P-au-P, 28 sept. 2011 [AlterPresse] --- Un projet de création d’une nouvelle force armée par le président haïtien Michel Martelly circule depuis mardi dans des medias, ravivant l’une de ses promesses de campagne au moment où la présence de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) suscite des controverses politiques.
Selon le document de 22 pages, dont l’origine n’est pas explicitée, cette force sera composée d’un effectif initial de 3 500 personnes, et doit être opérationnelle dans trois ans. Le recrutement est prévu pour débuter entre octobre et novembre prochains.
Contactées par AlterPresse, des sources de la présidence ont dit ignorer l’existence du document, mais ont admis que le rétablissement de l’armée fait l’objet d’intenses réflexions au palais national.
La nouvelle armée sera placée sous le contrôle du président de la République qui dirigera une structure de défense appelée « Conseil National de Défense et de Sécurité (CNDS) ».
Ce conseil réunira entre autres le premier ministre, le ministre de l’intérieur et le ministre des affaires étrangères, et concentrera les domaines de l’immigration, des frontières, de l’intelligence, de l’environnement, et même le service d’identification nationale.
Le chef de l’Etat entend rapporter l’arrêté du 6 janvier 1995 prononçant la dissolution des Forces Armées d’Haïti(FADH) et proclamer par un nouvel arrêté le retour des FADH, entre septembre et octobre 2011.
Le document prévoit aussi une indemnisation de 6 cent millions de gourdes pour « clore définitivement ce chapitre » des militaires démobilisés.
Le projet de création de cette nouvelle armée coûtera plus de 4 milliards de gourdes, soit 95 millions de dollars, selon le document. L’appui du Brésil, de la France, des Etats-Unis et de la MINUSTAH est notamment déjà visé pour ce qui concerne le recyclage de 650 militaires démobilisés qui seront jugés aptes au service actif.
Par ailleurs la création d’un ministère de la défense et de protection civile est évoquée dans le document. Ce ministère interviendra entre autres dans les domaines de renseignements et contre renseignements.
De plus la mission du Secrétariat d’Etat à la sécurité publique sera modifiée et concernera la « prévention de la vulnérabilité des citoyens notamment face aux risques de tous ordres : alimentaire, sanitaire, chimique, de pollution, spoliation des biens et espaces publics et des sites historiques ».
« Loin du modèle hybride de l’Armée démobilisée en 1994 avec une formation militaire dans des tâches de police, la Nouvelle Force Armée de Défense, placée sous la prépondérance du Pouvoir Civil, tirera son rôle dans la nécessité de renouer le lien biologique qui, jadis, unissait le peuple à son armée », lit-on dans le document.
La mise sur pied de cette armée s’explique principalement par la nécessité d’attirer les investissements étrangers et celle de remplacer la MINUSTAH à son départ, selon le texte.
Une résolution prise par le Sénat haïtien au cours de ce mois de septembre fixe au mois d’octobre 2012 la date du retrait définitif de la MINUSTAH. Le chef de l’Etat est pour sa part favorable au maintien de la mission, moyennant un « retrait progressif » sans délai imparti.
La MINUSTAH est très décriée surtout depuis le viol d’un jeune haïtien par des membres de la mission. Le président Michel Martelly affiche toutefois son opposition au départ des troupes onusiennes dont le calendrier de retrait définitif n’est jusqu’ici pas établi. [kft gp apr 28/09/2011 14 :00]