P-au-P, 12 août 2011 [AlterPresse] --- La police nationale d’Haïti (Pnh) est en train d’envisager une stratégie pour ramener la tranquillité dans l’aire du Champ de Mars, principale place publique de la capitale (à proximité des ruines du palais présidentiel), transformée en lieu de refuge pour plusieurs familles depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
« Il y a beaucoup de plans à l’étude pour résoudre le problème du Champ de Mars et celui des tentes », déclare à AlterPresse le commissaire Frantz Lerebours, porte parole de la Pnh, qui, évidemment, n’a pas dévoilé de détails.
De janvier à août 2011, plusieurs personnes, dont un journaliste et environ 4 étudiants de la faculté d’ethnologie de l’université d’État d’Haïti (Ueh), ont été attaquées dans la zone.
L’ultime agression armée, il y a plus d’une semaine, contre un étudiant de cette entité de l’Ueh, a poussé les camarades de cet apprenant en ethnologie à dresser des barricades pour attirer l’attention des autorités nationales sur la nécessité d’adopter des dispositions sécuritaires appropriées.
L’Etat se doit de rétablir un climat serein au Champ de Mars, tout en prenant des mesures pour délocaliser, vers des endroits convenables et abris décents, l’ensemble des familles sinistrées du tremblement de terre, qui élisent domicile au Champ de Mars depuis environ 19 mois, soulignent les manifestants, étudiants de la faculté d’ethnologie.
Dans les prises de parole pour expliquer le sens de leur mouvement de revendications, entamé début août 2011, les étudiants en ethnologie mettent en garde contre toute velléité d’expulsions forcées des familles réfugiées dans l’aire du Champ de Mars.
Pourtant, des familles sinistrées, interrogées par la presse, accusent des policiers nationaux d’être de mèche avec les bandits, qui retrouveraient leur liberté quelque temps après avoir été appréhendés sous dénonciation des personnes victimes, encore abritées dans des tentes au Champ de Mars.
Des viols, vols et autres cas de braquage sont sans cesse perpétrés dans l’aire de ce grand camp de personnes réfugiées, depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Beaucoup de familles sinistrées, qui avaient apporté leur concours en signalant les profils de divers bandits, doutent de la capacité de la Pnh à traquer les malfrats qui pourraient venir exercer des représailles à leur encontre, craignent ces familles réfugiées sous des tentes au Champ de Mars.
Le commissaire Lerebours s’inscrit en faux contre ces assertions et accusations contre la police nationale qui n’a aucun droit de relaxer les personnes appréhendées.
“S il y a des personnes arrêtées, qui ont été relâchées, ce sont des décisions exclusives de la justice”, tient à préciser le porte-parole de la Pnh.
Le Champ de Mars, qui est le principal espace ouvert de la capitale haïtienne, abrite, depuis le séisme de janvier 2010, de nombreuses familles, déplacées en raison de l’effondrement des maisons où elles vivaient dans divers quartiers de Port-au-Prince.
De janvier 2010 à août 2011, l’aire du Champ de Mars est régulièrement empruntée non seulement par les officiels haïtiens et étrangers, qui se rendent dans des bureaux administratifs préfabriqués sur la cour du palais présidentiel.
Ce taux de fréquentation, y compris d’habitants de la capitale qui voudraient se récréer ou participer à des activités culturelles (lesquelles sont organisées de temps à autre), devrait induire une présence policière plus remarquable dans l’aire du Champ de Mars. Ce qui est loin d’être constaté, argumentent des observateurs.
En ce qui concerne les cas d’actes de banditisme, enregistrés dans la zone métropolitaine ces dernières semaines, le porte-parole de la Pnh invite à ne pas parler d’insécurité ni à tenter de les généraliser.
Cette tendance à généraliser (les cas recensés) est vue par la Pnh comme une manifestation du « souci (de la soif) de sécurité » de la population, lequel serait lié à bien d’autres formes d’insécurité.
« La sécurité, que la police devrait assurer ou assure, ne pourra pas remplacer les autres formes d’insécurité dans leurs têtes et dans leurs ventres, leur inconfort dans le quotidien », affirme Lerebours, qui évoque des cas isolés en référence aux actes mentionnés dans la presse.
Pour lui, « on n’a pas à se plaindre » des résultats actuels de la police nationale, compte tenu des moyens et outils dont l’institution dispose. [rh rc apr 12/08/2011 17:10]