P-au-P, 15 juil. 2011 [AlterPresse] --- L’opération de déguerpissement d’environ 450 familles sinistrées du séisme du 12 janvier 2010, dites “réfugiées du stade Sylvio Cator”, a commencé, sans forte tension, dans l’après-midi du vendredi 15 juillet 2011, sur la façade nord-est du stade national de football, au centre de la capitale.
L’opération se déroule en présence de policiers nationaux et d’agents de l’unité départementale de maintien de l’ordre (Udmo) de la police nationale d’Haïti (Pnh) ainsi que de militaires et policiers de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), a constaté l’agence en ligne AlterPresse.
La mesure d’expulsion est activée en vue de favoriser l’achèvement des travaux urgents de réhabilitation du principal stade de football de la capitale.
Le 4 août 2011, une rencontre comptant pour la ligue des clubs champions de la confédération des pays centre-américains, caribéens et nord-américains de football (Concacaf) doit avoir lieu entre le club haïtien “Tempête de Saint-Marc” et un club homologue de la région, selon les instances dirigeantes du football haïtien. Ces derniers craignent des sanctions de la Fédération internationale de football association (Fifa).
Cet après-midi 15 juillet 2011, un véhicule circule sur l’aire de stationnement du stade de football, diffusant des messages de sensibilisation qui invitent les personnes à expulser à rester sereines, à suivre les consignes de la municipalité de la capitale, tout en évitant de céder à des éventuelles manœuvres d’intimidation de quiconque.
Sans, apparemment, savoir leurs prochains lieux de destination ou d’hébergement, suivant ce qu’elles font savoir aux journalistes, beaucoup de familles sinistrées du séisme ont commencé à rassembler leurs bagages et à défaire leurs tentes et/ou autres abris, dans l’après-midi du vendredi 15 juillet 2011.
Des agents de la mairie de Port-au-Prince, revêtus de maillots gris, accompagnent les personnes déplacées “du stade” en les aidant à défaire leurs abris, à transporter leurs effets jusque devant la barrière d’entrée principale du stade national “Sylvio Cator” de football.
Tous les responsables de familles, dont les noms étaient enregistrés sur des formulaires préalablement remplis par la municipalité de la capitale, recevront un chèque d’indemnisation de 10 mille gourdes (US $ 1.00 = 41.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui).
Une partie de ces familles déplacées “du stade Sylvio Cator” a commencé à percevoir cette indemnisation de 10 mille gourdes, au moment de quitter le périmètre du stade de football dans l’après-midi du vendredi 15 juillet 2011, a noté AlterPresse.
Consignes de déguerpissement
Dès 4:00 am locales (9:00 gmt), le 15 juillet, des exercices de simulation ont été faits avec des agents (préposés aux opérations de sauvetage et autres) de protection civile de la mairie en vue de prévenir tous actes éventuels de violence ou de sévices à l’encontre des personnes déplacées du stade, indique le président du conseil municipal de Port-au-Prince, Muscadin Jean Yves Jason.
Ce dernier a eu 2 séances de travail, jusque vers 9:00 pm la veille 14 juillet, avec le comité des sinistrés “du stade”.
En guise de réponse “immédiate” à une lettre, en date du 14 juillet 2011, d’Amnesty International demandant la cessation de l’expulsion collective et l’instauration d’un moratoire en attendant l’adoption de dispositions pertinentes, Jason soutient avoir suivi les normes et procédures internationales recommandées.
Depuis 6 mois (février 2011), la mairie a eu des consultations avec la population concernée au camp “Stade Sylvio Cator”.
Préavis de déplacement de cette population, informations sur l’expulsion envisagée et la réaffectation du terrain, identification des personnes à déplacer, pas d’opération de déguerpissement durant la nuit ou par mauvais temps, possibilité pour les personnes expulsées de produire des recours, etc : la municipalité de la capitale souligne avoir souscrit à tous ces principes dans le cadre de ce qu’elle appelle “une opération pour sauver les vies”.
Dans l’intervalle, les personnes à expulser “du stade Sylvio Cator” ne sont pas au courant du refus des occupantes et occupants de “Caroussel” (ancien hôtel Simbi, dans la périphérie sud de la capitale) de les accueillir dans cette même aire d’hébergement, située dans la municipalité de Port-au-Prince, en raison de l’absence de concertation avec les dirigeants de la mairie et par crainte d’éventuels actes répréhensibles en cas d’intégration de ces nouvelles personnes déplacées.
Dans un contexte de renouvellement des intempéries et du mauvais temps, des interrogations fusent sur les possibilités de relocalisation des personnes “expulsées” du stade national Sylvio Cator de football, par un processus de respect de leurs droits à un logement décent : dans les quartiers où elles résidaient avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010 (par un processus de retour volontaire et dans quelles conditions), dans d’autres espaces (différents du “Caroussel”) préalablement définis et convenablement aménagés par la municipalité de la capitale. [rc gp apr 15/07/2011 17:30]