P-au-P., 14 oct. 2011 [AlterPresse] --- Le Sénat haïtien a approuvé tôt ce 14 octobre la déclaration de politique générale du premier ministre Garry Conille, ainsi que son cabinet, lors d’une session d’environ 11 heures d’horloge.
Des 27 sénateurs présents - sur 30 qui composent le Grand corps -16 ont voté pour, quatre contre et six se sont abstenus, tandis que, conformément aux règles de procédure, le président du Sénat n’a pas voté. Le plan de Conille a ainsi obtenu la majorité absolue requise.
Selon ce qui a été prévu, il devrait refaire le même exercice ce 14 octobre devant la Chambre des députés et s’il bénéficie d’un vote favorable il deviendra alors chef de gouvernement.
À la fin de la session au Sénat, Conille a remercié les parlementaires et a promis de tenir compte de leurs recommandations à propos de son énoncé de politique générale, articulé principalement autour de l’éducation, l’emploi, l’État de droit, l’environnement et l’énergie.
Il a déclaré que son gouvernement continuera à « dialoguer avec le Parlement » et que les deux instances « travailleront ensemble pour répondre aux besoins de la population d’Haïti ».
Le président du Sénat, Rodolphe Joazile, a, pour sa part, invité le premier ministre à « prendre ses responsabilités », car le vote favorable n’est pas un « cadeau » et le Sénat se continuera à jouer son « rôle de contrôle », a-t-il dit.
Dans son plan, Conille a promis d’améliorer les conditions économiques et sociales de la population grâce à la création d’un million d’emplois directs et une croissance de 9 % l’an au cours des cinq prochaines années.
Il a considéré « urgent » de résoudre les problèmes de logement des victimes du terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, dont 600 000 vivent encore sous des tentes, particulièrement à la capitale.
Pour lui, il faut assurer un « meilleur avenir » à ces gens et réhabiliter les espaces publics occupés par les camps de déplacés, sans recourir aux « expulsions ».
A propos de l’environnement, Conille a établi un objectif de couverture végétale de 30% en cinq ans, alors que le pays ne dispose aujourd’hui que de moins de 2 % de couverture forestière.
En ce qui a trait à la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), il a déclaré qu’elle doit partir « le plus vite possible », mais il a estimé que le pays « doit être capable de remplacer progressivement » les fonctions remplies par les casques bleus, pour un plan de retrait progressif.
Bon nombre des sénateurs ont fait des recommandations à Conille et certains ont critiqué sa déclaration de politique, notamment les sénateurs Francois Annik Joseph et Steeven Benoit.
Annik Joseph a souligné le fait que le plan Conille n’aborde pas la question de la répartition de la richesse dont il dit vouloir encourager la création. Selon lui, sans des mécanismes de répartition, la création de la richesse peut produire plus de pauvreté.
Benoit s’est plaint du fonctionnement de l’apparente fragilité de la coalition qui supporte Conille, car, a-t-il critiqué, le président Michel Martelly se comporte en « dictateur » qui « ne respecte personne ».
Pour le sénateur Andris Riché, dans la déclaration de politique générale, le problème de souveraineté nationale n’est pas abordé, or « c’est la grande question », que « nous avons peur de poser ».
De son coté, le sénateur Jocelerme Privert a estimé que la légalité devrait gouverner toutes les actions de l’Etat. Il a fait référence à plusieurs décisions de Martelly, prises, selon lui, en dehors des normes légales.
Le gouvernement est composé de 18 membres, dont trois femmes, trois membres de l’ancien parti officiel INITE et un autre Haïti en Action (AAA). [gp apr 14/10/2011 12 :00]