P-au-P, 12 août 2011 [AlterPresse] Aucun signe apparent d’efforts de concertation n’est perceptible quant à la mise en place d’un gouvernement formel d’ici une quinzaine de jours en Haïti (aux environs du 24 août 2011), relève l’agence en ligne AlterPresse..
Au cas où ce pronostic se confirme, le nouveau président Michel Joseph Martelly atteindrait ses 100 premiers jours de chef d’Etat sans être parvenu à négocier avec le parlement sur le choix d’un nouveau chef de gouvernement.
L’impression d’improvisation semble caractériser, à date, les démarches de la nouvelle présidence qui, le mardi 2 août, a essuyé son deuxième échec avec le vote défavorable de 16 sénateurs (sur 30 que compte la chambre haute) de son deuxième candidat, Bernard Honorat Gousse, au poste de premier ministre. Le 21 juin, Daniel Gérad Rouzier avait été rejeté par la chambre des députés.
En cette deuxième semaine d’août 2011, la présidence n’a encore effectué aucune consultation avec les deux branches du parlement sur la désignation d’une troisième personnalité pour devenir premier ministre, la présidence préférant miser sur des déplacements à l’étranger pour faire passer “sa vision” ignorée de l’opinion publique nationale.
Martelly, qui se rend en Amérique du Sud entre le 10 et le 14 août 2011, déclare attendre des résultats d’une commission présidentielle qui se penche sur la désignation d’un nouveau premier ministre (le troisième candidat après Rouzier et Gousse).
Tout en affirmant vouloir travailler avec le parlement, il n’écarte aucune option, dont celle de diriger par décrets, dans des propos tenus à une journaliste de Radio Canada.
“C’est la Constitution [du 29 mars 1987] qui nous empêche d’avancer”, argumente Martelly, qui avait pourtant juré (le 14 mai 2011) de respecter les prescrits de la loi-mère qu’il pointe du doigt aujourd’hui, comme l’avait fait son prédécesseur René Garcia Préval.
Dans l’intervalle, à l’issue d’une rencontre avec Martelly dans un hôtel de la capitale il y a plusieurs jours, des députés ont entamé des tractations dans l’objectif de créer à la chambre basse une majorité fonctionnelle, favorable à Martelly.
Pendant que le nom du nouveau bloc en gestation n’est pas encore rendu public, des dissidences sont enregistrées parmi les députés membres du groupe des parlementaires pour le renouveau (Gpt, constitué en majorité d’élus de la plateforme “Inite” / Unité).
En guise de réponse aux parlementaires qui prônent l’effritement du Gpr, le député Jean Tholbert Alexis (président du Gpr) prédit la continuité de son regroupement pour longtemps encore, tout en reconnaissant à chaque député le droit d’intégrer n’importe quel bloc à la chambre basse.
Dans un contexte de dysfonctionnement et de paralysie de l’appareil étatique, le flou persiste sur l’orientation globale des affaires publiques en Haïti, quelques semaines avant la réouverture officielle des classes (officiellement prévue pour le lundi 5 septembre 2011) et à l’approche de la fin de l’exercice fiscal 2010-2011 sans aucune planification véritable du budget national pour le prochain exercice.
Rien ne paraît suivre de cours régulier. Le plus inattendu reste possible à tout moment, dans une atmosphère de désordre et d’absence de direction (y compris de leadership) dans presque l’ensemble des activités d’intérêt public (en Haïti) qui nécessiteraient de l’ordre et des orientations stratégiques claires.
Seulement, dans un contexte de morosité économique et d’investissements à consentir par les parents pour la nouvelle rentrée scolaire académique de septembre, la direction générale des impôts (Dgi) vient de presser les chauffeurs de véhicules (privés et publics) d’acquérir, au plus tard le 19 août 2011, les vignettes d’immatriculation 2010 sous peine de sanctions par les agents du service de circulation. Ces vignettes n’étaient pas disponibles au début de l’exercice fiscal 2010-2011.
Parallèlement, plusieurs quartiers dans la zone métropolitaine de la capitale font face à un rationnement sévère du courant électrique public depuis plusieurs jours…, tandis que les délocalisations forcées de personnes sinistrées dans le tremblement de terre du 12 janvier 2010 continuent.
Seule action visible, ces derniers jours, des opérations de colmatage de rues défoncées sont entreprises dans certains quartiers ces dernières semaines.
A quand un plan de gestion véritable des affaires nationales par les tenants des différents pouvoirs, dont l’Exécutif et le Parlement ?
La résilience des citoyennes et citoyens semble avoir fait fi des dirigeants politiques, pour adopter des comportements de survie et d’autodéfense devant la faiblesse des structures étatiques appelées, tout de même, à doter la population nationale en services publics adéquats. [rc apr 12/08/2011 0:00]