Caracol, après Ouanaminthe, dans le département du Nord-Est, accueille des usines de sous-traitance à cause, sans doute, de son vaste terrain « fertile » mais peu exploité, et surtout de la confiance des investisseurs à en tirer le maximum de « profits ».
Pourtant, malgré la disponibilité de documents officiels et des travaux en cours sur le site choisi, la confusion règne encore autour de la zone « exacte » d’implantation des usines.
Enquête (2e papier sur 3)
Par Sylvestre Fils Dorcilus
P-au-P., 05 juil. 2011 [AlterPresse] --- Si des informations et des documents « officiels » précisent que le Parc Industriel du Nord (PIN) doit être construit à Caracol, des sources non concordantes laissent entendre que cette infrastructure industrielle sera implantée plutôt à Fort-Liberté, chef lieu du département, situé à 35 kilomètres de Cararol.
Le contrat d’accord, signé le 14 décembre 2010 entre les gouvernements haïtien et américain en partenariat avec la Banque Interaméricaine de Développement (BID) pour la mise en œuvre du Parc, fait clairement état de la ville de Caracol.
Mais contrairement à Caracol où des chantiers sont mis en oeuvre, rien, jusqu’ici, ne laisse présager que la capitale touristique du Nord-Est, Fort-Liberté, va bénéficier d’une telle structure dans les prochaines années, constate AlterPresse sur le terrain.
Des témoignages recueillis sur place notamment auprès des représentants du pouvoir central, d’élus locaux et de citoyens, ne confirment pas non plus les informations selon lesquelles Fort-Liberté va être dotée d’une telle mise en place.
« En réalité, le Parc industriel sera construit à Caracol. Malheureusement, le projet porte le nom de Parc Industriel du Nord et non du Nord-Est, alors que Caracol se trouve dans le Nord-Est. », indique Toussaint Mélius Raphael, maire adjoint de Fort-Liberté.
« Si Fort-Liberté va être doté d’un Parc industriel bientôt nous ne sommes pas encore informé au niveau de la Délégation du Nord’est. Je sais personnellement, qu’il y a un Parc industriel en construction à Caracol », indique Renord Joseph, délégué départemental du Nord-est.
L’idée d’une usine de sous-traitance à Fort Liberté, selon Jacques Dorvil Robert, un des membres de la société civile de Fort-Liberté, remonte à 2007. Les responsables de la Société Nationale des Parcs Industriels (SONAPI) avaient alors dépêché à Fort-Liberté, le jeudi 17 mai 2007, Harold Saint-Surin (agronome) pour localiser un terrain dans ce but.
« J’ai été parmi les personnes qui accompagnaient Harold Saint-Surin à l’époque », confie Jacques Dorvil Robert, précisant que Saint-Surin « avait proposé à son arrivée de trouver un espace à Madeline ou à Caracol en lieu et place de Fort-Liberté ».
Ancien directeur départemental de la Direction Général des Impôts (DGI) mais aussi citoyen avisé, Jacques Dorvil Robert, accablé par le poids de l’âge, n’a jamais cessé de défendre les principes « légaux ».
« La société civile et les élus, se référant au décret du 18 juillet 1974 (Moniteur 77 du 26 septembre 1974, art.1) selon lequel les Parcs industriels doivent se construire à proximité d’un Port et d’un Aéroport, ont rejeté la proposition d’Harold [Saint Surin] ».
Jacques Dorvil Robert poursuit : « Harold Saint-Surin, accompagné de cadres de la ville et des élus locaux et tenant compte des remarques faites par rapport à sa proposition, s’était dirigé vers Dérac, une localité de Fort-Liberté, où il a localisé un terrain avec l’approbation de la Mairie pour accueillir le Parc. Et depuis nous n’avons aucune nouvelle… »
L’ancien directeur départemental de la DGI s’est dit étonné d’apprendre que la ville de Caracol qui, rappelle-t-il, ne dispose pas d’infrastructures nécessaires, est en passe d’être dotée d’un Parc industriel.
« Je ne suis pas jaloux du sort de la ville voisine de Fort-Liberté, mais il faut respecter les normes », insiste Jacques Dorvil Robert.
« C’est Gregory S. Groth, conseiller économique et commercial de l’ambassade des Etats-Unis à l’époque qui, au terme d’une Assemblée générale des directeurs centraux et départementaux de la Direction générale des impôts (DGI), en 2007, a proposé à la population de faire venir une délégation de l’ambassade pour explorer Fort-Liberté en vue d’y installer un Parc industriel », se souvient Jacques Dorvil Robert.
Des résidents de Fort-Liberté, rencontrés dans différents endroits de la ville nient l’existence du projet de Parc industriel pour le chef lieu du département.
Jonas, qui vit depuis son jeune âge dans sa ville natale et qui n’a jamais entendu parler d’une telle initiative, ne manque pas de critiquer les autorités gouvernementales pour leur manque de transparence dans cette affaire.
« Je ne comprends pas comment des autorités peuvent à ce point ne pas assumer leurs responsabilités », s’insurge-t-il. [sfd kft gp apr 05/07/2011 15:00]
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Cette enquête est conduite avec l’appui de Haiti Support Group