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Haïti-Education gratuite : Inquiétudes dans le Sud sur la promesse de Michel Martelly

Correspondance - Joseph Serisier

Cayes (Haïti), 08 sept. 2011 [AlterPresse] --- À moins d’un mois de la réouverture [officielle] des classes - renvoyée à début octobre 2011 au lieu de septembre (malgré une reprise effective, le 5 septembre 2011, dans certains établissements scolaires à curricula internationaux) -, la possibilité de rendre l’accès gratuit à l’éducation dans le Sud est remise en question dans ce département géographique en Haïti.

Beaucoup de parents, dans le Sud, se disent désespérés, dans un contexte d’augmentation des frais scolaires dans les écoles privées, contrôlant à environ 80 % l’offre nationale en éducation (celle du secteur public étant encore très faible en 2011), selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

La coordonnatrice départementale du Sud de l’union nationale des normaliens d’Haïti (Unnoh), Marie-Anne France, exprime les préoccupations de son organisation quant à la réalisation effective de la promesse du président Michel Joseph Martelly de scolariser gratuitement plusieurs milliers d’enfants durant son quinquennat (14 mai 2011 - 7 fevrier 2016).

Les problèmes administratifs et structurels au ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), dont les directions départementales et les structures décentralisées, pourraient entraver cet effort, craint l’Unnoh du Sud d’Haïti.

Marie-Anne France souligne également des faiblesses techniques et pédagogiques dans le plan de Martelly.

La nomination de plusieurs centaines de professeurs (en attente de lettres administratives officielles) depuis des années, les arriérés de prestations dues aux enseignantes et enseignants, les conditions difficiles dans les lesquelles ces derniers dispensent le pain de l’instruction, sont au nombre des problèmes à considérer avant de parler d’école gratuite, ajoute t-elle.

Entre-temps les frais scolaires au niveau des écoles privées auraient subi une augmentation substantielle.

Interrogés par AlterPresse, des bouquinistes de la ville des Cayes (chef-lieu du département géographique du Sud) font état d’une baisse considérable de la vente de manuels scolaires, à quelques semaines de la rentrée des classes d’octobre 2011, comparativement aux années précédentes.

"Nous ne savons plus à quels saints nous vouer pour pouvoir envoyer nos enfants à l’école", déclarent de nombreux parents aux sources de revenus précaires.

"Nous avons reçu un coup très dur en apprenant que le programme (de Martelly) touchera uniquement les enfants, âgés entre 6 et 12 ans, qui n’ont été jamais à l’école". affirment certains parents, dans le département du Sud d’Haïti, qui avaient fondé des espoirs sur une concrétisation de la promesse électorale d’école gratuite faite par Martelly.

Plus de 24 mille enfants en âge scolaire n’ont jamais été scolarisés dans le Sud, suivant les chiffres officiels.

Cependant, le programme envisage par Martelly ne touchera pas tous ces enfants, du moins pas dans un premier temps, indique le directeur départemental de l’éducation nationale, Régil’homme Joseph.

Une séance de formation a eu lieu, fin août 2011 dans le Sud, à l’intention des inspecteurs et conseillers pédagogiques du niveau fondamental dans le cadre de ce programme spécial.

A leur tour, les inspecteurs et conseillers pédagogiques du niveau fondamental dans le Sud auront à former des maîtres spéciaux pour la scolarisation des enfants de 6 à 12 ans.

Les enfants, retenus pour le programme présidentiel, seront accueillis par les écoles nationales dans l’après-midi, précise le directeur départemental, du Menfp.

Dans le Sud, les lycées communaux fonctionnent dans l’après-midi au même local que les écoles nationales. Le manque d’espaces, pour accueillir tout ces écoliers, est à craindre. [js kft rc apr 08/09/2011 1:43]