Par Vario Serant et Gotson Pierre
P-au-P., 17 févr. 04 [AlterPresse] --- Face à l’insurrection armée qui le menace, le gouvernement haïtien espère l’aide de la communauté internationale.
Le Premier Ministre Yvon Neptune, qui intervenait au programme gouvernementale hebdomadaire « Les mardis de la presse », a souhaité une implication de la communauté internationale.
« Quand le peuple est menacé, quand la police fait face a des trafiquants de drogue qui sont armés, a des trafiquants d’armes qui se couvrent de prétexte politique pour agir, pour semer le deuil, la violence, pour continuer de détruire l’environnement social et physique d’Haïti, il est du devoir de la communauté internationale de s’impliquer », a indiqué le chef du gouvernement.
A la question de savoir s’il souhaite une intervention militaire, Yvon Neptune a répondu qu’il revient « a la communauté internationale de se mettre ensemble pour voir quelle est la meilleure approche ».
Le Premier ministre a évoqué des accords et conventions conclus par Haïti avec des instances internationales pour justifier l’urgence d’un engagement de la communauté internationale en Haïti.
« Nous avons signé des accords avec l’OEA (Organisation des Etats Américains). Nous devrions avoir des agents pour renforcer les effectifs de la police nationale. Le gouvernement entend respecter ses engagements. Il incombe à l’OEA de respecter ses engagements », a renchéri Yvon Neptune.
Cette déclaration du chef du gouvernement haïtien succède à une hypothèse de déploiement « d’une force de paix internationale » envisagée par le ministre français des affaires étrangères, Dominique Devilpain, estimant que « beaucoup de pays sont prêts à agir et ont les moyens de le faire ».
Un responsable de l’opposition, Micha Gaillard, a assimilé à la manifestation d’un « intérêt certain pour Haïti » cette position de la France.
En revanche, les Etats-Unis ont affiché ce 17 février une certaine réticence à propos de l’envoi d’une force internationale en Haïti, préférant presser les acteurs politiques de trouver une solution à la crise.
Le président Jean Bertrand Aristide a réaffirmé encore ce 17 février sa détermination à achever son mandat quinquennal le 7 février 2006.
Les insurgés des Gonaives (nord) ont annoncé le 13 février leur intention de marcher bientôt sur Port-au-Prince en vue de faire partir Jean Bertrand Aristide.
Entre-temps, une nouvelle ville est tombée aux mains des rebelles, Hinche, où une attaque contre la police ce 16 février a fait 3 morts, dont le directeur départemental de la police, Jonas Maxime.
Après l’attaque, les policiers se sont enfuis vers la ville de Mirebalais (sud-ouest de Hinche). Le commissariat a été incendié par la population, les prisonniers se sont évadés et plusieurs édifices appartenant aux membres du régime lavalas ont étés saccagés.
Selon des informations recueillies sur place, l’attaque a été menée par un commando d’une cinquantaine d’hommes lourdement armés et vetus de treillis militaire, ayant à leur tête, Louis Jodel Chamblain, un ancien chef paramilitaire, qui a rejoint récemment les rebelles.
Louis Jodel Chamblain et son compagnon, l’ex commissaire de police Guy Philippe ont scellé récemment une alliance avec le Front de Résistance Anti-Aristide, devenu Front de Libération et de Reconstruction Nationales.
Chamblain fut le numéro 2 du FRAPH, une milice qui avait terrorisé la population pendant la dictature militaire du général Raoul Cédras, de 1991 à 1994. Il a été condamné par contumace aux travaux forcés en 1995, pour l’assassinat en 1993 du commerçant et militant politique Antoine Izmery.
Le ras le bol exprimé par des populations de diverses régions du pays vis-à -vis du régime a donné lieu à des comportements extrêmes. A Maissade, une petite localité de l’est d’Haïti, Louis Jodel Chamblain a été accueilli en « héros » par une foule en liesse ce 17 février. [vs gp apr 17/02/2004 22:50]