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Haiti : Un « no man’s land » nommé Bas Coq Chante

Correspondance – Pierre-Paul Ancion

Jacmel, 07 juillet 2011 [AlterPresse] --- A Bas Coq Chante, section communale de Jacmel (Sud-Est), l’Etat haïtien est pratiquement absent, constate AlterPresse.

L’absence des autorités se ressent particulièrement à Tavette, une localité de la section. Hormis l’Ecole Nationale de Tavette, une institution anémiée et délabrée, et la présence d’un responsable du Conseil d’Administration de la Section Communale (CASEC), Elder St Cyr, les habitants sont livrés à eux-mêmes.

C’est auprès du directeur de l’Ecole Nationale, Ramnès Jean Louis, et du CASEC St Cyr que les habitants de Tavette se présentent en cas de conflit. St Cyr est à la fois juge, CASEC, policier, tandis que le directeur Jean Louis joue le rôle d’avocat, selon les informations recueillies.

L’économie de Bas Coq Chante se base essentiellement sur l’agriculture, et à en croire certains agriculteurs de Tavette, depuis trois ans les éleveurs perdent des bœufs. Ils n’arrivent pas encore à identifier le ou les voleurs, qui, selon eux, ne sont pas de la localité.

« Personne de cette communauté n’oserait nous voler, parce que nous sommes une grande famille. Nous nous connaissons depuis des générations, et c’est ce qui fait notre force, et notre sécurité », souligne Axone Caprice, le gardien de l’école nationale de Tavette.

Bas Coq Chante est spécialisé dans la culture de pois Congo, de banane et de maïs. La zone est peuplée de champs d’arbres véritables, dont les branches se plient sous le poids des fruits. Le mulet, l’âne, le cheval et le bœuf sont les mammifères les plus appréciés, le canard et la poule, les volailles les plus présentes dans les fermes.

L’économie de cette section se porterait merveilleusement bien s’il y avait des routes pouvant permettre aux paysans d’écouler leurs produits à Jacmel ou à la capitale, selon l’agriculteur Loné St Cyr.

Parfois, lors des saisons pluvieuses, les agriculteurs sont forcés de jeter des kilos de bananes en pourriture à leurs porcs, faute de pouvoir se rendre à Jacmel, parce que seuls les lits des rivières leur servent de routes, explique le CASEC. En temps pluvieux, ils restent cloués chez eux.

La colline de Bas Coq Chante est traversée par plusieurs cours d’eau, entre autres, la Grande rivière de Jacmel, et celle de Coteau. La zone compte une dizaine de milliers de personnes, dont la majorité sont des jeunes de vingt ans, selon Elder St Cyr. Bas Coq Chante a seulement quatre écoles, parmi elles, une seule possède une section secondaire, il s’agit de l’école St Thomas Beaulieu.

Cette localité n’a qu’un seul centre de traitement de choléra, comme installation sanitaire. En cas de besoin, la population se rend chez les sœurs d’une congrégation venue d’Afrique pour les soins primaires qui leur coûtent habituellement trois cent gourdes, selon Dieukibay un habitant de la zone.

La semaine écoulée, Tavette, huitième section de Bas Coq Chante a connu ses trois premiers décès dus au choléra.

« La malaria est la maladie la plus fréquente dans la section, mais à présent c’est du choléra dont nous avons le plus peur », avoue Dieukibay.

Le cholera continue de tuer un grand nombre de personnes dans les villes de province. Depuis son apparition dans le pays en octobre 2010, la maladie a causé plus de 5 mille 500 morts. [kft gp apr 07/07/2011 16:00]