P-au-P, 05 août 2011 [AlterPresse] --- Le professeur, universitaire, écrivain et militant des droits humains, Jean-Claude Bajeux, responsable du centre œcuménique des droits humains (Cedh), est décédé, à l’âge de 79 ans (17 septembre 1931 à Port-au-Prince - 5 août 2011 à Pétionville), ce vendredi 5 août 2011, vers 14:00 locales (19:00 gmt), dans sa résidence privée à Péguyville, à l’est de la capitale, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
C’est avec « beaucoup d’émotion » que la plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) - à laquelle le défunt a beaucoup contribué -, déclare accueillir la nouvelle de la mort de Bajeux.
« Nous allons continuer la bataille, dans laquelle Jean-Claude Bajeux s’était engagé », précise, consterné, Antonal Mortimé, coordonnateur de la Pohdh, interrogé par AlterPresse sur cette disparition.
Jean-Claude Bajeux a beaucoup souffert, dans sa chair, l’assassinat de plusieurs membres de sa famille au début de la dictature des Duvalier dans les années 1960.
Il sera contraint à l’exil en 1964, parce qu’il a tenté d’organiser un mouvement de protestation, au sein de l’église catholique romaine en Haïti, contre l’expulsion (des congrégations) des prêtres spiritains et des prêtres jésuites (comme les prêtres Antoine Adrien, William Smarth, Max Dominique, etc).
Il sera l’un des principaux combattants contre la dictature duvaliériste.
De retour en Haïti après le 7 février 1986, après 23 ans d’exil, pendant lequel il a enseigné à Porto Rico, tout en apportant sa pierre dans plusieurs actions de droits humains (comme la défense des droits des braceros / travailleurs haïtiens en République Dominicaine), Bajeux installera dans le pays les bureaux du Cedh, organisme qui allait œuvrer en faveur de la promotion et de la défense de droits humains.
Il est au nombre de celles et ceux qui ont milité en faveur de l’établissement de la Constitution haïtienne du 29 mars 1987.
Bajeux et sa famille laisseront le pays en 1993, après l’attaque de leur résidence par des membres du groupe paramilitaire dénommé “front pour l’avancement et le progrès d’Haïti” (Fraph). Ils reviendront au pays en 1994, après le rétablissement de l’administration de Jean-Bertrand Aristide.
Il sera ministre de la culture et de la communication (1994 – 1995) sous le gouvernement du premier ministre Smarck Michel.
Il a été l’une des chevilles ouvrières du forum citoyen pour la réforme de la justice, dont les différents plaidoyers ont, sans cesse, formulé de nombreuses propositions pour une transformation en profondeur du système judiciaire en Haïti.
Bajeux a été fortement choqué du retour en Haïti, le 16 janvier 2011 dans l’impunité, de l’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier.
« C’est un monument qui s’est éteint… Il avait beaucoup d’idées et était très sympathique en faveur des droits humains », estime Jocelyne Colas, secrétaire exécutive de la commission nationale Justice et Paix (Jilap) de l’église catholique romaine dans le pays, également membre de la Pohdh.
En plusieurs occasions, le professeur défunt a apporté sa contribution à AlterPresse dans des textes d’éclairage sur les réalités nationales.
L’agence en ligne AlterPresse s’incline devant la dépouille de Jean-Claude Bajeux et prie son épouse Sylvie, ses parents et amis, d’agréer l’expression de ses sympathies. [rh rc apr 05/08/2011 18:00]