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Haïti-Reconstruction : La plateforme "Je nan Je" renforce son engagement en faveur du droit au logement et à la terre

P-au-P, 20 oct. 2011 [AlterPresse] --- « Je nan Je » (Les yeux dans les yeux), plateforme d’organisations du mouvement social haïtien établie avec l’appui de l’organisation internationale ActionAid, a clôturé ce 19 octobre un colloque international de trois jours sur le droit au logement et à la terre.

Le colloque entre dans le cadre d’une vaste campagne de plaidoyer conduite à l’échelle du pays sur le droit au logement et à la terre. Il constitue l’aboutissement de divers ateliers régionaux organisés afin de recueillir les revendications touchant le sujet. « Je nan Je » a ainsi profité de l’événement pour présenter son cahier de charges national.

Environ 450 personnes ont pris part à chacune des journées de réflexions axées autour du thème « Haïti reconstruction : l’accès à la terre et au logement, un droit fondamental à garantir et à respecter ».

Pour Jean Claude Fignolé, directeur national de ActionAid, le colloque ne fait que s’embarquer dans une lutte que le mouvement social haïtien a à cœur.

« Je nan Je » entend « poursuivre avec des initiatives capables de pousser les instances décisionnelles à d’abord opérer des changements structurels et ensuite apporter des réponses réelles, concrètes adressant les problèmes des populations à partir de leurs attentes », indique Jean Claude Fignolé.

La question du logement et de la terre a été ravivée à la suite du séisme de 2010 qui a jeté 1,5 million de personnes dans les rues. Plus de 20 mois après, 600 mille d’entre elles vivent encore dans des abris précaires et insalubres.

Le séisme a également fait ressurgir l’épineuse question du foncier, qui selon les participants au colloque, demeure un frein au relogement des sans abris.

« Il est injuste, immoral et anormal qu’un groupe de personnes possède toutes les terres. On les connait ce sont l’Eglise, l’Etat, les élites intellectuelles ou descendants de militaires alors que les paysans vivant aux alentours de ces terres ne peuvent les exploiter. Cela crée un cycle de pauvreté, une situation de misère, ainsi que l’exode et la migration », soutient Doudou Pierre Festile, membre de « Je nan Je ».

La transparence sur les fonds dépensés dans le cadre de la reconstruction du pays, gérés au niveau de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti(CIRH) a été entre autres au centre des échanges, de même que la dégradation de l’environnement et des ressources.

Une reforme agraire véritable et inclusive, des crédits au logement, la participation de la population dans la reconstruction, un plan d’urbanisation et d’aménagement du territoire, figurent au nombre des revendications issues du colloque.

« Nous sommes conscients que nous nous sommes engagés dans une longue bataille. Nous sommes confiants dans la force de ces premières activités, ce premier rassemblement…Nous pensons qu’un espace s’est crée pour que nous devenions plus forts, afin de nous engager dans une direction claire, stratégique et définitive sur ces questions », souligne Jean Claude Fignolé.

Dix organisations, dont le Mouvement des Paysans de Papaye (MPP), l’Association des Paysans de Vallue (APV), et le Réseau National Haïtien pour la Souveraineté et la Sécurité Alimentaires (RENHASSA), constituent la plateforme « Je nan Je ». [kft gp apr 19/10/2011 09:20]