P-au-P., 5 févr. 04 [AlterPresse] --- Le Front de Résistance contre le régime du président Jean Bertrand Aristide a annoncé avoir pris le contrôle de la ville des Gonaives (centre-ouest), après des affrontements avec la police qui se sont soldés par 4 morts, 20 blessés et plusieurs maisons incendiées, selon un bilan communiqué à la presse par les responsables du Front.
Le commissariat de la ville, abandonné par les policiers après quelques heures de résistance, a été pris et incendié par les membres du Front de Résistance, anciens partisans farouches du régime en place. D’autres édifices, dont la résidence du maire Topa Moise, ont été incendiés.
Une centaine de prisonniers a profité de cette situation pour s’enfuir. Aucune autorité locale n’a été vue aux Gonaives, où des tirs isolés étaient encore entendus en fin de soirée, selon des témoignages obtenus au téléphone par AlterPresse.
Le porte-parole du Front, Winter Etienne, qui s’était proclamé, le 28 janvier, maire de la ville, a fait savoir que les morts enregistrés sont des civils qui passaient près du commissariat au moment des incidents. Il a déclaré Gonaives « ville libérée ».
Les membres du Front ont annoncé une vaste lutte pour « libérer » les autres villes du département de l’Artibonite. Ils ont assuré que la sécurité sera établie afin de favoriser la reprise des activités commerciales.
Des milliers de personnes ont gagné les rues en début de soirée pour manifester leur joie et réiterer leur demande de démission du président Aristide, ont rapporté des correspondants.
Aucune réaction officielle n’a encore été enregistrée à propos des graves incidents qui se sont produits aux Gonaives, ville centrale, donnant accès routier à 3 autres départements du pays, le nord-ouest, le nord et le nord-est.
La violence s’était accrue ces derniers jours aux Gonaives où le spectacle hideux de corps en décomposition étalés sur la chaussée et dévorés allègrement par des porcs ou des chiens.
Au moins quatre situations de ce genre ont été constatées par des correspondants de presse depuis le 30 janvier dernier, alimentant des spéculations dans une ville
écartelée, avec deux foyers de tension majeurs, les quartiers de Raboteau et de Descahos.
Raboteau est le fief des partisans de l’ancien chef de bande lavalas Amiot Métayer, qui se sont retournés contre Aristide, a qui ils ont attribué l’assassinat, en septembre dernier, de leur leader.
A Descahos, la police locale aurait armé une bande rivale, ayant pour chef Guy Poupoutre, pour combattre la « guérilla » de Raboteau, ont fait savoir les responsables du Front.
N’ayant eu aucun contrôle effectif sur la ville, la police n’affirmait plus sa présence que par des incursions sporadiques souvent meurtrières dans les zones sensibles.
Deux personnes ont été tuées et cinq autres blessées dans la nuit de 31 janvier au 1er février, lors d’une opération de police.
Les membres du Front de Résistance, continuaient malgré tout à défier les autorités en place. Leurs manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer la démission du chef
de l’Etat débordaient au fur et à mesure leur fief pour s’étendre à divers autres points de la ville.
Les violences enregistrées aux Gonaïves depuis le 23 septembre dernier se sont soldées jusqu’ici, selon des données établies, par plus d’une cinquantaine de morts et une centaine de blessés. [vs gp apr 05/02/2004 21:00]