P-au-P., 5 oct. 2011 [AlterPresse] --- Le public haïtien découvre ces jours-ci avec beaucoup d’intérêt le film documentaire « Goudougoudou » sur le séisme du 12 janvier 2010, projeté en première dans divers lieux de la capitale.
Ce film, réalisé par Pieter Van Eecke (belge) et Fabrizio Scapin (italien), a eu un accueil chaleureux à la Fondation Conaissance et Liberté (FOKAL) le 3 octobre et à l’Institut Français d’Haiti (IFH) le jour suivant.
Goudougoudou se déroule à travers dix témoignages intimes mélangés de scènes de vie, dans une ville de Port-au-Prince détruite, peu après le tremblement de terre.
Pour Pieter Van Eecke, le documentaire a été conçu avec le souci de mettre l’accent sur « la dignité » des Haitiens. « C’est un honneur de le montrer en Haiti », ajoute-t-il.
Les uns plus prenants que les autres, les témoignages captent l’attention du public, font part de sentiments forts à propos de la vie et de la mort, et provoquent de l’émotion.
Au bout des 55 minutes de film, les spectateurs et spectatrices, en majorité des jeunes, émergent d’une expérience qui pousse aussi à de nombreuses interrogations.
Replongés dans l’ambiance de chaos de la capitale au lendemain du 12 janvier 2010, certains pointent encore du doigt la « centralisation » et l’irresponsabilité. « Si non, il n’y aurait pas tant de morts ».
Pourtant, dans le documentaire, la mort n’est présente qu’à travers les témoignages qui explorent souvent les rêves. Il fallait à tout prix éviter « les images de catastrophes, omniprésentes à travers les grands médias », confie Pieter Van Eecke, qui revendique une démarche plutôt « poétique ».
Les réalisateurs soutiennent aussi avoir fait un film de proximité en donnant la parole à leurs amis et connaissances rescapés de la terrible catastrophe.
Pour eux, cette réalisation se situe à la frontière du passé, du présent et de l’avenir, car, dit Van Eecke, « il faut se souvenir, oublier » et espérer.
Cette semaine également, « Goudougoudou » sort des « lieux institutionnels » et est projeté dans des communautés comme Carrefour-Feuilles (secteur sud-est) et Carrefour (périphérie sud), annonce Fabrizio Scapin.
Le film a fait une première sortie officielle au Palais des Beaux Arts de Bruxelles le 10 juin 2011 et a été présenté par la suite dans les à-côtés du festival de Venise en Italie. [gp apr 05/10/2011 14 :00]