Correspondance- Ronel Odatte
Hinche, 28 juil. 2011 [AlterPresse] --- Le dysfonctionnement de l’appareil judiciaire dans le Plateau Central provoque des remous dans l’opinion, alors que policiers, juges et commissaire du gouvernement se rejettent mutuellement la faute.
Plus de 15 morts, dont un policier, ont été enregistrés entre janvier et juillet 2011 en lien avec l’insécurité dans la région. La détention préventive prolongée, le laxisme de certains juges, la corruption et le mode de fonctionnement de la police locale soulèvent des inquiétudes.
Pour Noé Massillon Pierre Louis, commissaire du gouvernement, cette situation est imputable à l’attitude de certains juges de paix qui se croient maitres du système judiciaire dans la région.
« Ils n’ont transmis aucun rapport au Parquet de Hinche pour les suites légales. Pour l’heure on ne sait pas ce qui se passe dans nos juridictions, pourtant il y a des dossiers qui ont été traités », affirme t-il, citant des personnalités qui se font « à la fois juges et commissaires ».
« Ils emprisonnent, condamnent, et libèrent sans tenir compte de leurs compétences en la matière. Il est temps que cela cesse », ajoute t-il.
Noé Massillon Pierre Louis dénonce également certains policiers qui, selon lui, refusent de procéder à des arrestations sans l’autorisation de leur supérieur hiérarchique, même en cas de flagrant délit.
Cependant, le commissaire divisionnaire de la police dans le Centre, Ernst Dumont, dément ces allégations. Dumont confirme en revanche avoir demandé à ses agents de ne pas exécuter des mandats en week-end.
« L’on ne devrait pas s’amuser à placer des gens en garde à vue juste pour faire plaisir à quelqu’un. Parfois il y a des policiers qui reçoivent des pots de vin pour faire des arrestations en weekend - sans tenir compte de l’illégalité de leur action. En tant que responsable, il est de mon devoir de respecter et de faire respecter la loi », avance t-il.
Parallèlement, le nouveau doyen du Tribunal civil de Hinche, Vernet Simon, a critiqué cette institution en ce qui a trait à la détention préventive prolongée. Le magistrat a cité le cas de plusieurs personnes écrouées au centre carcéral de Hinche et qui n’ont jamais eu la chance d’être entendues par un juge.
« C’est une violation grave des droits de la personne humaine », indique t-il, promettant d’apporter une réponse à cette situation.
En attendant, à Hinche, Maïssade, et Thomassique, des jeunes de moins de 25 ans disent chercher à se doter de "moyens" de se "défendre". [ro kft gp apr 28/07/2011 13 :35]