P-au-P, 19 oct. 2011 [AlterPresse] --- Des comités de droits humains, regroupés au sein du Réseau Frontalier Jeannot Succès (RFJS), signalent que l’épidémie de choléra continue de faire des morts dans les zones frontalières avec la République Dominicaine en raison des mauvaises conditions de vie des habitants, un an après les premières manifestations (le 19 octobre 2010) en Haïti.
Les comités de droits humains lancent un SOS à l’État haïtien pour qu’il réagisse.
Les zones frontalières de Bocbanique (section communale de Thomassique), de Baptiste (un quartier de la commune de Belladère), de Lascahobas (toutes des localités dans le Plateau central) et de Font-Verrettes (Ouest) sont très frappées par l’épidémie du choléra, fait savoir le coordonnateur du comité des droits humains de Lascahobas, Vilnor Dormévil,
De janvier à septembre 2011, 333 personnes sont mortes à Bocbanique (Bokbanik) sur 1784 infectées.
A Baptiste 121 personnes sont mortes et 1846 infectées.
A Lascahobas, 27 personnes sont mortes et 1220 infectées entre mai et septembre 2011.
Ces chiffres ont été avancés par Dormévil en conférence de presse, donnée à Port-au-Prince ce mercredi 19 octobre 2011, et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Les zones frontalières, ci-dessus énumérées, n’offrent aucun accès aux moyens de transports et de communication, ni à l’eau potable ou aux structures de soins de santé comme les centres de traitements de choléra, relève Dormévil.
L’utilisation de de l’eau de rivière comme eau de boisson, par de nombreux habitants, tend à faire augmenter la propagation de l’épidémie de choléra dans les zones frontalières, rapporte-t-il.
A Bocbanique, quand quelqu’un est contaminé par le choléra, il doit parcourir18 km pour trouver le centre de traitement de choléra le plus proche à Cerca-la-Source.
Cette absence d’infrastructures a causé la mort de plusieurs malades, signale Dormévil.
C’est aussi le même cas de figure qui se présente à Baptiste, un quartier de la commune de Belladère.
En ce qui concerne la commune de Lascahobas, les malades peuvent trouver une première assistance à l’Hôpital La Santé, situé à la Colline. Mais, après, ils sont obligés de se rendre dans la ville de Mirebalais pour trouver un centre de traitement de choléra.
Seuls les habitants, pourvus de moyens économiques adéquats, sont capables de suivre un traitement dans les centres de santé privés de Baptiste, affirme Vilnor Dormévil.
« Ce n’est pas possible de laisser les gens mourir ainsi dans les mornes, dans les zones qu’on dit reculées », dénonce Dormévil, qui considère l’irresponsabilité de l’ État haïtien, dans la gestion de l’épidémie de choléra, comme une violation de droits humains.
Il demande également aux autorités haïtiennes d’exiger des réparations de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), responsable de l’introduction du choléra dans le pays. [emb kft gp apr 19/10/2011 13:40]