Note de Presse de la POHDH
Document soumis à AlterPresse le 17 juin 2011
Haïti est devenue tristement célèbre à cause des actes d’insécurité, de corruption et de l’impunité qui, chaque jour d’avantage, font la une des journaux du pays comme de ceux de l’étranger. Il ne passe pas un jour sans qu’un cas d’insécurité (assassinats, kidnapping, menace de mort, viol, vol, etc.) ne soit recensé.
La liste est longue mais l’on ne peut pas passer sous silence l’assassinat d’un étudiant en sociologie de la Faculté d’Ethnologie, le mois dernier, au champ de mars, après avoir été dépouillé de ses documents et de son argent ;
La mort du Dr Ronald Joseph, assassiné en plein jour le 3 Aout 2010, jour de l’anniversaire de l’assassinat du prête catholique engagé Jean Pierre Louis, dit Ti Jan ;
Ensuite, le week-end du 12 juin 2011, près de Miragoane, chef-lieu du Département des Nippes, les habitants et les habitantes de la zone ont découvert les corps de huit (8) personnes (5 femmes et 3 hommes), apparemment assassinées à l’arme blanche, jetés dans les ordures. Les habitants de la rue 3, au Cap-Haitien ont également découvert, le matin du lundi 13 juin 2011, les corps d’une fille et d’un garçon. Ces corps ont été déposés dans une morgue de la ville après le constat du Juge de paix de la ville, Alexis Nivrose.
En plus, au moins 5 cas de kidnapping sont enregistrés chaque mois sans compter les cas où les victimes ne veulent pas porter plainte, selon un responsable de la Direction centrale de la Police judiciaire.
Enfin, sur ces actes déjà troublants vient s’ajouter le terrible assassinat du Président du conseil d’administration de la Banque nationale de crédit(BNC), l’économiste Guiteau Toussaint. Cet assassinat plonge le pays dans une grande consternation, car l’administration publique haïtienne vient de perdre l’un de ses joyaux dans le domaine bancaire.
Personne n’a le droit de violer l’enceinte d’un domicile privé sans autorisation légale ou celle du propriétaire selon les articles 36 et 43 de la constitution de 1987. Pourtant, les Haïtiennes et les Haïtiens, depuis quelque temps, ne se sentent pas en sécurité ni au sein de leurs maisons, ni sur leurs lieux de travail.
La question de l’insécurité est étroitement liée aux phénomènes de la corruption et de l’impunité occasionnant souvent des violations des Droits humains dans le pays. Car le droit a la vie est garanti par la constitution de 1987 dans son article 19 et par la Déclaration universelle des Droits de l’homme, en son article 3.
Devant cette situation inquiétante, la Plateforme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH) rappelle aux autorités étatiques du pays que :
l’Etat, par le biais de l’institution policière, a l’impérieuse obligation de garantir l’ordre public et la protection des vies et des biens des citoyens conformément aux prescrits de la loi mère dans son article 269-1 ;
Il est du ressort des autorités concernées de combattre l’impunité et de mettre sur pied un ensemble de procédés visant à décourager ces actes de violences ;
Il est de la responsabilité de la police et des autorités judiciaires de rechercher, juger et condamner les auteurs intellectuels et matériels de ces actions criminelles ;
L’insécurité, la corruption et l’impunité ne font pas bon ménage avec le respect des Droits de la personne. Ainsi, la POHDH condamne-t-elle, dans toute sa rigueur, ces actes crapuleux commis sur des citoyens et des citoyennes paisibles et utiles au pays et lance un appel solennel à l’Etat haïtien, lui demandant de prendre toutes les mesures nécessaires en vue d’’assurer la sécurité des citoyennes et des citoyens dans le pays.
Port-au-Prince, 17 juin 2011
Antonal MORTIME
Secrétaire Exécutif de la POHDH