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Haïti-Éducation : Un manque de consultation publique sur le FNE

P-au-P, 20 juin 2011[AlterPresse] --- Le secrétaire exécutif de la Plateforme des Organisations Haïtiennes de Défense des Droits Humains (Pohdh), Antonal Mortimé, déplore le fait que le secteur des droits humains et d’autres partenaires n’ont pas été impliqués dans le cadre de l’établissement, du Fonds National pour l’Éducation (FNE).

Le président haïtien, Michel Martelly, avait lancé solennellement le 26 mai dernier le FNE dans l’idée de favoriser l’accès à l’éducation au niveau fondamental à 1,9 millions d’enfants haïtiens non scolarisés, selon lui, dans tout le pays.

La décision de créer ce fonds si elle est saluée par certains partenaires comme l’UNESCO, soulève cependant des reproches et aussi des doutes.

« Nous n’avons pas été contactés. », déplore Mortimé qui coordonne les activités de la POHDH, une plateforme de 8 organisations de défense de droits humains.

« Des secteurs (organisations), tels, la Papda (Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un développement alternatif), le Garr (Groupe d’Appui aux Rapatriés et aux Réfugiés) et les Syndicats d’enseignants, qui réfléchissent sur le dossier de l’Éducation depuis plus d’une vingtaine d’années, n’ont pas été abordés », ajoute t-il.

Ces organismes travaillent de concert avec la POHDH sur certains dossiers dont celui de l’Éducation, précise Antonal Mortimé.

Les propriétaires d’établissements scolaires privés n’ont pas non plus été officiellement contactés. Les écoles privées représentent 88 % de l’offre scolaire en Haïti.

Certains membres de la diaspora, principale concernée, se plaignent également de n’avoir pas été consultés, selon les medias.

Ces attitudes restent contraires « à l’instauration de l’État de droit » que prône le président de la République, regrette Mortimé, qui « souhaite qu’il (Martelly) tienne compte de cela dans les prochaines décisions qu’il aura à prendre ».

« L’idée est bonne », dit-il, même quand elle fait l’objet de confusion vue qu’elle n’est appuyée sur aucune base juridique. La réflexion se porte surtout sur la nature de ce fonds, est-il étatique ou « Martellien - appartenant à Martelly », s’interroge Mortimé.

Les mécanismes d’alimentation du Fonds National pour l’Education sont opérationnels depuis le 15 juin dernier. Tous les opérateurs de transferts d’argent ou d’aliments prélèvent un frais de 1,5 USD sur chaque client et pour chaque transaction, ce, pour tout transfert en provenance des États-Unis, du Canada et de certains pays des Antilles.

Certains haïtiens résidant aux Etats-Unis ont témoigné que leur carte d’appel de 22 minutes ne dure plus de 6 minutes, et ce pour la même somme.

Cet argent doit être remis à la BRH, et les frais sont baptisés « Frais d’utilisation de la plateforme de la BRH ».

Lors du lancement officiel du FNE le 26 mai le président avait dit en substance que c’est la Banque de la République d’Haïti (BRH) qui se chargera de la gestion de ce fonds. Une firme étrangère (Price Waterhouse Cooper) réalisera les audits.

Seulement, aucune décision juridique n’accompagne cette démarche du chef de l’État. Ce n’est pas une loi, ni un arrêté, ni un décret qui a conduit à la création du fonds. Il s’agit pourtant des trois principales manières de prendre les décisions juridiques en Haïti.

« Cette décision n’a pas de force juridique », s’inquiète Mortimé. Qu’adviendra t il après la présidence de Martelly si ce n’est pas une décision d’État, se questionne t-il.

Mais, pour Jean Frantz Théodat, fiscaliste et maire de la commune de Tabarre, « ce n’est en rien une taxe ». Le maire préfère qu’on parle de « prélèvement ou redevance » c’est-à-dire « le paiement d’un droit effectué par un citoyen ».

Le premier ministre désigné, Gérard Daniel Rouzier concède de son coté, que dans le domaine de levée de fonds « la transparence » est obligatoire.

Reconnaissant les faiblesses de clarté, Rouzier a promis, au cours de ce même entretien, que « son ministre de l’éducation éclaircira les questions les plus pointues une fois que son cabinet sera formé ».

En attendant, c’est le chef de l’Etat Michel Martelly, qui donne déjà un aperçu sur l’utilisation exacte prévue pour le Fonds National de l’Education. Récemment, lors de son bilan des 30 premiers jours, Martelly a affirmé qu’il vise la scolarisation gratuite dans les écoles publiques (un peu plus de 10% de l’offre scolaire), alors qu’il l’avait auparavant promis à tous les enfants haïtiens. [rh kft gp apr 20/06/2011 08:40]