himmler Rebu a dit ne relever aucun inconvénient à ce projet.

Il y a une situation dans le pays qui exige la mise en place d’une nouvelle force publique, a fait savoir Himmler Rébu, soulignant que la Constitution reconnait l’existence des Forces Armées d’Haïti.

Il a déploré la décision de dissoudre cette force prise par l’ex-président Jean Bertrand Aristide pour satisfaire, a-t-il dit, une pulsion.

Cependant la mission de la nouvelle force à mettre en place doit être clairement définie préalablement pour éviter tout malentendu entre les différents secteurs du pays, a souhaité l’ex-colonel Rébu.

« Il y a des erreurs - qu’il faut corriger - dans la façon dont le chef de l’État a initié ce projet. Il faut un débat avec le Parlement, la société civile et les organisations de défense des droits humains sur la question », a recommandé Himmler Rébu.

Sa position a rejoint celle de Patrick Laurent, avocat au Barreau de Port-au-Prince.

Intervenant à l’émission « Le Moment de vérité (moman verite en créole) » sur Signal FM, Patrick Laurent, en plus de plaider pour le respect de la Constitution de 1987 en ce qui a trait aux forces publiques, a accueilli favorablement l’initiative du chef de l’État.

Cependant, Laurent a émis des doutes sur la faisabilité d’une telle initiative. « Avec quel budget va-t-on rendre opérationnel ce projet ? », s’est questionné l’homme de loi.

Un budget de 95 millions de dollars est nécessaire pour cette armée, selon les prévisions de la présidence.

Toutefois, « la communauté internationale (...) n’entend pas investir ses fonds dans un tel projet », a précisé Patrick Laurent.

Invité aux émissions ‘Le Moment de vérité’ et ‘Enjeux’, l’ambassadeur de la France en Haïti, Didier Le Bret, a lui aussi réagi sur la question.

Didier Le Bret a clairement indiqué qu’il revient aux Haïtiens de décider s’il faut une armée à Haïti.

« Le rétablissement des Forces Armées relève de la souveraineté d’Haïti. C’est le droit de n’importe quel pays d’avoir son armée », a précisé l’ambassadeur Le Bret sur Signal FM.

Mais, il a indiqué que « dans un pays où la communauté internationale joue un rôle important dans l’accompagnement, dans l’appui financier, n’importe quelle coopération a le droit de dire qu’elle ne contribue pas à financer une armée mais préfère plutôt investir dans le social. »

Pour ce qui concerne la France, Didier Le Bret a fait savoir que son pays s’est déjà engagé à supporter la Police Nationale d’Haïti et entend poursuivre en participant dans le renforcement de l’institution policière.

Didier Le Bret a dit souhaiter cependant des discussions diplomatiques et nationales pour faciliter le rétablissement sans difficulté de l’armée. [sfd kft gp apr 24/10/2011 13 :00]