Correspondance – Pierre Paul Ancion
Jacmel, 13 juil. 2011 [AlterPresse] --- L’expropriation des personnes ayant
construit leurs habitats dans le lit de la rivière des Orangers soulève des
mécontentements et les accusations se multiplient, selon les informations recueillies par AlterPresse.
L’opération, menée au cours du mois de juin écoulé, entre dans le cadre du
projet de drainage de la rivière des Orangers, financé par l’Agence Française de
Développement (AFD) pour environ 12 millions d’euros.
Lors de la première phase de ce projet, 140 habitats ont été détruits.
« Nous leur avons donné une compensation (je refuse le terme de
Dédommagement) de sorte qu’ils puissent aller se loger ailleurs », affirme le ministre de l’environnement, Jean Marie Claude Germain.
La rivière des Orangers traverse la ville de Jacmel du Nord-Est au Sud-Ouest, et
Constitue, à côté de la Grande Rivière de Jacmel et la Rivière Gosseline, une
menace meurtrière en période pluvieuse.
Pour le ministre Germain, déplacer ces habitants s’imposait absolument.
« Il s’agit d’un type d’action impopulaire que parfois on est forcé de prendre
pour la protection des vies et des biens, par rapport à des actions criminelles
comme le fait de construire sa maison dans le lit d’une rivière », souligne
t-il, évoquant des « carrés de buildings de 2 étages, 3 étages » passés au
Bulldozer.
Cependant le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Sud-Est, Amil
Roland Zenny Junior se montre très mécontent de la façon dont s’est réalisée
l’opération. Selon lui, le ministère de l’environnement, principal gérant du
projet, a décidé de réévaluer à la baisse les maisons concernées en tenant
compte des dégâts causés par le séisme de l’an dernier.
« Le ministère de l’environnement réduit de 50% la somme fixée par la commission
d’expropriation en septembre 2009. Et il ordonne la destruction des maisons sans
dédommager certaines familles concernées et sans les aviser ni leur donner de
délai », accuse Amil Roland Zenny.
Selon le rapport d’évaluation de la commission d’expropriation du ministère des
travaux publics daté de septembre 2009, 51 millions de gourdes devaient être
mobilisées par l’Etat haïtien pour exproprier les cent quarante familles
concernées par cette mesure.
Selon Zenny le gouvernement a donné la garantie que toute la somme
était disponible, mais au moment de donner l’argent, le ministère de
l’environnement a déclaré le contraire, et versé à certaines familles une somme
inférieure à celle promise en 2009.
L’agronome Arsène Bastien, directeur départemental de l’environnement, est la
principale personne accusée dans l’affaire par la population.
En réaction, Bastien parle, dans la presse locale, d’incompréhension des
personnes touchées par cette mesure d’expropriation. Il ajoute également qu’il
s’agit d’une campagne de diffamation et de dénigrement entamée contre lui, et
supportée par des politiques. Il promet de ne pas se laisser vaincre.
Natif de Jacmel, l’agronome se présente comme un bon jacmélien qui ne
travaillerait jamais au détriment de sa ville.
En attendant, le ministère de l’environnement poursuit les travaux de drainage
de la rivière des Orangers. Un projet similaire sera mis en œuvre dans la région
des Cayes, ville également menacée par ses cours d’eaux, annonce le ministre
Jean Marie Claude Germain. [ppa kft gp apr 13/07/2011 08:20]