Note rectificative à propos de la version créole officielle de la constitution haitienne de 1987
Par Adeline Magloire Chancy *
Document soumis à AlterPresse le 17 aout 2011
Le jeudi 21 juillet 2011, j’ai effectué la démarche qui est à la portée de tout citoyen ou citoyenne qui s’en donne la peine, en allant consulter la version originale de la Constitution de 1987 à la Bibliothèque nationale. J’y ai trouvé la version créole dans le journal officiel Le Moniteur du 28 avril 1987, no 36-A, figurant en bonne et due place immédiatement après le no 36 de la même date contenant la version française. J’avais en mains les pages jaunies d’une collection des éditions du Moniteur de l’année 1987.
Les deux versions ont été signées par les Constituants le 10 mars 1987, et l’ordre de publication a été donné par le gouvernement d’alors le 21 avril 1987. Il y est précisé que la publication s’est faite après la consultation populaire du 29 mars 1987.
Au cours des années précédentes, spécialement à l’époque où j’ai occupé la fonction publique de Secrétaire d’État à l’alphabétisation, j’ai moi-même déclaré qu’aucune version créole officielle de la Constitution n’avait été retenue. Je tiens à publier cette note en vue de rectifier personnellement une affirmation contraire à la vérité [1].
Dans le contexte des amendements à la Constitution, Monsieur Georges Michel, ex- constituant, avait donc toutes les raisons d’insister pour rappeler qu’une version créole de la Constitution avait été adoptée et promulguée. Mon attention a été également attirée par un ouvrage collectif récent sur L’aménagement linguistique en Haiti, édité d’abord par le CIDHICA et plus tard par les Éditions de l’Université d’État d’Haiti en juin 2011. Dans la seconde édition, le principal auteur, Monsieur Robert Berrouet-Oriol, reproduit in extenso la version créole de la Constitution, accompagnée d’une note rectificative par rapport à ses affirmations dans la première édition. C’est ce qui m’a incitée à vérifier personnellement mes sources aux Presses Nationales et à la Bibliothèque Nationale. La consultation en est aisée à la Bibliothèque Nationale.
En 2004, dans un article intitulé Plaidoyer pour une Politique linguistique nationale, publié par la revue RENCONTRE, je soutenais l’idée « qu’en tout premier lieu, les Lois du pays doivent être écrites en créole ». La Constitution haïtienne de 1987 a été promulguée dans le journal officiel Le Moniteur, dans ses versions française et créole, offrant du même coup la meilleure illustration de l’application de l’article 5 de la Constitution :
Sèl lang ki simante tout Ayisyen nèt ansanm, se kreyòl la. Kreyòl ak Franse se Lang Ofisyèl Repiblik Ayiti
* Ex- Secrétaire d’État à l’Alphabétisation
Ex- Ministre à la Condition Féminine et aux Droits des Femmes
Membre du Comité d’Appui du Colloque sur l’Académie Haitienne du Créole
Pétion Ville, le 26 juillet 2011
[1] Chancy, Adeline Magloire, Plaidoyer pour une politique linguistique nationale, RENCONTRE (Revue du CRESFED), no 19, Août 2004.