Español English French Kwéyol

Haïti-Education : Pour une politique budgétaire responsable

P-au-P, 28 sept. 2011[AlterPresse] --- L’économiste et professeur à l’université, Eddy Labossière, appelle à une politique budgétaire plus responsable de l’Etat en matière d’éducation.

Labossière participait le 26 septembre à la dernière conférence d’une série autour des questions liées à l’éducation, organisée par l’Union des Normaliens Haïtiens (UNNOH).

Cette ultime causerie s’est déroulée autour du thème « La rentrée des classes 2011-2012, problèmes et perspectives » et a offert une analyse du système éducatif haïtien.

Selon Eddy Labossière, « il n’est pas normal que 6% à 7% du budget soit consacré à l’éducation ». Il souligne que le premier combat qu’il faut mener est d’obliger l’Etat à augmenter le budget de l’éducation.

« Il faut que l’Etat soit capable de consacrer 30% du budget à l’éducation », recommande-t-il, tout en plaidant pour une politique budgétaire, fiscale et monétaire plus efficace.

« Pour que Haïti progresse, il faut une bonne formation des haïtiens », affirme t-il. « Il n’est pas normal qu’un million cinq cents enfants qui sont en âge d’aller à l’école, ne peuvent pas y aller » et « le nombre d’écoles publiques disponibles ne représente que 10 % » de l’offre scolaire, explique t-il.

Pour sa part, James Beltis, étudiant à la faculté des sciences humaines, critique l’ « irresponsabilité » du gouvernement qui ne prend, selon lui, aucune mesure efficace pour permettre une rentrée des classes réussie. Le report officiel de la rentrée des classes (au 3 octobre) n’a pas contribué à permettre à plus d’enfants d’aller à l’école, ajoute t-il.

Beltis pense que le gouvernement n’a pas réellement de volonté pour favoriser l’éducation gratuite.

« Si vraiment le gouvernement avait une volonté de rendre l’école accessible à tous, sa première démarche aurait été de publier la loi sur les frais scolaires. C’aurait été un véritable soulagement pour les parents », indique-t-il.

Beltis recommande la publication de la loi en question, selon laquelle le montant annuel de ces frais ne doit, en aucun cas, dépasser l’équivalent de deux mois de scolarité pour le préscolaire et de trois mois de scolarité pour le fondamental et le secondaire.

L’intervenant a aussi plaidé pour une augmentation de la capacité d’accueil des écoles publiques afin de permettre à plus d’élèves d’aller à l’école, ainsi que la restauration de celles logées dans des hangars en bois depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.

Il a suggéré en même temps à l’Etat de faire un recensement des maisons vides pour la création d’autres établissements scolaires.

Beltis appelle le gouvernement à payer les arriérés de salaire aux professeurs avant la réouverture des classes.

« Le métier de professeur est noble (…) on ne peut pas parler d’éducation sans professeur », souligne Beltis.

Lors de cette conférence-débat, l’Union des Normaliens Haïtiens (UNNOH) a profité pour annoncer une manifestation ce jeudi 29 septembre 2011 dans le but d’exiger, de la part du président Michel Martelly, la satisfaction des revendications des enseignants et des parents d’élèves. [emb kft gp apr 28/09/2011 07:30]