Communiqué du GRALIP
Soumis à AlterPresse le 7 février 2004
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP)
condamne vigoureusement l’attitude de plus en plus arrogante et méprisante
du président du 26 novembre, Jean Bertrand Aristide vis-à -vis des
journalistes indépendants haïtiens, qu’il ose traiter de menteurs et vendus
soudoyés par l’opposition.
Le GRALIP estime que dans sa campagne d’invectives et de terrorisme
intellectuel contre la presse nationale, monsieur Aristide a déshonoré
l’ensemble de la corporation, en qualifiant de vulgaire menteur, devant des
caméras de télévision, un jeune confrère de Radio Vision 2000, Alex Régis,
qui l’interrogeait, le mercredi 5 février 2004, au Palais National, sur le
mécontentement social grandissant contre son régime.
Devant cet affront sans précédent, le Gralip salue la décision de
l’Association Nationale des Médias Haïtiens (ANMH) de boycotter jusqu’à
nouvel ordre toutes les activités de la Présidence.
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse souhaite en
outre que les vrais professionnels de l’information engagent, sans délai des
consultatations, en vue d’articuler une position commune et cohérente face
au régime d’Aristide qui, par son intolérance maladive, sa politique
d’incitation à la désinstitutionalisation, à la haine, à la délinquance
généralisée et à la violence sélective, est en train de mettre en péril la
liberté de la presse, l’un des instruments fondamentaux de la démocratie.
le Gralip relève qu’à quelques heures d’intervalle, le président lavalas
s’est exprimé sur deux tons différents, en répondant aux mêmes questions
posées par un journaliste de la chaine américaine CNN et le jeune
journaliste haïtien. Ce qui confirme, si besoin est, la double personnalité,
la xénophilie et le degré d’aliénation mentale d’un Aristide, par ailleurs,
artisan infatigable d’une pseudo-lutte des classes et de la pensée unique,
en pratiquant une politique de concentration des médias, de vassalisation,
jusqu’à l’indécence, de l’audiovisuel public ainsi que l’utilisation
malsaine de l’argent des contribuables à des fins de propagande grotesque.
Discourtois, brutal et menaçant avec le reporter haïtien, Aristide s’est
montré respectueux et même soumis devant Anderson Cooper de CNN, qui l’a
constamment bousculé et court-circuité, sans lui donner le moindre répit.
Autre interlocuteur, autre public, autre comportement. L’ancien prêtre
illuminé et anti-impérialiste de St Jean Bosco ne saurait rendre un meilleur
hommage aux pères fondateurs d’Haïti, en cette année du bicentenaire de
l’indépendance.
Le Gralip prévient Monsieur Jean Bertrand Aristide qu’il portera l’entière
responsabilité de tout acte attentatoire à la vie de tous les journalistes
indépendants, particulièrement Alex Régis, ainsi que quatre autres confrères
et consoeurs, menacés d’être assassinés par des hommes de main du pouvoir
avant ou après le 7 février 2004 (Rotschild Francois Junior, Radio
Métropole, Euvrard Saint-Armand, Radio Caraibes, Marie-Lucie Bonhomme, Radio
Vision 2000, et Liliane Pierre-Paul,Radio Kiskeya).
La fameuse campagne contre le mensonge annoncée en fanfare depuis le début
de l’année par les ténors lavalas a sûrement pris sa vitesse de croisière,
mais n’a pas nécessairement atteint son point culminant.
L’ensemble de la presse indépendante doit redoubler de vigilance et de
solidarité, car lavalas nous attend au tournant.
Janvier et début février 2004 ont été marqués par des dizaines de cas, dont
certains extrêmement graves, de violations de la liberté de la presse.
Au plus fort de cette guérilla des ondes, on retrouve dans le dispositif
offensif et répressif du pouvoir, des médias privés pro-gouvernementaux et
la Télévision Nationale d’Haiti, devenue un véritable tribunal pénal où l’on
fait quotidiennement le procès de la presse indépendante, agrémenté de
considérations méchantes ou fausses informations sur des journalistes
synonymes de peine de mort.
Le Gralip estime qu’il n’est pas superflu de rappeler que le président
lavalas, qui a pu sortir de l’anonymat, entre la fin des années 70 et les
années 80, grâce à la combativité de journalistes indépendants
d’avant-garde, n’a jamais approuvé l’adoption de deux documents de
référence, extrêmement importants pour l’exercice de la liberté de la presse
(la constitution d’Haiti contre laquelle il menait campagne, lors du
référendum du 29 mars 1987, et la déclaration de Chapultepec, qu’il refuse
jusqu’ici de signer).
Le Gralip condamne un autre acte discriminatoire commis par des agents de la
PNH, contre des journalistes haïtiens, le jour même des déclarations
grossières de Monsieur Aristide. Hasard ou suite logique du discours
politique, les policiers ont empêché l’accès à des membres de la presse
nationale des locaux de la faculté des sciences humaines, alors que les
confrères étrangers pouvaient circuler librement.
le Gralip dénote également les propos insultants de l’ambassadeur canadien,
Kenneth Cook, comparant des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions
a des chimères. Certes, le diplomate s’est excusé par la suite, arguant
qu’il avait été bousculé par une meute de journalistes, qui cherchaient a
l’interviewer, le mercredi 4 février 2004 , à l’ambassade des Bahamas, à
Pétion-Ville. Mais, en aucun cas, des mots aussi malheureux n’auraient du
être prononcés par un diplomate.
Enfin, au lendemain de l’événement du mercredi 4 février, qui doit marquer
un changement radical dans l’histoire des relations entre le pouvoir
politique et la presse, le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté
de la Presse annonce le lancement d’une campagne systématique destinée à
restituer, au peuple haïtien, dans toutes ses composantes, la Télévision
Nationale, utilisée par le régime d’Aristide comme une arme de destruction
de la démocratie.
Port-au-Prince, 7 fevrier 2004
Vario Sérant, CoordonnateurPrincipal
Stéphane Pierre-Paul, Assistant Coordonnateur
Ronald Colbert, Administrateur