P-au-P, 21 oct. 2011 [AlterPresse] --- Des organisations haïtiennes appartenant à différents secteurs entendent entreprendre des démarches judiciaires au niveau international dans le but d’exiger réparation pour les victimes du choléra et compensation des pertes économiques occasionnés par l’épidémie dans le pays, apprend AlterPresse.
Après des marches et des manifestations, ces organisations indiquent qu’elles sont en train de réunir des données en vue de saisir la Commission interaméricaine des droits de l’homme (Cidh) de l’OEA sur la question.
Outre des dédommagements en faveur des victimes, il s’agit aussi, selon elles, d’exiger le départ de la Mission des nations-unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah).
Plus de 6 500 personnes sont mortes du choléra, de source officielle. Une nouvelle flambée de l’épidémie inquiète actuellement les organisations humanitaires. Médecins Sans Frontières estime que l’urgence est toujours de mise, un an après l’apparition de la bactérie. D’ici la fin 2011, 75 mille nouveaux cas sont attendus.
Jusqu’ici en dépit des preuves scientifiques apportées par diverses études établissant la responsabilité des casques bleus de la mission dans l’introduction de la maladie dans le pays, les Nations Unies continuent de nier les faits.
Seulement, « on a suffisamment d’arguments pour que la Minustah soit condamnée et soit obligée de verser des dédommagements », déclare Camille Chalmers directeur exécutif de la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
Camille Chalmers précise que des démarches en vue de recueillir des informations auprès des parents des personnes décédées du cholera sont en cours. Les données doivent aider à monter un dossier dans le cadre de la mise sur pied de la partie civile, lorsque l’affaire sera portée devant la Commission interaméricaine des droits humains.
Le choléra a occasionné une « réduction drastique » de la production agricole, soutient l’économiste.
Les planteurs avaient peur d’entrer dans l’eau des rizières, surtout dans l’Artibonite où les premiers cas ont été enregistrés, pour ne pas attraper l’épidémie, alors que la vente de certains produits agricoles tels les légumes et les fruits a chuté, et que diaspora a limité ses déplacements vers Haïti, relève entre autres Chalmers, en terme de contre-coups du cholera sur l’économie.
Les pertes économiques engendrées par le choléra pourraient être évaluées à des centaines de milliers de dollars américains, estime t-il.
En ce qui à trait au renouvellement du mandat de la Minustah le 15 octobre dernier par le Conseil de sécurité des Nations Unies, la Papda dit rester « convaincue que la mobilisation populaire pourrait pousser le Conseil à revenir sur sa décision ».
Deux marches ont été organisées le 19 octobre (à l’occasion du premier anniversaire de l’apparition de l’épidémie dans le pays) notamment dans l’Artibonite (Nord) où les premiers cas de l’épidémie ont été enregistrés.
Des représentants de paysans venus de diverses zones du pays ont pris part à cette marche y compris des représentants de plusieurs organisations, en particulier, Tèt Kole ti peyizan (Union Paysanne), Solidarite fanm ayisyen (Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) et la Plateforme de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda).
Les funérailles symboliques de la Minustah ont été chantées par des mouvements sociaux lors de la marche qui a eu lieu dans la capitale. [rh kft gp apr 21 /10/2011 09:00]