P-au-P., 13 août 2011 [AlterPresse] --- Le parquet du tribunal civil de la capitale Port-au-Prince a entamé, cette semaine, une audience préliminaire dans l’objectif de recueillir des informations quant une présomption de trafic d’influence au ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict) au profit de 22 députés de l’ancienne législature, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Dans les prochains jours, probablement durant la deuxième quinzaine d’août 2011, doit se tenir une rencontre, dans les locaux du ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales, en guise de suivi à ce dossier.
Le titulaire sortant du Mict, Paul Antoine Bien-Aîmé, a été entendu, le mercredi 10 août, par le commissaire du gouvernement, Sonel Jean-François, suite à un rapport publié par le réseau national de défense des droits humains (Rnddh), dans lequel transpirent des soupçons d’implication du ministre dans des tâches (fictives ?) de consultants, accordées à 22 anciens parlementaires (de la 48 e législature)..
Pendant plusieurs mois et dans un contexte de campagne électorale pour les consultations de novembre 2010 et de mars 2011, chacun de ces anciens parlementaires émargeait au budget du Mict à raison de 100 mille gourdes le mois (US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes)
« C’est une rencontre préliminaire… », fait savoir le commissaire du gouvernement Jean-François, suite à sa rencontre avec le ministre Bien Aimé.
Contrairement à ce que disent des gens, le parquet détient l’autorité pour classer une affaire sans suite ou transférer le dossier à un cabinet d’instruction, signale Jean-François.
“Cette rencontre m’a permis de faire valoir mes droits”, précise Bien-Aimé, qui dit déplorer la décision du parquet d’inviter un ministre en son bureau.
« Les ministres sont justiciables uniquement par devant la Haute Cour de Justice », rappelle le ministre démissionnaire de l’intérieur et des collectivités territoriales.
Présents au parquet en signe de solidarité avec le ministre Bien-Aimé, des députés, indexés par le rapport du Rnddh, s’en prennent au commissaire du gouvernement qui, accusent-ils, exécuterait des ordres pour un secteur déterminé.
« Je suis venu pour supporter le ministre Paul Antoine Bien-Aimé. Dans ce pays, tout le monde connaît tout le monde et ce que tout le monde fait dans sa vie », indique, vexé, Sorel Jacinthe, l’actuel président de la chambre des députés.
Jacinthe est aussi cité, dans le rapport de l’organisme de défense des droits humains, parmi les députés de la 48e législature qui auraient tiré profit d’un trafic d’influence, voire de corruption, au ministère des collectivités territoriales.
Le premier ministre démissionnaire, Joseph Jean Max Bellerive, a également accompagné son ministre de l’intérieur au Parquet.
Au cours de la séance du mardi 2 août 2011 (au sénat de la république), laquelle séance allait aboutir au rejet du choix de Bernard Honorat Gousse comme premier ministre choisi par le président Michel Joseph Martelly, le sénateur Youri Latortue a fait mention de 60 cas d’anciens parlementaires ayant émargé dans différents ministères (à titre de “consultants”) au terme de leur mandat entre le deuxième semestre de 2010 et le premier semestre de 2011.
L’unité de lutte contre la corruption (Ulcc) a, d’ailleurs, annoncé l’ouverture d’une investigation sur cette affaire. [sfd rc apr 13/08/2011 1:00 ]