Correspondance Ronel Audate
Hinche (Haïti), 31 août 2011 [AlterPresse] --- La surpopulation carcérale dans le département géographique du Plateau central (Nord-Est d’Haïti) soulève des inquiétudes alors que la délinquance juvénile semble prendre une intense propension, constate l’agence en ligne AlterPresse.
A l’heure actuelle, le principal centre carcéral du Plateau central compte 165 détenus dont 80%, sont des jeunes entre 20 et 28 ans. 15% ont entre 35 et 40 ans, et 5% entre 45 et 55 ans, selon Daniel Bastien, responsable du centre.
« Aujourd’hui, il n’y a plus de place, alors que d’autres prisonniers arrivent quotidiennement. Ce qui me préoccupe le plus, c’est que la majorité des détenus sont des jeunes entre 20 et 28 ans », explique l’inspecteur Daniel Bastien, qui juge les conditions de détention « inconcevables ».
Tout en lançant un appel aux autorités concernées, Bastien invite les familles à mieux encadrer leurs enfants.
Le nombre de personnes condamnées s’élève à 76, dont 2 femmes. 89 détenus, soit plus de la moitié, sont en détention préventive prolongée, parmi eux 5 femmes, précise Bastien.
Le principal centre carcéral du département n’a que quatre pièces exiguës pour accueillir ses 165 détenus.
Construite en 1935, sous la présidence de Sténio Vincent, la prison de Hinche (chef-lieu du département géographique du Plateau central) a été détruite en 2004 lors des violences accompagnant le départ de Jean-Bertrand Aristide du pouvoir.
Le projet de construction de la nouvelle prison civile de Hinche, lancé en 2006, n’est toujours pas achevé.
Apparition de jeunes terreurs
Parallèlement, la délinquance juvénile semble prendre une propension intense.
Vols, viols, drogue, prostitution, voies de fait, de jeunes terreurs instaurent progressivement leur loi à la tombée de la nuit.
Et, bien souvent, la soirée en boîtes de nuit se clôture par une guerre de pierres et de bouteilles entre jeunes de moins de 20 ans.
Limaille François, un membre de l’Initiative citoyenne de Hinche, évoque la faiblesse des autorités judiciaires et de la police nationale qui n’arrivent pas à jouer leur partition.
Leur laisser-aller encouragerait le phénomène de la délinquance, selon lui.
Pour Cénaré Philfrant, porte parole adjoint du mouvement paysan de Papaye (Mpp) et fervent défenseur des droits des enfants, la surpopulation carcérale est due aux faiblesses de trois institutions fondamentales : la famille, l’école et l’église.
Pour sa part, l’ingénieur Gary Sylvain, membre du conseil de direction de l’institut national pour le développement et la promotion de la couture(Indepco), croit que les parents sont les principaux à blâmer.
Toutefois, selon Yolande Jean Pierre, institutrice dans une école privée, les parents ne peuvent pas user de leur autorité quand ils sont pauvres.
« Un père de famille ou une mère, qui ne peut ni subvenir aux besoins de ses enfants ni leur permettre de manger à leur faim, ne pourra, en aucun cas, leur inculquer des valeurs morales, et ses ordres ne seront pas exécutés avec efficacité », souligne t-elle.
L’influence de l’alcool et de la drogue ne sont tout de même pas à négliger, d’après Richard Moléon , directeur de la ligue pour la défense et le respect des droits humains dans le Plateau central (Liderdhpc).
Les boîtes de nuit offrent un espace où tout passe, et, au bout du compte, cela débouche sur la violence, signale Moléon qui fustige également les parents. [ra kft rc apr 31/08/2011 11:32]